"L'Otan nous encercle", "C'est notre ennemi": les Russes de la rue se méfient de l'Otan et adhèrent au discours de Vladimir Poutine, opposant farouche à l'expansion de l'Alliance atlantique jusqu'aux portes de la Russie.
"L'Otan est très dangereuse pour la Russie: elle acceptera l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie pour répondre à ses propres intérêts énergétiques", estime Ivan, 68 ans, venu montrer à son petit-fils, Ilia, "la gloire militaire russe" au Musée des Forces armées à Moscou.
La jeune Elvira, 22 ans,
"Non, je n'ai pas peur de l'Otan... pour l'instant. Mais il y a quelque chose qui cloche dans ce que les Américains disent", déclare la jeune fille, en évoquant le projet de Washington de déployer un bouclier antimissile en Europe.
L'Otan affirme que ces installations sont destinées à parer une attaque de pays "voyous" comme l'Iran, mais le président russe Vladimir Poutine dénonce une menace directe aux frontières de la Russie.
"L'Otan a toujours été et restera toujours notre ennemi", estime Vladimir, un coursier de 48 ans. "C'est à cause de l'Alliance que depuis l'URSS nous ne pouvons toujours pas relancer notre agriculture et devons tout dépenser pour l'armement", dit-il avec conviction.
Sergueï Vorobïov, qui enseigne l'histoire à l'école N180 de Moscou, et qui a emmené au musée une douzaine de ses élèves, est persuadé que "la Russie ne doit surtout pas faire confiance à l'Alliance qui n'a jamais tenu ses promesses".
"En 1989, cherchant à obtenir l'unification de l'Allemagne, les Américains avaient juré à (Mikhaïl) Gorbatchev que l'Allemagne de l'est n'entrerait jamais dans l'Otan ! On voit tous que c'étaient des mensonges", dit-il.
Historiens et diplomates russes répètent à l'envi que les Occidentaux n'ont pas tenu leurs promesses de non expansion de l'Otan vers l'Est, formulées lors de l'effondrement du bloc communiste.
"Les Américains ne tiennent compte que de leurs propres intérêts. Il ne faut jamais croire l'Otan!", intervient son élève Denis Ilïine, 13 ans, encouragé par un regard approbateur du professeur.
La moitié des Russes -- 49% des personnes interrogées -- estiment qu'"il y a des raisons pour la Russie de craindre les pays faisant partie de l'Otan", selon un sondage du Centre indépendant Levada sur le sujet, effectué en avril 2007.
Dans les années 1990, la perestroïka lancée par Mikhaïl Gorbatchev avait pourtant engendré une nouvelle mentalité de rapprochement avec l'Occident, suggérant même une possible adhésion de la Russie à l'Otan, rappelle l'analyste du Centre Levada Alexeï Levinson.
"Si ce nouvel esprit avait été repris jusque dans les écoles, l'opinion publique en Russie -- notamment sur le rôle de l'Otan -- ne divergerait presque pas aujourd'hui de celle (existant) dans n'importe quel autre pays européen", estime M. Levinson.
"Mais dans le vide idéologique qui a suivi la perestroïka, la société russe, abandonnée à elle-même, a vite renoué avec l'esprit soviétique d'une forteresse assiégée, psychologiquement plus confortable pour elle", raconte l'analyste.
"Le sigle +Otan+ est donc devenu de nouveau une marque déposée pour +ennemi+", résume-t-il. Mais "la société russe est toujours loin d'être militariste", souligne l'analyste.
La plupart des Russes -- 57% des personnes interrogées -- estiment que "les pays de l'Otan n'ont pas de raisons de craindre la Russie", selon le même sondage datant d'avril 2007.
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Medvedev veut réarmer la Russie face à l'Otan
Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré que l'Otan cherchait toujours à accroître sa présence près de la Russie et a ordonné, en conséquence, un réarmement «à grande échelle» de son pays à partir de 2011. «A partir de 2011 débutera un réarmement à grande échelle de l'armée et de la marine russe», a-t-il déclaré lors d'une réunion avec des hauts représentants du ministère de la Défense.
«L'analyse de la situation politico-militaire dans le monde a montré qu'il restait un potentiel de conflit sérieux dans certaines régions, alimenté par des crises locales et les tentatives incessantes de l'Otan de développer son infrastructure militaire près de la Russie», a ajouté M. Medvedev. «La principale tâche est d'augmenter la capacité de combat de nos forces, avant tout celles de nos forces stratégiques nucléaires. Elles doivent être capables de remplir toutes les tâches indispensables pour assurer la sécurité de la Russie», a poursuivi le chef de l'Etat.
Sergueï Mikhalkov
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