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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 16:16

En 1964, le FBI envoyait une lettre anonyme au pasteur le traitant de "diable", de "bête anormale". Elle vient d'être publiée par le "New York Times".

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Une lettre haineuse envoyée par le FBI à Martin Luther King en 1964 et rendue publique dans son intégralité dénonçait le pasteur comme "un diable, une bête anormale" et menaçait de révéler ses infidélités, vraisemblablement pour le pousser au suicide. La lettre anonyme était tapée à la machine à écrire. Le Sénat américain avait confirmé une dizaine d'années après qu'elle émanait du FBI. Elle était censée faire croire qu'elle avait été envoyée par un militant du mouvement des droits civils, faisant notamment référence à "nous, les Noirs".

Cette lettre particulièrement virulente d'une page envoyée au champion des droits civiques en 1964 le traitait de "complet imposteur", de "boulet", de "diable", de "bête anormale".

Ce document, rendu public pour la première fois dans son intégralité par le New York Times mercredi, illustre l'hostilité de la police fédérale américaine, dirigée alors par l'implacable J. Edgar Hoover, vis-à-vis du mouvement des droits civiques et de Martin Luther King. Selon le journal, la lettre avait été écrite par un adjoint de Hoover, William Sullivan, et envoyée à MLK accompagnée d'un enregistrement audio prouvant que le pasteur avait une liaison extraconjugale. "Tu ne peux pas croire en Dieu et agir comme tu le fais", accuse la lettre.

"Il ne te reste plus qu'une chose à faire"

"Écoute-toi, dégoûtant, animal anormal", lui enjoint notamment cette lettre. "Tu as été enregistré, tous tes actes d'adultère, tes orgies sexuelles, depuis longtemps. Ce n'est ici qu'un petit échantillon. Il ne te reste plus qu'une chose à faire, tu sais ce que c'est", poursuit-elle dans une apparente exhortation au suicide. Lorsqu'il a reçu cette missive, Martin Luther King a rapporté à un ami que quelqu'un voulait le tuer. 

Celle-ci met en lumière combien le FBI était devenu paranoïaque sous la férule de J. Edgar Hoover, dont le nom a été choisi pour baptiser le grand bâtiment abritant aujourd'hui les locaux du FBI à Washington. Hoover estimait que Martin Luther King était influencé par les communistes et, en retour, MLK accusait Hoover de ne pas pouvoir mettre fin aux violences contre les Noirs dans les États ségrégationnistes du Sud.

 

L'année précédente, en 1963, Martin Luther King avait prononcé son plus célèbre discours, son fameux "I have a dream" ("J'ai fait un rêve"), à Washington, à l'occasion d'un immense rassemblement. Cette grande marche avait ouvert la voie au Civil Rights Act, en 1964, qui avait rendu hors la loi les principales discriminations raciales. Martin Luther King a été assassiné le 4 avril 1968, à Memphis, à l'âge de 39 ans.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 13:00

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Né dans le quartier populaire de Leipzig en 1893, Ulbricht y grandit ; son père est un tailleur, socialiste et athée. A partir de 1907, il suit un apprentissage en menuiserie. En 1908, il entre aux Jeunesses du SPD dont il fréquente l’école à Leipzig. Le parti social-démocrate local, de tendance pacifiste, est orienté à l’extrême gauche ; il l’intègre en 1912. De 1915 à 1918, il est soldat en Macédoine. Quand son unité est transférée sur le front occidental, il tente de déserter mais il est repris et un tribunal militaire le condamne à deux mois de prison. Il s’évade et rejoint Leipzig, où il participe à la révolution comme membre spartakiste du Conseil des soldats et ouvriers. En 1919, il s’inscrit au KPD ; deux ans plus tard, il est un permanent du Parti, occupant le poste de secrétaire pour la Thuringe.

Ulbricht 1

Walter Ulbricht, militant et dirigeant du KPD aux funérailles de deux militants communistes assassinés par les Nazis en 1931

Ses qualités le font remarquer de la direction du Parti qui le fait venir en 1923 à Berlin. Comme membre du comité central, il s’occupe du bureau d’organisation et du conseil militaire. Il contribue à transformer le KPD en un solide appareil centralisé. Ulbricht travaille à l’implantation des cellules communistes d’entreprises. De 1924 à 1927, il séjourne à Moscou où il collabore au Komintern. Il en est d’ailleurs ensuite un instructeur à Vienne et à Prague. En 1926, il est élu au Landtag de Saxe et, en 1928, au Reichstag où il est surnommé le « renard saxon ». En 1929, il succède à Wilhelm Pieck comme chef du KPD de Berlin ; il devient ainsi le principal adversaire de Goebbels qui s’est lancé à la conquête de la capitale allemande.Les affrontements sont sanglants entre les communistes d’un côté, les nazis et la police de l’autre. Front Rouge contre SA, il faut tout l’héroïsme des communistes pour non seulement tenir, résister mais amplifier l’influence de leur parti.

Walter Ulbricht, Albert Kuntz , Erich Weinert en 1938 meeting à Berlin 1930

Walter Ulbricht, Albert Kuntz , Erich Weinert en meeting à Berlin, 1930

Hitler devient chancelier du Reich en janvier 33 et Ulbricht est contraint à une période de clandestinité, jusqu’en octobre 1933 où il se réfugie à Paris où il fait partie de la direction du KPD en exil. En 1938, il part pour l’URSS . Pendant la guerre, il continue son travail politique, il effectue un travail de propagande auprès des prisonniers allemands. En 1943, il contribue à la fondation du « Comité Allemagne libre ». Le 29 avril 1945, il est à Berlin où avec des survivants communistes ils installent une nouvelle administration municipale, démocratique, et reconstruisent le KPD, seul parti d’Allemagne à avoir résisté durant toute la dictature hitlérienne malgré une répression sauvage et incessante. Il est l’adjoint de Wilhelm Pieck, chef du KPD, et devient le chef du bureau de liaison avec la puissance soviétique. Il prépare la réforme agraire en zone d’occupation soviétique, la fusion du KPD et du SPD donnant naissance au SED (Parti Socialiste Unifié), et il met au point le plan économique de deux ans.

En 1950, il est nommé secrétaire général du pari. Il restera vingt ans à la tête du SED. En 1952, il annonce la « construction du socialisme en RDA ».  En 1960, après la mort de W. Pieck, il devient président du Conseil d’État de RDA et du Conseil national de défense.

En 1961, il décide la construction du Mur de Berlin pour faire face à une tension internationale dangereuse pour la paix et dont Berlin est l’épicentre. Pour faire face aussi au départ de RDA de plus de deux millions de cadres, ouvriers qualifiés, médecins formés grâce aux efforts de la RDA et qui sont attirés à Berlin Ouest par le miroir aux alouettes instauré dans cette vitrine du capitalisme mise en place par les revanchards de Bonn et les États-Unis impérialistes. Pour faire face encore à une campagne de subversion, parfois terroriste, d’une grande ampleur contre la RDA, les puissances impérialistes ayant avec Berlin Ouest un dard planté au coeur de l’Allemagne démocratique et antifasciste.

Ulbricht démissionne en mai 1971, mais le SED en fait son président d’honneur. Il meurt le 1 août 1973 à Döllnsee près de Berlin.

Voilà l’homme que nos médias, propriété de nos marchands de canons, insultent depuis plusieurs jours célébrant la « chute du Mur de Berlin » comme la victoire le la liberté. Goebbels, leur inspirateur en chef, disait déjà que plus un mensonge est gros mieux il passe. A force de pilonner leurs obscénités à la télé, à la radio, dans les journaux, les capitalistes espèrent que le plomb se transformera en or, leurs mensonges en vérités. Mais cela ne peut être. Car l’histoire imposera la reconnaissance des faits. Pieck, Ulbricht et leurs camarades du KPD puis du SED représentent l’antifascisme de fer et de sang de la classe ouvrière et du peuple allemand. Ils représentent la tentative de construction d’un Allemagne pacifique et socialiste. Que des erreurs aient été commises changent-elles le fait massif, incontournable, écrasant que sans la RDA l’Europe et le monde revoit avec effroi renaître la « bête immonde » du ventre fécond du capitalisme, dénoncée en son temps par le citoyen de la RDA, Bertold Brecht.

AM

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 19:37

Aujourd’hui, les médias DDRcélèbrent les 25 ans de la chute du mur de Berlin. Discours convenus reprenant les slogans des vainqueurs de la guerre froide. Qui s’étonnera de cette autocélébration tapageuse de la chute d’un mur, alors que partout dans un silence médiatique assourdissant les mêmes sont les premiers bâtisseurs de murs de la honte, avec pour maître d’œuvre les USA, Israël ou encore aujourd’hui en Europe la junte pro UE de Kiev.

 

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Combien d’éditorialistes pour clamer les louanges de la réunification, censée avoir apporter la richesse de la RFA à cette RDA présentée comme un échec total et combien pour parler de cette réalité censurée à l’heure où la crise du capitalisme s’aggrave, que la pauvreté frappe et que la guerre est à nouveau en Europe de ces nombreux allemands regrettant la RDA.  Il est significatif de souligner que les « démocrates » capitalistes n’ont même pas pris la peine d’un vote pour demander leurs avis aux Ossies sur la réunification. Sur le plan économique, il s’est agit de se partager au plus vite et à vil prix les richesses de cette RDA, 8e pays le plus riche du monde.

25 ans plus tard, chômage, casse des salaires, UE totalitaire et la guerre à l’horizon : les travailleurs fêtent la chute du Mur

25 ans après la chute du mur, les travailleurs doivent se poser la question de savoir si l’effondrement du bloc de l’est – qui imposait de par sa seule existence aux pays occidentaux de devoir assurer un minimum de droits pour les travailleurs – quels progrès cela a eu pour eu. Une fois les pays de l’Est digérés, la crise économique est repartie de plus belle, nos salaires sont en chute libre, les droits des travailleurs, les protections sociales volent en éclat sous les attaques du patronat. L’extrême droite est poussée en avant alors que la guerre a fait sa réapparition en Europe (Yougoslavie, Ukraine…)… A l’Est, le miracle économique n’a pas eu lieu. Les ex-pays de l’Est, intégré à marche forcée au sein de l’UE affiche des salaires de misère, permettant un dumping social effréné au sein de l’Union Européenne du Capital. Désindustrialisation, chômage d’un coté, confiscation de la souveraineté populaire par une UE de plus en plus totalitaire, oui, les travailleurs devraient faire le bilan, pour savoir s’il doivent -avec les médiacrates de l’oligarchie capitaliste -célébrer la chute du mur de Berlin.

25 ans après la chute du Mur, la dure réalité en chiffres : chômage, revenus…

Loin de cette déferlante propagandiste – démontrant au passage que la liberté selon la démocratie bourgeoise est bien totale à condition de défendre la dictature de la classe capitaliste – www.initiative-communiste.fr vous propose d’examiner quelques chiffres 25 ans après la réunification.

Ostalgie

Plus de 20 ans après la chute du Mur de Berlin, nombreux sont les Ossies à regretter l’Allemagne de l’Est, la RDA et son plein emploi comme le prouve notamment selon un sondage de l’institut Leipzig pour le magazine Super Illu et un sondage de l’Institut Emid pour le Berliner Zeitung. Une majorité d’entre eux sont d’avis que l’ex-RDA avait « d’avantage d’aspects positifs que négatifs ». Jugez plutôt :

  • 49% des habitants de l’ex RDA estime que « il y avait quelques problèmes, mais globalement on y vivait bien ». et 8% soulignent que « la RDA avait surtout de bons côtés et qu’on y vivait heureux et mieux que dans l’Allemagne réunifiée d’aujourd’hui » : C’est 57% des Allemands de l’Est qui – pouvant faire la comparaison aujourd’hui – défendent la RDA. On est loin, très loin de la propagande médiatique de ce jours.
  • 34% des anciens habitants de Berlin-Est se considèrent encore comme des Berlinois de l’Est
  • 17% des Allemands de l’Est approuvent la phrase. « Il aurait mieux valu que le mur ne tombe pas
  • et 52% se considèrent traités comme des « citoyens de seconde zone »
  • 44% des chômeurs souhaitent le retour du régime communiste qui fournissait un travail et un logement à tout le monde

Il est vrai que la chute du mur de Berlin, loin de se traduire par une hausse du niveau de vie s’est traduite par une vague de privatisation massive des industries est allemande (il ne fallait pas faire de concurrence au capitalisme ouest allemand). Avec pour conséquence tout à fait nouvelle pour les allemands de l’est l’apparition du chômage. Un chômage de masse. Car en RDA il faut le rappeler n’y avait pas de chômage. Dès 1990, il y avait 1 millions de chômeurs indemnisés, 3 millions d’actifs en situation de sous emplois pour près de 9 millions d’actifs. Une véritable catastrophe économique.

Taux de chômage en Allemagne de l’ouest et en Allemagne de l’est

Évolution des taux de chômage en RFA et RDA entre 1991 et 2011 Source Arbeitskreis Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur. * données CVS.

25 ans plus tard, les Länder d’ex RDA sont affectés par un taux de chômage du double de ceux de la RFA.La différence est tout à fait frappante si on place les taux de chômage sur une carte, pour l’année 2012

Comparaison des taux de chomage RDA - RFA 2012

Comparaison des taux de chômage RDA – RFA 2012 – source

Comparaison des taux de chomage RDA - RFA 2013 - H-F

Comparaison des taux de chômage (hommes / femmes ) RDA – RFA 2012 – source

Entre 1991 et les années 2000, le nombre d’emplois dans le secteur industriel à l’Est a diminué de près de la moitié, alors que la production par actif occupé à augmenté de 1,7 ( 1,1 sur la même période en allemagne de l’ouest) dépassant désormais de 10 points la productivité en RFA…

 

Réunification? vraiment? clivage des niveaux de vie

Deux gamins allemands se parlent chacun d’un côté du mur de Berlin.
Celui de la RFA a une orange et s’en vante auprès de celui de la RDA:
-J’ai des oranges, j’ai des oranges nanana…
L’autre réfléchit puis répond:
-Oui mais moi j’ai le socialisme, nananana!
Le gamin de la RFA réplique :
– oui mais t’as pas d’orange…
Le mur tombe, le gamin de l’Est demande à celui de l’ouest :
– Elle est où mon orange?
Le gamin de l’Ouest lui répond :
– Non mais tu te crois où? socialiste va !

Selon les médias, c’est le retard économique et le niveau de vie inférieur en RDA qui aurait poussé les allemands de l’Est à faire tomber le mur, pour obtenir le même niveau de vie. Logiquement, 25 ans après la chute du mur de Berlin, (soit près de la moitié de la vie de la RDA tout de même), les différences devraient s’être effacées.

Force est de constater que ce n’est pas du tout le cas.

Le revenu par habitant reste inférieur de 33% à celui de la RFA, conservant la différence d’avant la chute du Mur. La chute du mur en fait n’a pas eu de réels effets sur les revenus des allemands de l’Est.

écart revenus RFA- RDA

Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur.

Loin de s’accompagner d’un mouvement de rattrapage salarial, c’est en fait une compression relative des salaires qui a eu lieu à l’est. Comme en témoigne le graphique suivant pour les salaires dans l’industrie. Dès 1993, un mouvement de baisse des salaires est engagés, dans des proportions plus importante à l’est qu’ à l’ouest. Dès 2002, les coûts salariaux unitaires dans l’industrie deviennent inférieurs à l’Est qu’à l’Ouest… Au passage, ce graphique démontre également l’immense politique de guerre aux salaires menés en RFA dès la chute de la RDA.

Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur. Barres du graphique : coûts salariaux unitaires ; courbe du graphique : coûts salariaux de l’est comparés à ceux de l’ouest.

Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur. Barres du graphique : coûts salariaux unitaires ; courbe du graphique : coûts salariaux de l’est comparés à ceux de l’ouest.

25 ans plus tards, les emplois dirigeants restent pour les allemands de l’ouest, quand les allemands de l’est doivent se contenter des fonctions subalternes.

Structure de l’emploi en Allemagne de l’ouest et de l’est (1er trimestre 2010)

Fonction / qualification

Allemagne de l’ouest¹)

Allemagne de l’est

Position dirigeante

10,9

8,8

Activités hautement qualifiées mais non dirigeantes

23,7

19,9

Qualification de niveau moyen

41,6

49,3

Techniciens spécialisés

15,3

15,9

Fonctions simples

8,5

6,1

Total

100

100

Source : Statistisches Bundesamt. ¹) Berlin compris. http://rea.revues.org/4176

Si les revenus salariaux restent très inférieurs à l’est qu’à l’ouest, c’est également vrai concernant les revenus du patrimoine.

En 2008, par an et par habitant, le revenu issu du patrimoine s’élevait à seulement un peu plus de 2 000 € (en termes nets) à l’est, contre non moins de 5 200 € à l’ouest. Certes, les Allemands de l’est ont vu nettement progresser leur patrimoine, mais celui-ci est loin d’atteindre le niveau de l’ouest ; et l’épargne qu’ils prélèvent sur leurs revenus courants est elle aussi inférieure à celle des Allemands de l’ouest. (source)

Cette différence de revenu est équivalente à la différence entre transfert sociaux (impôts sur le revenu,cotisation sociale et prestations sociales monétaires ) pour lesquels en 2008 les allemands de l’Est percevait 3300€ de plus que les allemands de l’Ouest… De quoi relativiser fortement les transferts sociaux Est Ouest.

Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur.

Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur.

Deux decennies ont passé depuis la réunification de l’Allemagne. Pourtant, les landers d’ex-RDA, s’ils ont été intégré aux modèle capitaliste et aux institutions de la RFA, ils restent loin de la richesse de la RFA.

ndir Original (jpeg, 60k) Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche source : Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur. Etat : 2008.

ndir Original (jpeg, 60k)
Source : Arbeitskreis Volkswirtschaftliche source : Gesamtrechnung der Länder, calculs de l’auteur. Etat : 2008.

PIB par habitant RFA RDA 2012

Sur l’immigration Est – Ouest, avant et après la chute du mur

Il y a eu une très importante immigration de la RDA vers la RFA dans les années de l’après guerre. Comment la partie occidentale de l’Allemagne, la plus vaste, nettement moins affectée par les destructions de la guerre (l’essentiel des combats a eu lieu à l’Est, la défaite nazie étant essentiellement le fait des victoires de l’armée soviétique), notamment dans ses riches régions de la Bavières, de la Ruhr et disposant des principaux ports et surtout dispensée de payer des dommages de guerre et recevant une aide massive des USA aurait pu nepas être la plus attractive, en particuliers pour ces millions d’allemands quittant les pays de l’Est où ils s’étaient installés?  On parle de près de 3 millions d’immigrés de l’Est vers l’Ouest. Ce qui ne veut pas dire que personne à l’Ouest n’a immigré en RDA. Selon les estimation,  700 000 allemands de RFA émigrèrent en RDA.

Ce qu’il faut souligner c’est qu’au contraire de la RFA qui faisait tout pour encourager l’immigration, la RDA a au contraire une une politique dissuasive , refusant près de 30% des demandes d’immigrations, puis refusant les demandes de ré-immigration depuis l’Ouest à La différence est que la RDA n’a pas encouragée l’immigration, refusant près de 30% des demandes, et refusant après la construction du Mur les ré-immigrants.

Il est également important que la décision de partitionner l’Allemagne fut le résultat des initiatives occidentales (réunification des zones, création du deutch mark…), et non de faits de la partie soviétique.

Si la propagande occidentale a monté en épingle cette réalité complexe des migrations inter RFA-RDA – la qualifiant de vote avec les pieds – il convient de noter que 25 ans après la chute du mur, et alors que la RDA n’est plus et que l’on ne peut donc plus mettre en accusation le modèle socialiste, les migrations de l’ex RDA vers la RFA se poursuivent.

Solde migratoire, comparaison RFA- RDA - 2012

Solde migratoire, comparaison RFA- RDA – 2012 – source

Les actifs, en particulier les jeunes continuent d’émigrer des Länder de l’ex-RDA vers la RFA alors que dans le même temps la chute brutale de la natalité (divisé par deux), contribue à un vieillissement accéléré de la population de l’Est

RDA / RFA : sociologie politique des blagues

Après tous ces chiffres, terminons sur une note moins sérieuse, mais néanmoins instructive : deux blagues qui circulaient à l’ouest ou à l’est après la la réunification :
  • A l’est : Un Ossi à un autre :
    « Ton boulot c’est quoi en ce moment ?
    – Ben, justement, rien.
    – Joli travail.
    – Oui, mais quelle concurrence ! »
  • A l’Ouest : Un chef du personnel à un Ossi candidat à une embauche :
    « Vous ne trouvez pas que vos prétentions salariales sont un peu élevées ? Vous n’avez aucune qualification, pas d’expérience, et vous voulez 10 000 marks par mois ?! »
    L’Ossi :
    « Eh, le travail est bien plus dur quand on ne sait pas ce que c’est ! »

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 17:33

Conçu pendant la Guerre froide par Willy Brandt pour arrimer l’Europe aux Etats-Unis, le German Marshall Fund fut une pépinière de journalistes, d’universitaires et d’hommes politiques dévoués à l’atlantisme. Débarrassé de son aspect idéologique à la chute de l’URSS, le Fonds continue pourtant à intéresser les services secrets états-uniens qui restent bien représentés dans son Conseil d’administration.

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C’est à l’occasion du 25ème anniversaire du Plan Marshall, le 5 juin 1972, que le chancelier fédéral allemand et prix Nobel de la paix Willy Brandt annonça, dans un discours à Harvard, la restitution aux États-Unis du reliquat du Fonds Marshall et la création d’une institution visant à promouvoir la recherche et les projets atlantistes, le German Marshall Fund of the United States.

Pendant trente ans, cette association de droit états-unien a développé deux types principaux d’activité : 
- Des voyages très organisés d’un mois, offerts à des jeunes relais d’opinion européens et états-uniens, pour découvrir les réalités sociales, culturelles et politiques de l’autre rive de l’Atlantique, de manière à casser les préjugés et à renforcer l’amitié réciproque ; 
- Des bourses de recherche, offertes surtout à des universitaires, pour étudier les comportements des populations des deux rives.

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Willy Brandt, Richard Nixon et Henry Kissinger

Bien évidemment, en 1972, un tel effort n’était pas désintéressé. L’Allemagne, qui était toujours astreinte à un rôle politique secondaire en Europe, entendait rééquilibrer cette situation en cultivant sa vassalité pour compenser en termes humains ce qu’elle ne pouvait espérer sur le plan politique. Les dangers supposés de l’Ostpolitik devaient aussi être compensés par un fort arrimage sous le « parapluie américain ». 
Les États-Unis, quant à eux, voulaient resserrer leur étreinte en Europe occidentale en tissant des liens avec une nouvelle génération des élites qui n’était pas issue de la Libération. C’était l’époque de la révolte de la jeunesse européenne contre la guerre au Vietnam. La Fraction armée rouge venait d’attaquer le QG US à Heidelberg pour détruire l’ordinateur stratégique gérant les bombardements en Asie du Sud-Est. C’était aussi l’époque de la stratégie de la tension : les services secrets de l’OTAN manipulaient des groupuscules d’extrême droite et d’extrême gauche pour susciter un réflexe d’ordre chez les électeurs.

Le German Marshall Fund apparaissait comme une sorte de Programme Fullbright, mais pensé de manière bi-partite. Les réactions des jeunes « fellows », observées avec soin, devaient permettre d’identifier et de recruter de nouveaux « messagers de l’atlantisme ». Le financement de chercheurs devait à la fois garantir la production d’argumentaires atlantistes et orienter les travaux ultérieurs des boursiers, tout au long de leur future carrière.

Jusqu’à l’effondrement de l’URSS, le German Marshall Fund fut une pépinière de journalistes, d’universitaires et d’hommes politiques entièrement dévoués à la cause atlantique. Mais une fois le péril dissipé, le Fonds perdit de son utilité idéologique. Si l’on en croit certains de ses employés actuels, il aurait même commencé à ramer à contre-courant, tentant de maintenir une compréhension réciproque dont les deux rives de l’Atlantique ne se souciaient plus.

Avec le réarmement des États-Unis, en 1998, les néo-conservateurs ont commencé à réactiver les réseaux atlantistes, non plus pour défendre l’atlantisme puisque l’URSS avait disparu, mais pour servir leur projet impérial. Ils se sont donc, entre autres, intéressés au Fonds.

Depuis trois ans, le German Marshall Fund et la Compagnia di San Paulo financent une étude transatlantique annuelle sur les perceptions politiques en Europe et aux États-Unis. 
Avec la Fondation Bertelsmann, le Fonds organise aussi des rencontres de jeunes leaders à l’hôtel Tremezzo (Italie) et un Forum transatlantique des journalistes à Bruxelles (Belgique). Les participants ont le plaisir de pouvoir y débattre avec quelques stars des think tanks US.
En février 2003, le Fonds a créé un Forum sur le commerce et la pauvreté. Il a rassemblé non seulement des personnalités européennes et états-uniennes, mais aussi brésiliennes, indiennes, japonaises et sud-africaines. Les débats étaient présidés par un comité de six membres comprenant Robert Rubin (USA) et Dominique Strauss-Khan (France). Étrangement, Rubin fut nommé en 1993 par Bill Clinton comme premier patron du National Economic Council, l’agence chargée de déterminer les cibles de renseignement économique pour la CIA (alors dirigée par James Woolsey). Tandis que Dominique Strauss-Kahn avait exercé, quelques années plus tard, une tutelle active sur le CCSE, le comité chargé de l’espionnage économique au Secrétariat général de la défense nationale. 
En outre, le Fonds a étendu ses activités en Europe de l’Est en créant avec l’USAID un programme à 25 millions de dollars, le Balkan Trust for Democracy.

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Guido Goldman

Aujourd’hui, l’association vit avec un budget annuel de fonctionnement d’environ 20 millions de dollars et un confortable capital de 200 millions de dollars. Elle est dirigée par Craig Kennedy, ancien gestionnaire des fondations libérales d’un milliardaire de Chicago [1], qui avait été remarqué par l’OCDE (autre institution issue du Plan Marshall) pour laquelle il avait travaillé en tant que conseil. 
Le conseil d’administration du Fonds est composé d’une vingtaine de personnalités états-uniennes ayant exercé des fonctions en Allemagne, cooptées dans le respect de l’équilibre bipartisan.

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Marc Leland

Il est coprésidé par Guido Goldman et Marc Leland. Le premier, qui est le fils de l’ancien président de l’Organisation sioniste mondiale Nahum Goldman, est professeur d’études germaniques à Harvard et ancien responsable de l’Atlantik Brücke pendant la Guerre froide. Leland est un ancien assistant du secrétaire au Trésor, passionné d’art contemporain. Il dirige un cabinet d’investissement à Arlington et une société de services pétroliers dans le Texas. Il est aussi l’ancien responsable de l’Atlantic Institute à Paris pendant la Guerre froide.

La brochure distribuée par le German Marshall Fund indique les vagues responsabilités professionnelles de ses administrateurs bénévoles. Avec beaucoup de modestie, J. Thomas Presby apparaît comme retraité, quand il est administrateur du joaillier Tiffany & Co ; Richard T. Roberts est introduit comme directeur d’un fonds de placement, en oubliant qu’il fut l’assistant de Rudolph Giuliani à New York ; ou encore Robert M. Solow est présenté comme professeur au MIT, sans indiquer qu’il a reçu le Prix Nobel d’économie. 
Mais évidemment cette discrétion vise surtout à occulter les responsabilités de la majorité des administrateurs au Pentagone et à la CIA. Lee Hamilton est vice-président de la Commission présidentielle sur le 11 septembre et membre du Conseil consultatif de sécurité de la patrie, médaillé de la CIA et de la DIA. Ex-parlementaire, Hamilton présidait l’une des commissions d’enquête sur l’affaire Iran-Contra où il étudia le rôle d’un autre administrateur du Fonds, Robert M. Kimmitt, alors directeur exécutif du Conseil de sécurité nationale et mouillé jusqu’au cou dans le scandale. Depuis, M. Kimmitt a été placé par son ami, le général Colin Powell, à la vice-présidence d’AOL-Time-Warner. 
La journaliste Mara Liasson indique travailler pour la National Public Radio, mais omet de préciser qu’elle présente une émission dominicale sur Fox News où elle se montre hystérique dans la dénonciation des parlementaires un-americans. Jenonne Walters n’est pas présentée du tout, alors que cette ancienne ambassadrice a fait toute sa carrière à la CIA et au NSC. J. Robin West, est désigné comme patron d’une société pétrolière en omettant d’indiquer que cet ancien du Pentagone préside aujourd’hui l’Institut des États-Unis pour la paix. Etc.

Mais le plus surprenant reste pour la fin. Barbara Shailor, qui s’est présentée comme la grande nettoyeuse du département international de l’AFL/CIO, a été accusée par des délégués d’Amérique latine à l’organisation internationale du Travail à Genève d’être en réalité la responsable de la CIA pour les milieux syndicaux internationaux. Quant à Suzanne Woolsey, directrice de la communication de l’Académie nationale des sciences, c’est l’épouse de R. James Woolsey, ex-directeur de la CIA et tireur de ficelles du Congrès national irakien. Elle déplace avec elle un parfum de scandale depuis qu’on a appris qu’elle siégeait au conseil d’administration de l’Institute for Defense Analysis et surtout de Fluor, qui ont engrangé des contrats publics mirifiques en Irak.

Le German Marshall Fund est, nous assure-t-on, devenue une pure association philanthropique. Peut-être. Mais son conseil d’administration reste majoritairement composé de personnalités impliquées dans l’action secrète des États-Unis.

 

[1] Le terme « libéral » doit être compris ici au sens états-unien. M. Craig a aussi bien défendu le rôle du marché dans la protection de l’environnement que la libéralisation des drogues.

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 17:18
Les réseaux d’ingérence américains

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Chargés d’instruire les affaires du crash d’un avion militaire secret, en 1973, à Maghera, et celle d’un attentat à la voiture piégée, à Paetano, les juges vénitiens Felice Casson et Carlo Mastelloni recueillent des témoignages et des documents tendant à prouver qu’un gouvernement secret contrôlerait l’Italie dans l’ombre des institutions officielles. Alors qu’ils convoquent en leur cabinet plusieurs dirigeants politiques du pays, le président du Conseil, Giulio Andreotti, rend publique le 27 octobre 1990 une déclaration authentifiant l’existence d’une telle superstructure, le Gladio : « Après la Seconde Guerre mondiale, la peur de l’expansionnisme soviétique et l’infériorité des forces de l’OTAN par rapport au Kominform conduisirent les nations d’Europe de l’Ouest à envisager de nouvelles formes de défense non conventionnelles, créant sur leur territoire un réseau occulte de résistance destiné à œuvrer en cas d’occupation ennemie, à travers le recueil d’informations, le sabotage, la propagande, la guérilla [...] À la lumière des événements récents et significatifs qui ont bouleversé l’Europe de l’Est, le gouvernement s’impose de revoir toutes les dispositions en matière de guerre non orthodoxe et de promouvoir toute initiative propre à vérifier, tant sur le plan politique que sur celui de la technique militaire, l’actuelle utilité et la validité des systèmes de protection du territoire national ».

Les révélations fracassantes de Giulio Andreotti débouchèrent sur une pénible question : tout au long de la guerre froide, les démocraties occidentales ont-elles été manipulées par les services spéciaux de l’Alliance atlantique, au point que la démocratie elle-même n’aurait été qu’un simulacre ? Pour y répondre, des commissions d’enquête parlementaires ont été constituées en Italie [1], en Suisse [2] et en Belgique [3]. Le résultat de ces investigations [4] est si pénible que d’autres États, comme la France, ont préféré s’enfoncer dans la dénégation.

L’existence des stay-behind était pourtant un secret de polichinelle. En 1952, la presse allemande avait révélé les activités d’un groupe d’extrême droite, le Bundesdeutscherjungend, dont les militants, armés par les services secrets de l’Alliance atlantique, préparaient l’assassinat des principaux leaders de la gauche en cas d’invasion soviétique. L’Alliance entendait ainsi prévenir la constitution d’un gouvernement fantoche imposé par l’Armée rouge.

Le réseau stay-behind est mentionné, en 1976, dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire américaine sur la CIA présidée par le sénateur Frank Church [5]. Des informations plus précises ont été rendues publiques, en 1978, par l’ex-chef des stay-behind et ex-patron de la CIA, William Colby, dans son autobiograhie [6]. De nombreux détails ont été publiés, en 1982, par le colonel Alfred H. Paddock [7], ancien commandant du 4e Groupe d’action psychologique. Toujours en 1982, l’enquêteur du Bureau des investigations spéciales [8], John Loftus, a révélé les conditions de recrutement des stay-behind parmi les agents nazis. Le journaliste et historien Gianni Flamini a décrit leur action en Italie dans son monumental ouvrage [9] (1981 à 1984). Enfin, la redéfinition des actions du stay-behind a été officiellement analysée lors d’un colloque organisé, en 1988, par l’US National Strategy Information Center [10].

Aussi abondante qu’elle soit, cette documentation reste parcellaire et donne une image biaisée du système. Des documents du département d’État américain, ultérieurement déclassifiés et publiés, la complètent utilement et font apparaître un dispositif global d’ingérence dans la vie démocratique des États alliés bien plus large que les seuls stay-behind.

Retracer la formation et l’histoire du plus secret des services secrets n’offre pas seulement un intérêt rétrospectif pour la face cachée de la politique occidentale depuis 1947. Ce service, dont l’existence n’a été reconnue que pour affirmer qu’il appartenait au passé, ne serait-il pas toujours actif ? Alors qu’il était censé n’avoir jamais existé, il a officiellement été dissous trois fois : d’abord en 1952, puis en 1973, enfin en 1990. Et, s’il est toujours actif, manipulant en sous-main les institutions publiques, les démocraties occidentales ne sont-elles que des leurres ?

La création du stay-behind

Pour répondre à ces questions, un retour historique s’impose. Dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, un service de contre-espionnage américain, la branche X2 de l’OSS (Office of Strategic Services), fut chargé de localiser les agents nazis restés sur place après le repli de la Wehrmacht : les « stay-behind ». Plutôt que de les arrêter et de les fusiller, James Jesus Angleton, patron du X2, et le général William J. Donovan, directeur de l’OSS, décidèrent d’en retourner le plus grand nombre et de les enrôler en vue de la Guerre mondiale suivante, celle qui opposerait le « monde libre » au « péril communiste » [11]. Il fallait faire vite, avant que les mouvements de résistance n’identifient eux aussi les stay-behind et ne les épurent.

Cette opération débuta en Italie avec le retournement du chef des escadrons de la mort (Decima Mas), le prince Valerio Borghese, qui révéla les noms de ses agents pour les sauver. Puis elle fut conduite dans tous les territoires anciennement occupés par le Reich. Ainsi, les stay-behind français furent identifiés et recrutés après le retournement du secrétaire général de la police, René Bousquet. À la capitulation de l’Axe, l’opération fut étendue à l’Allemagne elle-même jusqu’à retourner le général Reinhard Gehlen, ex-chef du service secret de la Wehrmacht sur le front de l’Est. Après dix mois de « traitement » aux États-Unis par Frank G. Wisner, Gehlen fut amnistié et se vit confier la création et la direction du Bundesnachrichtendienst (BND), le service secret de l’Allemagne fédérale [12]. L’opération fut planifiée par Allan Dulles, alors chef de poste de l’OSS à Berne. Il s’appuya sur les contacts informels qu’il avait eus, depuis la mi-1942, avec deux tendances du parti nazi en vue de conclure une paix séparée [13]. Les agents nazis, fascistes et oustachis, dont les fonctions étaient publiques ne pouvaient être réemployés en Europe. Ils furent donc déplacés en Amérique latine où ils pouvaient être utilisés. Leur exfiltration fut réalisée par le Saint-Siège, qui partageait leur logique, sous la responsabilité de Mgr Giovanni Battista Montini [14]. En France, le tri des agents de nationalité allemande fut opéré au camp d’internement du Coudray-Morancez (Eure-et-Loir), sous le couvert du séminaire de l’abbé Franz Stock [15].

En 1946, le président Harry S. Truman s’attela à la reconversion de l’économie et des institutions de guerre américaines. Prenant acte des difficultés que son pays avait rencontrées pendant la Seconde Guerre mondiale, il décida de doter les États-Unis d’une industrie de guerre et de services secrets permanents. Cette décision était légitime au regard de l’improvisation dans laquelle son pays s’était trouvé pendant le conflit, elle révélait aussi la difficulté de reconvertir l’énorme machine de guerre américaine à l’économie de paix. Truman dut faire face à de vives oppositions politiques, des deux bords, pour faire entériner sa décision. Selon les préconisations du général William J. Donovan, directeur de l’OSS, la nouvelle Agence centrale de renseignements (CIA) devait se substituer partiellement aux services de la Marine, de l’Armée de terre, et du Secrétariat d’État. Elle ne devait pas se contenter de recueillir des renseignements, mais devait aussi pouvoir agir à l’étranger, en violation de la souveraineté des États. Si Truman valida la première proposition, il renonça à la seconde. Officiellement, le National Security Act, validé par le Congrès en 1947, pérennise en temps de paix un dispositif militaire général qui comprend une agence de renseignements extérieurs, la CIA, dénuée de toute compétence pour conduire des « opérations spéciales ». L’Organisation Gehlen en Allemagne et le réseau stay-behind dans toute l’Europe n’avaient donc plus de raison d’être et auraient dû être démantelés.

Néanmoins, à l’occasion de débats sur les conditions d’occupation de l’Allemagne vaincue, la conférence des ministres des Affaires étrangères à Moscou montra qu’il était impossible aux pays tiers de ne pas se positionner dans le conflit USA-URSS. La première, la France choisit son camp, celui des Anglo-Américains. C’était le début d’une guerre non déclarée et sans opérations militaires conventionnelles, la guerre « froide ». Revenant illégalement sur la décision du Congrès, Harry S. Truman institua en secret un nouveau service pour conduire des opérations de guerre en temps de paix. L’Organisation Gehlen et le réseau stay-behind en fournirent immédiatement les fondements.

La seule base juridique des opérations spéciales est la National Security Council Directive on Office of Special Projects (NSC 10/2) du 18 juin 1948. Classée top secret, elle n’a été rendue publique que cinquante ans plus tard [16]. Cette directive stipule que les opérations du réseau seront planifiées et conduites sous l’autorité d’un Bureau administrativement rattaché à la CIA et, en temps de guerre, en coordination avec l’état-major. Le chef de ce bureau est nommé par le secrétaire d’État, agréé par le directeur de la CIA, puis confirmé par le Conseil national de sécurité. Initialement, ce Bureau disposait d’une autonomie complète et n’était rattaché à la CIA que pour bénéficier d’un financement légal. En cas de désaccord entre le Bureau d’une part, et directeur de la CIA d’autre part, ou le Secrétaire d’État, ou encore le Secrétaire à la Défense, le litige ne pouvait être tranché que par le Conseil national de sécurité. Chaque autorité concernée devait désigner un officier de liaison auprès du Bureau et lui transmettre toute information requise, de sorte que le secret de l’existence même du Bureau fut conservé. La compétence du Bureau est ainsi définie : « Toutes activités, conduites ou favorisées par le Gouvernement contre des États ou des groupes hostiles, ou de soutien d’États ou de groupes amis, mais qui sont planifiées et exécutées de sorte que la responsabilité d’aucun Gouvernement [successif] des États-Unis ne puisse apparaître aux personnes non-autorisées, ou que, si elles sont découvertes, le Gouvernement des États-Unis puisse en dénier plausiblement la responsabilité. Précisément, de telles opérations comprennent toute activité secrète en relation avec : la propagande ; la guerre économique ; l’action préventive directe, incluant le sabotage, l’anti-sabotage, les mesures de destruction et d’exfiltration ; la subversion d’États hostiles, incluant l’assistance aux mouvements de résistance, aux guérillas locales et aux groupes de libération en exil ; et le soutien aux éléments anticommunistes locaux dans les États menacés du monde libre. Ces opérations ne comprennent pas les conflits armés conduits par des forces militaires reconnues, l’espionnage, le contre-espionnage, la couverture ou la tromperie pour des opérations militaires ».

L’organisation interne du réseau a été définie dans un mémorandum secret, rédigé par le premier directeur du Bureau à l’attention du directeur de la CIA [17]. Il est divisé en cinq groupes fonctionnels : 
- le Groupe de guerre psychologique (presse, radio, rumeurs, etc.) ; 
- le Groupe de guerre politique (aide à la résistance dans les États communistes, aide aux mouvements en exil, aide aux mouvements anticommunistes dans les pays libres, encouragement aux transfuges) ; 
- le Groupe de guerre économique (empêchement d’achat de fournitures, manipulation des marchés, marché noir, spéculation sur les monnaies, contrefaçon, etc.) ; 
- le Groupe d’action directe préventive (aide aux guérillas, sabotage, contre-sabotage, destruction, exfiltration, stay-behind) ; 
- le Groupe « divers ».

Pour Truman et son équipe, la nouvelle guerre n’est pas de type conventionnel et n’oppose pas les États-Unis à l’URSS, mais elle est politique, économique et psychologique et oppose l’Occident au communisme. L’intérêt des États-Unis devient la défense des valeurs de ses « pères fondateurs » [18], donnant ainsi une dimension religieuse, sinon mystique, à la guerre froide. Tous les moyens doivent être mobilisés pour que les Occidentaux se reconnaissent dans le camp américain, s’identifient au « monde libre », se préparent à se sacrifier pour lui.

Le stay-behind n’est qu’une arme particulière dans cette croisade. L’expression « stay-behind » était utilisée par les services britanniques pour désigner ses agents restés en arrière de la ligne de front. Ils pouvaient avoir pour mission d’organiser une résistance locale en bénéficiant du parachutage d’armes et de moyens de transmission. Pendant la guerre froide, l’idée de ne pas attendre une occupation soviétique de l’Europe occidentale pour y préparer l’infrastructure de réseaux de résistance parut logique. De même l’idée de recruter, pour un réseau atlantiste de ce type, des anticommunistes habitués à l’action secrète allait de soi. Outre les agents nazis retournés par l’OSS, Carmel Offie continua à recruter des personnels dans les milieux d’extrême droite pour la nouvelle structure américaine. Concernant la faction ultramontaine [19] des catholiques, les Anglo-Américains passèrent un accord global avec le Saint-Siège par l’entremise du cardinal Francis Spellman.

Développement du stay-behind

Si les stay-behind avaient pour seule finalité de préparer la résistance en cas d’occupation, chaque État aurait pu s’en doter, de sa propre initiative et sous sa seule autorité. Mais dans la mesure où l’on considérait que les communistes occupaient déjà partiellement, sur le plan idéologique tout au moins, l’Europe occidentale, il devenait indispensable que les stay-behind échappent à des gouvernements dans lesquels l’ennemi pouvait entrer par la voie électorale à tout moment.

Forts de ce raisonnement, des accords tripartites furent signés entre les États-Unis, le Royaume-Uni et chacun de leurs alliés autorisant Washington à agir sur leurs territoires à leur insu, de manière à les défendre face à l’infiltration communiste.

En 1949, les premiers accords furent intégrés dans un système multilatéral incluant la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, la France et le Royaume-Uni. Il était géré par le Comité clandestin de l’Union occidentale (CCUO). Suite à la signature du Traité de l’Atlantique-Nord, ce système fut ouvert à de nouveaux États, et plus tard encore à des États neutres géographiquement situés aux marges de l’OTAN. Le CCUO devint alors le Comité clandestin de planification (CPC, Clandestine Planning Committee) puis, en 1958, le Comité allié de coordination (ACC, Allied Coordination Committee).

Le fondement juridique de ce dispositif est fourni par des protocoles secrets du Traité de l’Atlantique-Nord. Il n’est pas intégré pour autant à l’Organisation du Traité (OTAN), de sorte que le retrait français de l’OTAN (1966-95) n’a nullement impliqué son retrait du dispositif. La supervision du CCUO-CPC-ACC est assurée par les Anglo-Américains qui se sont réparti des zones d’influence : aux Britanniques le Benelux et la péninsule ibérique, aux Américains, tout le reste. La présidence du Comité est « tournante », elle revient à tour de rôle à chaque État membre.

Selon le colonel Oswald Le Winter, ancien officier traitant du Gladio au sein de la CIA, les protocoles additionnels du Traité de l’Altantique-Nord stipulent notamment que les États membres renoncent à poursuivre les agissements de groupes d’extrême droite lorsque ceux-ci sont utilisés pour les besoins du service. Ces documents auraient été signés pour la France par Robert Schuman, alors président du Conseil.

Aux États-Unis, ce service secret fut initialement dénommé Bureau pour la coordination politique (OPC). Son premier directeur fut Frank G. Wisner [20]. Il a été choisi par le secrétaire d’État, le général George Marshall, sur une liste [21] de six noms établie par son conseiller George F. Keenan en relation avec Allan Dulles. Irving Brown, représentant du syndicat AFL-CIO à Paris, et Norris Chapman, diplomate en poste à Paris, y figurent. Décrivant cette période, William Colby écrit : « Débordant de dynamisme et d’intelligence, Wisner ne ménagea pas sa peine et, en quelques mois, faisant largement appel à ses anciens collègues de l’OSS, mit sur pied, dans le monde entier, une espèce de nouvel ordre des Templiers, chargé de défendre la liberté occidentale contre l’obscurantisme communiste... et la guerre ».

Au début des années cinquante, le général Walter B. Smith, nouvellement nommé directeur de la CIA, exigea que le Bureau ne soit pas seulement administrativement rattaché à l’Agence, mais qu’il soit subordonné à son autorité. Il finit par obtenir sa fusion avec la Direction de la planification de l’Agence, en août 1952. Les autorités américaines admirent à cette occasion que l’OPC avait existé et prétendirent qu’elles venaient de le dissoudre. Elles ne pouvaient en effet reconnaître la fusion puisque les activités de l’ex-OPC restaient illégales. Le général Smith s’adjoignit le concours d’Allan Dulles, ex-chef de l’OSS et frère du secrétaire d’État John F. Dulles.

En contrepartie de sa perte d’indépendance, Frank G. Wisner disposa de moyens accrus, notamment d’un Centre de guerre psychologique, installé à Fort Bragg sous le commandement du major-général Robert A. McClure. Ce Psychological Warfare Center prit ultérieurement le nom de Special Warfare School (1956-68), puis d’Institute for Military Assistance (1969-83), et enfin de John F. Kennedy Special Warfare Center and School (depuis 1983). Fort Bragg est devenu l’une des plus importantes bases militaires dans le monde. C’est là que stationnent les unités spéciales, les « bérets verts ».

Selon le rapport Church, le réseau disposait déjà, en 1952, de trois mille collaborateurs, de quarante-sept postes à l’étranger et d’un budget annuel de deux cents millions de dollars. Wisner a toujours revendiqué comme exploits de son service la création de syndicats non communistes en Europe (1947-50), le renversement de Mossadegh en Iran (1953) et celui de Jacopo Arbenz au Guatemala (1954). Des opérations moins probantes ont été conduites en Albanie, en Ukraine, en Pologne et en Corée [22]. L’OPC étendait donc ses activités hors d’Europe.

En 1958, Richard M. Bissell succéda à Frank G. Wisner. Puis, Richard M. Helms, Desmond Fritzgerald, Thomas H. Karamessines et William E. Colby.

Depuis 1968, le Comité de liaison (CCUO-CPC-ACC) a été renforcé, selon une articulation et des modalités obscures, par une réunion annuelle de contact des services secrets européens, le Club de Berne.

En mars 1973, le dispositif fut à nouveau remodelé et la Direction prit sa dénomination actuelle de Direction des opérations. Elle fut dirigée par William Nelson, puis William Wells, John N. McMahon, Max C. Hugel, John H. Stein, Clair E. George, Richard F. Stolz. C’est dans cette période que les activités du stay-behind furent renforcées en Amérique latine. Une coordination des services argentins, boliviens, chiliens, etc. est mise sur place pour terroriser et éliminer les leaders des oppositions. Cette coordination peut compter sur le soutien des stay-behind espagnols, français, portugais, etc. pour espionner et assassiner ceux qui s’enfuient en Europe. C’est l’opération Condor, dont la direction opérationnelle est confiée à Klaus Barbie. Les responsables militaires latino-américains du stay-behind furent formés à l’US School of Americas de Fort Benning (Géorgie), devenue en 2001 Western Hemispheric Institute for Security Cooperation (WHISC) par des professeurs provenant de Fort Bragg. L’École des Amériques a été vivement critiquée après la publication de ses manuels internes et la révélation des cours de torture qui y étaient prodigués.

Simultanément, le stay-behind met en place une organisation internationale politico-militaire, la loge Propaganda Due (P2), régulièrement affiliée au Grand Orient d’Italie. Elle sert d’instrument privilégié pour articuler guerre politique et opérations spéciales. Licio Gelli, le grand-maître de la P2, avait été l’officier fasciste de liaison entre l’X2 de l’OSS et la Decima Mas du prince Valerio Borghese lors de la constitution du stay-behind en Italie. Son association réunissait plusieurs milliers de personnalités du monde de la politique, des armées, de la finance, de l’Église et des arts, dont neuf cent vingt-trois Italiens. Gelli était devenu un personnage central du dispositif atlantiste au point de figurer comme invité spécial aux cérémonies d’investiture de Bush, Carter et Reagan. La P2 établissait un pont entre les stay-behind et les agents des autres groupes du dispositif. Elle a été dissoute et ses membres font l’objet de diverses poursuites judiciaires aussi bien pour leur implication dans des tentatives de coups d’État que pour leur rôle dans la faillite du Banco Ambrosiano. Seules les listes des membres italiens et argentins de la loge ont été publiées.

Selon nos informations, la loge P2 a été reconstituée sous le couvert d’une ONG suisse de jumelage de communes dans le monde. Cette association disposant d’un statut consultatif auprès des Nations Unies, le fils de Licio Gelli, qui en assure la présidence, a pu participer à la dernière assemblée générale de l’ONU.

En 1986, les armes du Gladio, enfouies dans des conteneurs disséminés dans toute l’Europe, furent remplacées. Le réseau fut doté du matériel de transmission crypté le plus sophistiqué, le Harpoon. Ces acquisitions furent facturées par les Américains à chaque État membre.

En 1990, éclata en Italie le scandale du Gladio. Officiellement les stay-behind furent dissous partout en Europe. En réalité, ils continuèrent à fonctionner sans rien changer, sous le commandement de Thomas A. Twetten, puis de David Cohen.

Actuellement, le « Maître plan » du Pentagone prévoit de séparer à moyen terme les activités de guerre politique, économique et psychologique, des opérations spéciales. De la sorte, les militaires ne seraient plus cantonnés à des opérations commandos, mais pourraient s’investir massivement dans la guerre spéciale, qui reste en temps de paix sous contrôle du Département d’État. Il semble néanmoins que cette restructuration soit difficile à mettre en œuvre.

En outre, le développement d’une formation aux Affaires civiles à Fort Bragg a pour objet de préparer des personnels aptes à administrer des territoires occupés, dans le cadre de missions de maintien de la paix, et à y maximiser l’influence américaine [23].

Le stay-behind français
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Les dirigeants internationaux de l’AFL-CIO
A droite, Irwing Brown (1911-1989), responsable du stay-behind pour les milieux de gauche et étudiants en Europe. Il se vantait d’avoir financé aussi bien l’UNI que la MNEF et d’avoir formé personnellement Jean-Christophe Cambadélis et Lionel Jospin.

Pour ce qui concerne la France, en 1947, James J. Angleton prit contact avec Henri Ribière, le patron du SDECE. Ribière, qui revenait de déportation, étant malade, c’est son adjoint, le colonel Pierre Fourcaud, qui transmit la proposition au premier président du Conseil de la IVe République, Paul Ramadier, qui l’accepta. Le 4 mai, Ramadier renvoya les ministres communistes de son cabinet, puis il autorisa le ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault, à négocier un accord militaire secret avec les États-Unis. Des discussions furent conduites par le général Pierre Billote et le général George Marshall, de décembre 1947 à mai 1948, dans un fort près de New York.

Selon les accords conclus, seul le président du Conseil est tenu informé de l’activation du « stay-behind » local, d’abord dénommé « Mission 48 », puis « Arc-en-ciel » [24]. Il peut se faire communiquer les noms des agents opérant sur son territoireen envoyant un émissaire consulter la liste mise à jour à son attention au siège de la CIA américaine ou de l’Intelligence Service britannique. Le réseau comprend une cellule occulteauseindes principaux services militaires officiels (Sécurité militaire, services extérieurs, etc.) et civils (Renseignements généraux, Secrétariat général de la Défense nationale, etc.). Ainsi, lors de la création du stay-behind, le service 259/7 du SDECE, dirigé par Jacques Locquin, reçoit comme instruction de préparer l’exfiltration du gouvernement vers l’Afrique du Nord en cas d’invasion soviétique. De même, le chef des forces françaises d’occupation en Allemagne, le général d’armée Pierre Kœnig, est chargé de mettre en place des nœuds d’interception le long des axes potentiels de pénétration de l’Armée rouge.

Les agents sont recrutés sur le double critère de la compétence et de l’anticommunisme. Compte tenu des réseaux cagoulards [25] du colonel Pierre Fourcaud, il peut s’agir aussi bien d’anciens résistants que d’anciens agents nazis retournés et recyclés. Ils peuvent recevoir une formation commando au sein de la 11e Brigade parachutiste de choc à Cercottes (Loiret). Cette unité est constituée par le capitaine Paul Aussaresses. Selon la hiérarchie officielle, elle dépend du service Action des services secrets extérieurs (SDECE) placé sous le commandement du colonel Jacques Morlanne [26] mais, selon la hiérarchie occulte, elle dépend de l’OTAN par l’entremise du lieutenant-colonel Jacques Foccart. Éventuellement, à partir de 1952, les agents peuvent recevoir une formation complémentaire en guerre psychologique au Psychological Warfare Center de la CIA à Fort Bragg (Caroline du Nord). Une cellule du stay-behind, liée au SDECE, le « Brain Trust Action », est subordonnée à l’« Executive Action » de la CIA, pour exécuter des meurtres politiques. Pour permettre à des civils de se former au 11e Choc, le ministre des Anciens combattants, François Mitterrand, autorise l’utilisation de l’Association des réservistes volontaires parachutistes (ARVP). Et pour faciliter leur disponibilité, les Américains proposent des emplois de couverture. Par exemple, deux responsables régionaux du stay-behind, Gilbert Beaujolin et François Durand de Grossouvre (alias « Monsieur Leduc »), créent une société commerciale qui bénéficie aussitôt de la concession exclusive d’embouteillage de Coca-Cola [27].

Des cellules du réseau sont installées à l’abri de structures acquises à la lutte anticommuniste. Ainsi le groupe de l’ex-milicien Paul Touvier se trouve-t-il organisé au sein d’un ordre secret de chevalerie, la Militia Sanctæ Mariæ ; celui d’André Voisin au sein de l’association Réconciliation française ; ou celui de Roger Patrice-Pelat à l’intérieur d’une société ésotérique, l’Ordre du Prieuré de Sion. Ces cellules peuvent être rattachées à divers organismes de l’OTAN. En général, elles obéissent au CCUO-CPC-ACC, mais elles peuvent aussi être directement subordonnées au Supreme Headquarter Allied Powers Europe (SHAPE).

En 1947, l’OPC fut impliqué dans le Plan Bleu, une tentative de libération des épurés emprisonnés à Fresnes et de renversement de la République au profit de l’amiral Paul Auphan. L’affaire ayant avorté avant d’être lancée, John Foster Dulles rencontra discrètement le général De Gaulle, en décembre, afin d’envisager avec lui une opération de ce type si les communistes gagnaient les élections. À la même période, c’est par le biais d’Irwing Brown [28] et de Carmel Offie [29] que l’OPC provoqua la scission de la CGT et la création de Force ouvrière, ainsi que l’instrumentalisation d’une dissidence trotskiste contre les communistes orthodoxes. En 1958, le Bureau organisa l’accession au pouvoir de De Gaulle. Mais c’est encore le Bureau qui, en 1961, songea à remplacer De Gaulle par un autre général et encouragea le putsch des généraux d’Alger.

À l’initiative du major belge, J-M. Bougerol et du baron Benoît de Bonvoisin [30], le Bureau a utilisé comme couverture plusieurs associations sectaires [31]. Elles étaient toutes financées par l’entremise du Public Information Office (PIO) [32] de l’OTAN à Bruxelles. Ainsi, dans les années 70, l’Ordre souverain et militaire du Temple de Jérusalem (OSMTJ) fut utilisé par Charly Lascorz et le député Claude Marcus en lien avec le SAC de Jacques Foccart ; de même pour l’Ordre rénové du Temple (ORT) de Raymond Bernard et de Julien Origas [33], puis de Luc Jouret. Enfin, l’Ordre du Temple solaire (ORT) de Luc Jouret [34] et Joseph Di Mambro.

Le 12 novembre 1990, alors que l’Italie se débattait dans le scandale Gladio, le ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, reconnu qu’un Glaive avait existé en France. Maniant la langue de bois, il assura qu’il était resté dormant et ne s’était jamais ingéré dans la vie politique intérieure. Le lendemain, le président François Mitterrand indiqua qu’il avait récemment ordonné au général Jean Heinrich [35], qui le dirigeait en qualité de chef du service Action de la DGSE, de le dissoudre.

Le stay-behind dans le monde

L’existence du stay-behind a été officiellement reconnue en Allemagne, en Autriche (réseau Schwert), en Belgique, au Danemark, en Espagne, en France (Rose des vents), en Grèce (Toison rouge), en Italie (Gladio), au Luxembourg, en Norvège, aux Pays-Bas, au Portugal, au Royaume-Uni, en Suède, en Suisse et en Turquie. Aucune investigation n’a été conduite au sein des institutions de l’Union européenne, bien que de nombreuses informations laissent à penser que le stay-behind en contrôle les rouages essentiels.

On peut citer plusieurs coups d’État, réussis ou manqués, qui peuvent lui être imputés : outre les événements de 1958 et 1961 en France, les complots Sogno et Borghèse en Italie, le coup des colonels en Grèce, celui contre Makarios à Chypre [36]. À ces opérations de vaste envergure, il convient d’ajouter de nombreuses opérations de déstabilisation politique et des assassinats comme celui du Premier ministre suédois, Olof Palme.

       
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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 19:46

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Révolution d'octobre: 5.000 communistes défilent à Moscou

MOSCOU, 7 novembre - RIA Novosti

Environ 5.000 sympathisants du Parti communiste russe ont défilé vendredi en plein centre de Moscou, drapeaux soviétiques et ballons rouges à la main, à l'occasion du 97e anniversaire de la Révolution d'octobre 1917, rapporte le service de presse de la police de la capitale russe. 

"Près de 5.000 personnes ont participé au défilé dans le centre de la capitale, organisé par le Parti communiste", lit-on dans le communiqué.

Le 7 novembre 1917 (le 25 octobre, selon le calendrier julien utilisé en Russie à l'époque), les révolutionnaires ont pris d'assaut le Palais d'hiver de Saint-Pétersbourg, ont arrêté les membres du gouvernement provisoire formé suite à la révolution de février 1917 et ont proclamé le pouvoir des soviets. La Révolution d'octobre a donné le pouvoir aux bolcheviks et a donné naissance à l'URSS qui a existé pendant plus de 70 ans.

Демонстрации, посвященные 97-й годовщине Октябрьской революции в регионах России

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 04:39

Sur Commun Commune (mis en ligne sur RC en décembre 2013)

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Deux décennies s’étant écoulées depuis l’effondrement de l’Union soviétique, la majorité des citoyens des ex-républiques de l’ancienne URSS considèrent que ce changement géopolitique a été négatif pour leurs pays.

 

Une enquête réalisée par le Gallup dans 11 républiques post-soviétiques sur un pannel de 1.000 participants leur a posé la question de savoir s’ils considèrent que la désintégration de l’URSS, intervenue il y a 22 ans, a dégradé ou amélioré la situation de la population des nouveaux pays indépendants surgis de cet effondrement.

 

Approximativement 51% des interviewés, surtout en Arménie, Russie et Ukraine considèrent que la désintégration du bloc communiste n’a pas apporté d’amélioration, en déchaînant de la violence et des conflits ethniques dans l’espace post soviétique, tandis que 24 % apprécient la désintégration de l’Union soviétique comme étant positive. En ce qui concerne la Russie, 55% croient que ce changement géopolitique a été dommageable à leur pays et 19% des Russes pensent qu’il y a eu une améliortation dans leur mode de vie.

 

L’étude révèle que les personnes de plus de trente ans ont le plus de propension à éprouver de la nostagie pour le passé soviétique et à croire que l’effondrement de l’URSS a porté préjudice au pays, tandis que les jeunes sans souvenir du passé soviétique semblent percevoir leur situation actuelle avec plus d’optimisme.

 

Selon l’information statistique, 33% des jeunes de l’enquête qualifient la désintégration du bloc de "nuisible", alors qu’à peu près 30 % des personnes âgées de moins de 30 années y voient certains avantages. À leur tour, 20 % de participants du sondage ne font aucune estimation ou refusent à répondre.

 

Le résultat de l’enquête suggère que "la liberté qu’ils avaient pensée pouvoir obtenir après la chute de l’Union soviétique ne s’est pas matérialisée". Dans ce contexte, est très caractéristique, le cas de la république du Tadjikistan, où 61 % des personnes interrogées ont peur de donner une opinion politique.

 

De la même manière, le sondage de l’opinion publique démontre qu’une partie significative des citoyens des ex républiques soviétiques n’envisagent pas d’améliorations sur le court terme, parce qu’à cause de la désintégration de l’URSS les générations postérieures auront moins d’opportunité, tandis que 18% auront confiance dans le futur.

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(1)The Gallup Organization est une entreprise américaine qui offre un bouquet de services de recherche touchant la gestion du management, la gestion des ressources humaines et les statistiques. En Occident, elle est surtout connue pour les différents sondages qu’elle mène et dont les résultats sont publiés par différents médias (NDT)

Tomado de RT en: http://actualidad.rt.com/sociedad/view/114970-urss-ciudadanos-anorar-tiempos-sovieticos) traduit par Danielle Bleitrach pour histoire et societe

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 04:11
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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 03:57

Documentaire ARTE – QUAND LA CIA INFILTRAIT LA CULTURE EN EUROPE (guerre froide)
mai 1st, 2011 Posted in Art, Culture, Télé et Cinéma

 Lien

Fruit de trois ans de recherches, ce documentaire montre comment les services secrets américains ont manipulé les milieux artistiques et intellectuels européens pendant la guerre froide. Beaucoup d’écrivains travaillèrent ainsi pour la CIA.

Dans les années de l’après-guerre, les services secrets américains lancent une vaste opération d’infiltration des milieux européens de la culture. Ils lui consacrent plusieurs millions de dollars et s’appuient sur un organisme, le “Congrès pour la liberté de la culture”, dont le siège se trouve à Paris. La capitale française est un lieu stratégique pour publier des revues lues jusqu’en Afrique, en Amérique latine et dans les pays arabes. Le Congrès pour la liberté de la culture s’intéresse aux artistes et intellectuels de gauche, qu’il essaie de soustraire à l’influence marxiste et de gagner à la cause américaine. En France, la revue Preuves dirigée par Raymond Aron constitue le fer de lance de cette diffusion de la pensée anticommuniste.

En Allemagne, le “Kongress für kulturelle Freiheit” naît en juin 1950 à Berlin, en zone d’occupation américaine. La revue Der Monat reçoit les premiers subsides de la CIA vers 1958. Elle compte parmi ses collaborateurs d’éminents journalistes et les principaux représentants des maisons d’édition en Allemagne fédérale. Le Congrès dispose ainsi de relais à Berlin, Munich et Francfort. Il s’établit aussi à Cologne où il développe des relations privilégiées avec les rédactions de la presse écrite et de la télévision. Heinrich Böll, futur Prix Nobel de littérature (en 1972), est approché et travaillera – plusieurs documents le confirment – pendant plus de dix ans pour le Congrès et ses différentes organisations. Sans savoir qu’il œuvre en fait pour la CIA ?

C’est ce que pense Günter Grass, autre cible de l’agence américaine. Au-delà de ces deux personnalités, toute la fine fleur des arts et des lettres a été approchée par les services secrets américains et leur a apporté son soutien, le plus souvent sans le savoir. C’est ce que montre très bien ce documentaire, fruit de trois ans de minutieuses recherche

Et, publié par le Réseau Voltaire en 2010

La CIA, mécéne de l’expressionnisme abstrait

 

L’historienne Frances Stonor Saunders, auteure de l’étude magistrale sur la CIA et la guerre froide culturelle, vient de publier dans la presse britannique de nouveaux détails sur le mécénat secret de la CIA en faveur de l’expressionnisme abstrait. La Repubblica s’interroge sur l’usage idéologique de ce courant artistique.

 

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Jackson Pollock, The She-Wolf (1943)

Jackson Pollock, Robert Motherwell, Willem de Kooning, Mark Rothko. Rien moins que faciles et même scandaleux, les maîtres de l’expressionnisme abstrait. Un courant vraiment à contre-courant, une claque aux certitudes de la société bourgeoise, qui pourtant avait derrière elle le système lui-même. Car, pour la première fois, se confirme une rumeur qui circule depuis des années : la CIA finança abondamment l’expressionnisme abstrait. Objectif des services secrets états-uniens : séduire les esprits des classes qui étaient loin de la bourgeoisie dans les années de la Guerre froide. Ce fut justement la CIA qui organisa les premières grandes expositions du New American Painting, qui révéla les œuvres de l’expressionnisme abstrait dans toutes les principales villes européennes : Modern Art in the United States (1955) etMasterpieces of the Twentieth Century (1952).

Donald Jameson, ex fonctionnaire de l’agence, est le premier à admette que le soutien aux artistes expressionnistes entrait dans la politique de la « laisse longue » (long leash) en faveur des intellectuels. Stratégie raffinée : montrer la créativité et la vitalité spirituelle, artistique et culturelle de la société capitaliste contre la grisaille de l’Union soviétique et de ses satellites. Stratégie adoptée tous azimuts. Le soutien de la CIA privilégiait des revues culturelles comme EncounterPreuves et, en Italie, Tempo presente de Silone et Chiaramonte. Et des formes d’art moins bourgeoises comme le jazz, parfois, et, justement, l’expressionnisme abstrait.

Les faits remontent aux années 50 et 60, quand Pollock et les autres représentants du courant n’avaient pas bonne presse aux USA. Pour donner une idée du climat à leur égard, rappelons la boutade du président Truman : « Si ça c’est de l’art, moi je suis un hottentot ». Mais le gouvernement US, rappelle Jameson, se trouvait justement pendant ces années-là dans la position difficile de devoir promouvoir l’image du système états-unien et en particulier d’un de ses fondements, le cinquième amendement, la liberté d’expression, gravement terni après la chasse aux sorcières menée par le sénateur Joseph McCarthy, au nom de la lutte contre le communisme.

Pour ce faire, il était nécessaire de lancer au monde un signal fort et clair de sens opposé au maccarthysme. Et on en chargea la CIA, qui, dans le fond, allait opérer en toute cohérence. Paradoxalement en effet, à cette époque l’agence représentait une enclave « libérale » dans un monde qui virait décisivement à droite. Dirigée par des agents et salariés le plus souvent issus des meilleures universités, souvent eux-mêmes collectionneurs d’art, artistes figuratifs ou écrivains, les fonctionnaires de la CIA représentaient le contrepoids des méthodes, des conventions bigotes et de la fureur anti-communiste du FBI et des collaborateurs du sénateur McCarthy.

« L’expressionnisme abstrait, je pourrais dire que c’est justement nous à la CIA qui l’avons inventé —déclare aujourd’hui Donald Jameson, cité par le quotidien britanniqueThe Independent [1]— après avoir jeté un œil et saisi au vol les nouveautés de New York, à Soho. Plaisanteries à part, nous avions immédiatement vu très clairement la différence. L’expressionnisme abstrait était le genre d’art idéal pour montrer combien était rigide, stylisé, stéréotypé le réalisme socialiste de rigueur en Russie. C’est ainsi que nous décidâmes d’agir dans ce sens ».

Mais Pollock, Motherwell, de Kooning et Rothko étaient-ils au courant ? « Bien sûr que non —déclare immédiatement Jameson— les artistes n’étaient pas au courant de notre jeu. On doit exclure que des gens comme Rothko ou Pollock aient jamais su qu’ils étaient aidés dans l’ombre par la CIA, qui cependant eut un rôle essentiel dans leur lancement et dans la promotion de leurs œuvres. Et dans l’augmentation vertigineuse de leurs gains ».

 

Traduction Marie-Ange Patrizio

 

Suggestions de lecture

 

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 03:50

VOICI LE DISCOURS PRONONCE PAR OLAF HARMS, du P.C. ALLEMAND (D.K.P.) LORS DU 65ème ANNIVERSAIRE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE ALLEMANDE – Trad. A. Liebig et G.G.

Lien d'origine:

Discours du représentant du DKP (Parti communiste allemand), Olaf Harms, membre du secrétariat du présidium du DKP, à l’occasion de la cérémonie pour le 65èmeanniversaire de la RDA (République Démocratique Allemande) au Cabinet d’histoire de la RDA à Bochum

Le discours est paru le 29/09/2014 sur http//news.dkp.de

Chères amies et chers amis, chers camarades,

d’abord,  je vous remercie cordialement pour l’invitation à cette cérémonie au nom du DKP. Je viens de Hambourg, la ville natale d’une personnalité exceptionnelle : Ernst Thälmann. C’est en outre le seul lieu en RFA, entretenu par les moyens privés, où il y a encore un mémorial dédié à ce communiste extraordinaire, à ce leader ouvrier et à ses camarades de lutte. A cause de cela, je veux ouvrir mon discours de bienvenue en citant Thälmann : « Des journées commémoratives n’ont pas de sens, si elles n’ont pas un effet sur le présent et sur le futur. »

L’objectif des socialistes et des communistes soviétiques est-allemands était, à l’origine, garder une Allemagne entière, un nouveau départ et une mutation de toute l’Allemagne sans fascistes, profiteurs de la guerre ni capitalistes. Il s’agissait de construire une vraie nouvelle Allemagne démocratique et pacifique. C’est ce qu’avait aussi prévu le Traité de Potsdam signé par les quatre puissances victorieuses en 1945.

Mais les choses se sont passées autrement : « Plutôt l’entière moitié de l’Allemagne, que la moitié de l’Allemagne entière !» – conformément à cette devise d’Adenauer, l’Allemagne fut divisée.  La proposition soviétique de conclure un traité de paix avec une Allemagne démocratique et antifasciste fut rejetée en faveur d’une « intégration » dans l’Occident capitaliste (fondation de la RFA, le 23/05/1949) et dans son alliance militaire et agressive, l’OTAN.

La RDA fut fondée le 7 octobre 1949. C’est ainsi que la construction d’une alternative antifasciste et socialiste a commencé à l’Est, dans un effort énorme.

La plupart de ceux qui comptaient à la génération de la construction de la RDA n’étaient pas des gens de l’élite bourgeoise, mais des fils et des filles d’ouvriers et de paysans qui étaient souvent encore peu expérimentés en politique. Ils construisaient un projet antifasciste antagonique à celui de l’Ouest capitaliste.

Ils ont fait de la partie la plus petite de l’Allemagne un pays qui faisait partie des dix plus grands Etats industriels. Ils s’orientaient vers une alternative socialiste durable face au capitalisme. Ils construisaient un Etat reconnu dans le monde entier, dont la politique extérieure témoignait de l’internationalisme et de la lutte pour la paix. Dans beaucoup de pays du monde, cet Etat était respecté pour sa solidarité avec les peuples qui luttaient pour leur liberté nationale et politique. En RDA, beaucoup de réfugiés fuyant le fascisme ou l’impérialisme ont trouvé une nouvelle patrie.

Dans l’industrie, il n’existait plus les propriétés privées capitalistes des grands moyens de production. Il n’existait plus les anciens agrariens à l’est de l’Elbe avec leurs grandes terres. Les usines avaient passé aux mains du peuple ; ils étaient entreprises socialisées [en all. VEB]. Les terrains appartenaient à ceux qui les cultivaient – aux coopérateurs agricoles. Le droit d’avoir du travail avait été inscrit dans la constitution.

Le pouvoir d’Etat n’était plus à côté des millionnaires et des milliardaires, mais était exercé par la Chambre du peuple en alliance avec le Front national [rien à voir avec ce parti de l’extrême droite en France] qui se composait des partis, du syndicat et des unions démocratiques. Les Krupp, les Siemens, les Henkel, les Porsche, Quandt et Piech ne régnaient plus. Ceux qui dominaient désormais, c’étaient les « Monsieur-Tout-le-monde » : les Müller et les Krause, les Schulze et les Schmidt. L’image que se faisait d’elle-même la RDA, c’était celle d’un pays où les travailleurs devraient tenir et exercer le pouvoir dans leurs mains, et non les riches.

De là venait la colère du capital. Cette colère se faisait jour envers un Etat qui s’orientait à partir des idées de Marx et d’Engels et des expériences de la lutte du mouvement ouvrier et communiste international. C’était un Etat qui était fidèle à l’objectif de construire une alternative anticapitaliste et antifasciste face au pouvoir des monopoles et des banques, des patrons de l’armement et des profiteurs de guerre, donc face à ceux qui avaient déjà financé le parti de Hitler en 1933. Ces représentants de l’ancien ordre capitaliste et impérialiste ont essayé de saboter et de supprimer cet Etat des cartes de géographie. Ils ont essayé de boycotter, d’isoler politiquement et enfin d’étrangler cette Allemagne antifasciste et socialiste, économiquement plus faible.

Pendant 40 ans, ils n‘y sont pas parvenus. Durant ces 40 ans, l’existence de la RDA et des Etats socialistes a mis un frein au capitalisme: durant 40 ans nous avons eu la paix en Europe. Des limites ont été imposées aux fractions les plus agressives du grand capital et du capital monopoliste et à leurs tendances expansionnistes, notamment par des moyens économiques importants qui le socialisme a dû trouver pour sa défense.

Pendant 40 ans, la RDA prenait place comme partenaire invisible aux tables de négociation salariales et elle donnait un coup de main à la plus grande organisation de classe au sein de la classe ouvrière, aux syndicats en RFA.

Pendant 40 ans, l’ouest a dû se mesurer à la RDA, quand il s’agissait par exemple de la politique de l’éducation, de la santé et de la protection sociale.

Pendant 40 ans, la RDA était l’écharde dans la chair du capitalisme et sz l’impérialisme allemand.

Quand le 3 octobre 1990, la RDA a formellement fini d’exister, le capital, refréné jusqu’à ce moment, a été libéré avec des conséquences désastreuses.

DKP ukraine

bas les pattes de l’Ukraine !

La guerre en Ukraine, où il s’agit de la répartition du monde en faveur de leurs profits, témoigne encore de la contribution croissante  et agressive de l’impérialisme et de ses larbins. La raison d’Etat, c’est aujourd’hui « la défense de la RFA » jusque dans l’Hindou Kouch [massif dans l’Afghanistan].

Pendant que les impôts sur les entreprises ont baissé, en même temps Hartz IV et les travaux obligatoires ont été introduits, les prétendus emplois à un euro. La pauvreté est ainsi devenue la loi.

Presque 35 % des actifs ne peuvent pas vivre de leur revenu. Ils occupent un soi-disant emploi atypique, c. à. d. qu’ils travaillent à temps partiel, dans le travail intérimaire ou dans un emploi minime (je ne comprends pas « minime »). Surtout les femmes sont défavorisées : la pauvreté chez les personnes âgées (im Alter ?) a un visage féminin. L’appauvrissement des larges masses augmente.

Il manque de plus en plus une perspective de vie pour la jeunesse ouvrière. Aujourd’hui, seulement à quelques kilomètres d’ici à Cologne, 20.000 jeunes syndicalistes de l’IG Metall manifestent pour leur formation, leur formation continue et pour le passage à un contrat de travail dans la profession étudiée.

Sous prétexte que les caisses budgétaires sont vides, seront bientôt privatisés et soumis aux conditions de profit du capital, les aides d’État, les services d’intérêt général et la protection sociale, comme par ex. l’approvisionnement énergétique, l’élimination des déchets ou la vente des hôpitaux des villes.

Et avec les prétendus accords sur le libre-échange, comme le TTIP ou le CETA, les trusts auraient le droit de poursuivre  les Etats en dommages-intérêts, si les investissements ou l’attente du profit ne pouvaient pas être réalisés à la suite d’un amendement législatif ou de mesures politiques. C’est seulement par un mouvement de masses comme la Journée européenne d’action Stop TAFTA – CETA -TISA le 11 octobre, qu’il y aura une chance d’empêcher tout cela !

Déjà ce peu d’exemples suffit : non, le capitalisme ne peut pas être la fin de l’histoire. En prenant comme critère la campagne des médias qui se déroule de nouveau à l’occasion de « la Chute du Mur », il faut constater que la RDA est vivante comme il y a 25 ans. Malgré tous les essais pour « délégitimer la RDA » (ainsi le ministre de la justice Kinkel du FDP, Parti libre démocratique, à cette époque), on n’a pas réussi à rayer des mémoires les 40 ans de socialisme sur le sol allemand. On pourrait demander : « Qui parle encore du FDP ? – Personne. De la RDA, tout le monde en parle ! »

Et je pense, ils sont encore trop peu. Le moment est venu, par exemple dans les syndicats, de recommencer une discussion sur la société, sur ce que serait une alternative au capitalisme.

« Le socialisme garantit d’avoir le droit au travail, réalise la protection sociale durable et rend possible l’égalité des droits et la libération de la femme. Il garantit que les syndicats et les autres organisations de travailleurs ainsi que chaque personne ont le droit et la possibilité réelle pour organiser ensemble la vie sociale. Il garantit l’égalité des chances dans l’éducation et dans l’accès de tous à la culture humaniste. Le socialisme encourage l’éducation et la formation, la littérature, les théâtres, les arts plastiques et la musique,  le sport et d’autres activités créatives. Il arrive à créer les conditions pour que l’être humain puisse avoir une éducation générale, devenir politiquement majeur et s’épanouir librement, pour qu’il puisse mener une vie indépendante et autonome dans la paix, la liberté, la justice, la solidarité, la protection sociale et le bien-vivre pour tous. Le socialisme signifie une nouvelle et en même temps une échelle plus haute de la démocratie. » (Programme du DKP)

drapeau rda_modifié-1La RDA peut être un exemple pour cette discussion, celui d’une autre société qui est fondamentalement différente, qui dépasse le capitalisme, qui est une société socialiste. Nous devrons bien sûr répondre aux questions pour savoir, comment sont arrivés la défaite et le démantèlement de la RDA. Et nous constaterons que ce n’est pas seul facteur qui est responsable, qu’il s’agit des causes à l’intérieur et à l’extérieur, mais aussi d’un écart par rapport aux normes socialistes. Nous devrons en tirer enseignement.

Mais le plus important, c’est :

Cet Etat de RDA signifie un choix  socialiste sur le sol allemand contre l’impérialisme allemand. La RDA, son antifascisme conséquent, sa défense de la paix, de la détente et du désarmement ainsi que la réalisation des droits fondamentaux sociaux appartiennent aux plus grands acquis du mouvement ouvrier allemand et ils font partie de l’héritage humaniste en Allemagne. En conséquence, nous admettons aujourd’hui :

Tous les citoyens de la RDA, qui subissent et subissaient, à cause de leur « proximité particulière du parti et de l’Etat », des chicanes professionnelles, juridiques et politiques, l’emprisonnement et d’autres préjudices matériels ou financiers (par ex. à propos de leurs prestations-vieillesse), doivent être réhabilités et placés sur un pied d’égalité avec tous les autres citoyens.

Le souvenir de 40 ans de la RDA et son 65ème anniversaire sont pour nous, face à la situation menaçante en Europe de l’Est et au Proche et Moyen Orient, une raison en plus d’entretenir le modèle (ne s’agit-il pas plutôt de l’exemple (Beispiel) ? Modèle signifie autre chose en français : quelque chose de merveilleux qu’il faut imiter à 100%) et l’héritage antimilitariste et antifasciste de la RDA.

Plus jamais le sol allemand ne doit présenter une menace militaire pour d’autres peuples. La République fédérale d’Allemagne doit quitter l’OTAN, ce pacte militaire impérialiste.

Le 65ème anniversaire de la fondation de la RDA nous rappelle aux obligations :

« Plus jamais le fascisme, plus jamais la guerre ! »

Et il nous rappelle : « L’avenir, c’est le socialisme ! »

 

 

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