Le carnaval des élections présidentielles 2007
Que le spectacle commence !
Autrefois tous les sept ans, et depuis 2002 tous les cinq ans, la bourgeoisie française offre au peuple et aux travailleurs de France un spectacle unique. Il faut dire que c’est un spectacle qui met en branle l’ensemble des acteurs de la scène politique française. Il ne s’agit pas d’un opéra ou d’une pièce de théâtre, consciencieusement préparés et répétés. Non, le spectacle dont nous parlons est plutôt de ces spectacles « paillettes et poudre aux yeux », digne des plus beaux carnavals vénitiens et brésiliens.
Ici donc, pas d’orchestre jouant à l’unisson un air mélodieux, mais une fanfare ! Et déjà on entend le bourdonnement lointain de cette fanfare qui répète !
Qu’on tende un peu l’oreille et on pourra discerner les cuivres qui s’époumonent et les tambours qui battent la mesure.
Qu’on en vienne à s’approcher un peu et on pourra avoir la chance de voir les chars commencer à s’avancer et à se mettre en bon ordre, tandis qu’au sein de certaines formations politiques on se dispute encore parfois pour savoir à qui reviendra la conduire du char. De tous côtés, on voit certains élaborer et travailler le texte qu’ils vont jouer, tandis qu’on en entend d’autres, déjà au point, déclament leurs tirades. Il faut dire que la récompense en fait saliver plus d’un et vaut bien quelques mois d’efforts et de « bains de foule » : pour le meilleur de ces acteurs c’est en effet l’assurance d’occuper pendant 5 ans le siège juché tout en haut du char présidentiel et d’en faire profiter les « bons copains » de sa formation politique.
Au milieu des fausses notes et des premiers « canards », parfois dans la cacophonie la plus complète quand elle ne s’est pas encore trouvé de bon chef d’orchestre, chaque fanfare se fait la supportrice de son « poulain » et dans ce carnaval, où le costume et les apparences importent plus que le contenu, c’est à qui jouera la plus belle mélodie. Ce carnaval fait partie de ces spectacles qui se veulent sérieux, mais qui tournent inévitablement à la farce tragi-comique. A la farce et à la comédie de par le caractère d’extrême indigence de pensée des « débats » et des idées avancées par l’ensemble de la scène politique. A la tragédie parce que ce spectacle amène beaucoup des travailleurs les plus politiquement conscients, à rejeter toute forme de politique tout en laissant le champ libre à ces piètres acteurs.
C’est l’un de ces spectacles qui nous sera donné en 2007 et qui occupe déjà les pensées de toute la classe politique bourgeoise : il n’est pas de parti politique bourgeois ou petit-bourgeois qui ne participe pas à cette mascarade grotesque, le PCF et les trotskistes de la LCR et de LO compris.
Mais que ce cache-t-il réellement dans les coulisses de ce spectacle des élections qui revient de manière cyclique sur la scène politique française ?
I — Le régime présidentiel : « pour quelle démocratie ? »
Nous nous attacherons dans cette partie non pas à critiquer la démocratie bourgeoise en général, dont le caractère formel, limité, tronqué et illusoire a si bien été analysé par Marx et ses successeurs.1 Il est en effet évident que même le parlementarisme le plus pur restera toujours sous le capitalisme une des formes de la dictature exercée par les classes exploiteuses sur le prolétariat, puisque quand bien même la constitution bourgeoise garantit les « libertés individuelles », le « droit d’expression » ou le « droit au travail », ces droits politiques n’en restent pas moins lettre morte dans la pratique (celle de la vie économique et sociale), puisque l’exploitation économique des travailleurs s’oppose quotidiennement à l’exercice de ces droits. Quelles « libertés individuelles » ou quel « droit au travail » possède un chômeur, sinon le droit qui lui est accordé par les exploiteurs de pouvoir cherché à participer au libre esclavage de soi-même sous peine de ne pouvoir être en mesure de « gagner sa croûte » ? De quel droit d’expression réel disposent les travailleurs pour s’exprimer dans la presse et des médias dits « libres » mais en fait détenus par le Capital ? D’aucun ! A moins évidemment de n’adresser au système que des critiques très « mesurées » (à l’exemple de celles qu’adressent ordinairement les partis de « l’opposition » à ceux de la « majorité »2) et de ne pas remettre en cause le principe de la « démocratie » bourgeoise : l’exploitation du travail salarié par une minorité détenant les moyens de production.
« L’idéal » abstrait de la démocratie bourgeoise (« Etat arbitre, arbitre au dessus des classes ») qui constitue la base des aspirations formulées par la petite bourgeoisie et les révisionnistes reste éloigné de la réalité des formes de gouvernement adoptés de nos jours par la bourgeoisie, non seulement française, mais même internationale. Bien sûr cela ne veut pas dire qu’il faille essayer d’adapter la réalité à cet « idéal » : cette réalité a une base économique objective — l’impérialisme en tant que stade suprême du capitalisme et conséquemment la domination des monopoles sur l’ensemble de la vie économique et sociale — qui rend vain tout espoir de transformation en profondeur du caractère de classe de la démocratie bourgeoise, cette démocratie étant condamnée à végéter dans les contradictions insolubles du mode de production capitaliste. Nous critiquons le caractère limité et illusoire de la démocratie et du parlementarisme bourgeois, qui malgré le suffrage universel ne peuvent pas représenter la volonté des travailleurs. Pour autant ne sommes pas opposés dans l’absolu à l’élection d’organismes représentatifs, du moment que ces organismes dits « représentatifs » restent réellement représentatifs et ne dégénèrent pas en bastions du lobbying des classes possédantes comme c’est le cas sous le capitalisme.
extrait de :
http://www.communisme-bolchevisme.net/carnaval_elections_presidentielles_2007.htm