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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 22:38

Il ya vingt ans, l’effondrement du bloc communiste

La nostalgie du communisme en Roumanie et en Allemagne

« C’était mieux avant. » C’est une réplique que l’on peut entendre aujourd’hui encore en Roumanie, vingt ans après la chute du communisme. Selon le Baromètre de l’opinion publique réalisé en 2007, 32 % des Roumains affirment que leur vie était meilleure à l’époque communiste. Le taux des nostalgiques de l’ancien régime était plus grand en 1999, puisqu’il se chiffrait à 39%. Selon la même étude, les nostalgiques du régime communiste sont des personnes plus âgées, plus pauvres et moins éduquées, mais aussi moins connectées aux moyens modernes d’information, c’est-à-dire à l’Internet. Ce qui est aussi inquiétant pour les sociologues, c’est la nostalgie des jeunes roumains, qui n’ont même pas vécu l’époque communiste. En effet, 30% des étudiants qui ont participé à une autre étude réalisée l’été dernier par l’Agence de Stratégies Gouvernementales déclaraient que leur niveau de vie était plus élevé avant 89 et que le système éducationnel était plus performant qu’aujourd’hui. De l’avis du sociologue Mirel Banica, la mémoire des jeunes sur le communisme appartient, en fait, à leurs parents, qui ont transmis leurs opinions aux enfants.

Hormis la position sociale ou les privilèges d’avant 1989, certains Roumains ont la nostalgie de leur propre jeunesse, qui a coïncidé avec l’époque communiste. C’est sur des blogs tels www.latrecut.ro que nombre de Roumains partagent des souvenirs, plus ou moins bons, de l’époque passée, à partir d’objets, de chansons et de films qui ont marqué leur jeunesse. Ce qui est aussi très intéressant c’est que le filon de la nostalgie communiste a été exploité de nos jours par les spécialistes du marketing et de la pub qui ont fait renaître plusieurs marques de boissons et de chocolat en vogue à l’époque communiste.

En Allemagne, la nostalgie du communisme s’appelle l’Ostalgie. 20 ans après la chute du mur de Berlin, les autorités de la capitale allemande multiplient leurs efforts pour restaurer le mur, symbole de la division de tout un peuple. Vu que de nombreuses sections furent démolies juste après 1989, il y a des initiatives de reconstruction.
EXTRAIT DE :
http://www.euranet.eu/fre/Archives/Actualites/French/2009/February/Il-ya-vingt-ans-l-effondrement-du-bloc-communiste
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Et si l’Ostalgie surgissait justement du choc entre déception d’une partie du présent et regret d’une partie du passé ? « Plus on vit le capitalisme, et moins on se demande ce qui allait mal sous le socialisme », résume le journaliste Wolfgang Herr. Normal, dira-t-on : il écrivait dans le quotidien communiste Neues Deutschland. Mais chaque Ossi, ou presque, répète : « Tout n’était pas si mal hier » et « Tout n’est pas si bien aujourd’hui ».



 ils sont 17 millions à savoir que la RDA« ne se résume pas à la Trabant ou à la Stasi. Malgré tout ce qui a mal tourné, il y avait du travail pour tous, des logements à bon marché, une santé gratuite et performante... Autant d’acquis qu’ils regrettent ».« Les gens de l’Est ont connu deux sociétés, et peuvent donc comparer »


Une vie médiocre, mais sûre

Jeune syndicaliste de l’IG Metall, M. Christian Schletze cherche encore les « paysages en fleur » promis par le chancelier Kohl : « L’économie de ma région a été détruite, et, faute de financements, l’école, la santé, la culture ne fonctionnent plus normalement. » A qui ont profité les 1 250 milliards d’euros investis dans les Länder de l’Est, qui proposent en 2004 moins de 6 millions d’emplois, contre 9,7 millions en 1989 ? La journaliste Renate Marschall se souvient de la « blessure » des Ossis, persuadés que désormais seuls les « efforts » compteraient : « Nous n’avons plus besoin de vos compétences, leur a-t-on dit, vous êtes inutiles. »

Gagnantes, les femmes ? « Le modèle à l’Est, c’était la femme travailleuse, à l’Ouest la femme au foyer », rappelle Mme Irene Dölling, professeure à l’université de Potsdam. En RDA aussi, le gros des tâches domestiques leur incombait. Mais la montée du chômage conjuguée avec le démantèlement des jardins d’enfants a sapé la libération – relative – par le travail : « En RDA, 86 % des femmes travaillaient, elles ne sont plus que 56 %. » Et la fertilité des Allemandes de l’Est a diminué de moitié en quinze ans, pour atteindre le niveau de 1929 ! Stefan Arndt : « Chez nous, les femmes seules avec enfants s’en sortaient bien. Les voilà menacées de sombrer dans la pauvreté. Même si on dégotte une place dans un jardin d’enfants, celui-ci ouvre à 9 heures et ferme à 14. Qui peut vivre en travaillant trois ou quatre heures ? »



Plus que leurs conquêtes sociales, les Ossis regrettent, suggère Jens Reich, « une forme de vie sans compétition, tranquille, conviviale et même familiale ». Dans les entreprises, lors des pauses café à 10 heures et 15 heures, chacun se racontait. « L’Allemand de l’Est s’intégrait confortablement dans le Kollektiv, du jardin d’enfants au travail, relève M. Wolfgang Engler, professeur de sociologie de la culture à l’école de théâtre Ernst Busch. Son moi se construisait entre besoins individuels et besoins collectifs, le groupe devant en permanence trouver un équilibre. » Trop de pressions d’en haut menaçaient le groupe, trop de pressions d’en bas l’Etat. « Cette conscience d’être ensemble a engendré des sentiments de solidarité. »

Ce qui manque le plus aux Ossis, c’est la tranquillité de la RDA, que l’écrivain Volker Braun définissait comme « le pays le plus ennuyeux du monde ».

 Cet ennui, répond Peter Ensikat, « les chômeurs, les précaires et les sans-logis le regrettent ». Il s’agissait, poursuit-il, d’une « société de niches » : chacun, s’il ne franchissait pas les bornes, pouvait « vivre une vie médiocre et sûre, sans avoir affaire au système ». Puis le cabarettiste lance : « Il était plus facile d’échapper hier aux pressions de la bureaucratie qu’aujourd’hui à celles de l’argent. » Les Ossis se sentent aussi impuissants qu’avant. « On peut bien sûr crier, mais à quoi bon ? » Même le minimum n’est plus garanti...

Les autres peuples d’Europe de l’Est libérés de l’ancien régime ont conservé leur nation. Pas les Allemands de l’Est : la RDA a disparu, et les réunificateurs ont tenté d’en effacer toute trace. « Notre pays n’existait plus, nous n’existions plus », déplore Maxim Leo. Et son grand-père d’accuser l’insolente justice des vainqueurs : « Un tiers des Ossis ont dû quitter leur maison,“restituée” à un Allemand de l’Ouest, mais pas un n’a bénéficié de cette loi – les juifs spoliés par les nazis non plus. » De quoi alimenter l’Ostalgie. L’étudiante Anja Weinhold a souffert de la suppression de DT64, une radio très populaire : « Au village, c’était mon seul lien avec le monde extérieur. » Ce jour-là, elle s’est sentie « étrangère dans [son] propre pays ». Même le chocolat favori des Ossis, Raider, a changé de nom : on l’a rebaptisé Twix ! Conclusion de Vincent von Wroblewski, philosophe et traducteur de Jean-Paul Sartre :
« En niant notre passé, on nous a pris notre dignité. »

L’ex-cosmonaute Sigmund Jähn regrette l’« humanisme » et continue à « rêver d’une société de justice sociale, qui se consacre à l’éducation et à la culture et n’exalte pas la violence ». Un silence : « Nous en sommes plus éloignés aujourd’hui qu’hier. »
EXTRAIT DE :
http://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/LINDEN/11494

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