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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 03:41
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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 16:46
Vingt ans après

Dans notre très libérale Union Européenne, les médias ne pouvaient pas manquer de fêter ad nauseam le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. Rien n’y manquait: envoyés spéciaux, films, archives sonores et visuelles, déplacement de toutes les chaînes de Radio France dans la capitale allemande, etc. Il fallait surtoutfaire oublier la critique du capitalisme que la crise financière et économique met à l’ordre du jour. Bref, hors du marché point de salut, il n’y a qu’à voir ce qu’était cette pauvre RDA! …Certains journalistes ou historiens ont pourtant fait preuve d’un peu moins de conformisme en enquêtant auprès des Allemands de l’Est. Ils ont constaté que

"beaucoup d’entre eux étaient nostalgiques de l’avant 1989 et réagissaient vivement aux discours tenus sur le passé de la RDA. Quand celle-ci est critiquée en tant que dictature, ils se sentent eux-mêmes attaqués. Ils y voient une forme de jugement porté sur leur vie et leur expérience d’autrefois. Certes, très peu regrettent le régime tel qu’il était réellement, mais il y a une nostalgie à l’égard d’une RDA idéalisée. Une RDA sociale où l’on n’était pas riche, mais où l’on pouvait vivre agréablement. Les jeunes de l’Est assimilent d’ailleurs cette vision positive véhiculée par leurs parents et beaucoup d’enseignants" [2].

Le Mur de Berlin est tombé et c’est une bonne chose, mais il en reste malheureusement encore beaucoup à abattre. N’oublions pas qu’en quelque quatre ou cinq ans le mur entre les États-Unis et le Mexique▼ a déjà fait dix fois plus de morts que le mur de Berlin en presque trente ans.

 

[2] Le Monde, 10/11/2009
 J.-P. MON, déc 2009
http://tatun.unblog.fr/files/2009/11/screenhunter06nov021126.gif
http://4.bp.blogspot.com/-aSbx7a1pLHw/VBCq4N3AfkI/AAAAAAAAENI/gDsm88Pjpow/s1600/Allemagne%2BPauvrete%CC%81.jpg
L'image provient de cet article:
http://www.oplpv.fr/2014/09/la-pauvrete-qui-se-cache-derriere-le.html
Pour tous ceux qui ne réussissent pas à échapper au déferlement idéologique anti-communiste qui prévaut depuis quelques semaines à l’occasion des 25 ans de la « chute du Mur de Berlin », il faut rappeler que l’effondrement des régimes communistes en URSS et en Europe de l’Est a eu de multiples conséquences désastreuses, pour ces pays et pour le monde entier. Il faut être bien aveugle pour se réjouir de la fin de cette expérience à nulle autre pareille dans le monde : il n’est que voir où le capitalisme triomphant mène la planète !
l’effondrement des régimes d’Europe de l’Est et de l’URSS a permis au capitalisme de bénéficier une bouée d’oxygène, grâce au pillage de ces pays.Ne nous y trompons pas : même si ils ont dénoncé l’arriération économique qui prévalait selon eux dans ces pays, les capitalistes ont fait main basse sur les matières premières, les terres agricoles, les entreprises industrielles, les cadres et techniciens, les chercheurs, les ouvriers, etc. Tout ce qui pouvait l’être a été démantelé, racheté à bas coût, spolié… Il y avait donc, contrairement à ce que l’on nous dit, des richesses dans ces pays.
A n’en pas douter, sans l’effondrement de l’URSS et des pays d’Europe de l’Est, la crise du système capitaliste que nous connaissons aujourd’hui aurait certainement eu lieu 15 ans plus tôt.
Au niveau international, l’équilibre entre les grandes puissances disparu, de nombreux conflits ont éclaté pour le plus grand malheur des peuples. La mondialisation, dans toutes ses dimensions d’exploitation sans frein, de guerre à outrance, d’écrasement des expériences progressistes à travers le monde, de régression sociale en Europe occidentale, est la conséquence directe de cet effondrement.
le dépeçage de la Yougoslavie, la guerre de Bosnie, la guerre du Kosovo sont également la conséquence de l’effondrement de l’URSS. Cette agression impérialiste en plusieurs temps (reconnaissance de l’« indépendance » de la Slovénie et de Croatie unilatéralement par l’Allemagne en décembre 1991, puis guerre de Bosnie (à partir de 1992), puis agression de l’OTAN contre le Kosovo de 1999), visant à démanteler un État souverain, à le réduire à quelques entités régionales basées sur une conception étroitement ethnique, avait pour but d’ouvrir la Yougoslavie au capitalisme et de démontrer à la Russie qu’elle n’était plus qu’une puissance de 2e rang incapable d’empêcher la communauté internationale de déclencher une guerre à ses portes contre un de ses alliés.
sans parler du délitement social des pays de l’Est et de la Russie.
l’émergence et le renforcement de mafias extrêmement puissantes, qui ont accompagné et tiré profit du passage d’une économie de type socialiste au capitalisme. Pour ne citer que les plus connues, la mafia russe et la mafia albanaise. Elles ont organisé les trafics en tous genres : trafics d’armes, trafics d’êtres humains (prostitution, trafics d’organes), trafic de drogues… et prospèrent toujours actuellement
la mise en place d’un personnel politique corrompu, acquis à la nouvelle idéologie, et participant allègrement au dépeçage de leurs pays. On peut citer au premier chef Eltsine, voyou alcoolique, qui reste un modèle de corruption. Le processus a été identique dans de nombreux autres pays, avec une attitude absolument écœurante du personnel politique du monde occidental, à la fois complice et profiteur de la situation.
e bouleversement de l’organisation sociale et la* *paupérisation extrême des plus précaires*. L’effondrement des pays de l’Est a eu pour conséquence un remodelage complet des sociétés de ces pays, qui s’est traduit par une régression énorme du niveau de vie général, par la perte dans les acquis sociaux généraux (travail pour tous, logement pratiquement gratuit, accès à la santé, à l’éducation, etc.), et par la précarisation extrême des plus fragiles. On peut citer le cas des retraités russes, obligés de mendier, de trouver de petits boulots pour survivre, et la situation est identique dans tous les pays d’Europe de l’Est.
On peut citer ces cadres russes et d’Europe de l’Est, prêts à n’importe quoi pour survivre, acceptant de se dévaloriser pour obtenir du travail. Mais aussi tous ces travailleurs migrants, qui bien que qualifiés, acceptent de travailler dans n’importe quelles conditions à l’ouest pour envoyer de l’argent à leurs familles.
On pourrait aussi citer les attaques frontales contre les droits de femmes : en Pologne, le droit à l’avortement a disparu. En Allemagne de l’Est, la disparition des crèches a pour conséquence directe la chute du taux de natalité, etc.
le retour des exclusions contre les peuples tsiganes et roms. Si autant de tsiganes roumains, yougoslaves, tchèques, slovaques… viennent en France, c’est parce que ces peuples, protégés jusqu’à l’effondrement du Mur de Berlin, ont été chassés sans ménagement de leurs terres, des emplois qu’ils occupaient, des logements où ils vivaient, marginalisés, persécutés, et finalement contraints à l’exil.
l’ouverture de ces pays au capitalisme sans frein*. Depuis une quinzaine d’années, les entreprises d’Europe occidentale jouent à « saute-mouton » dans les divers pays d’Europe de l’Est et en Russie, créant une entreprise ici, la fermant dès que les salaires augmentent pour délocaliser ailleurs. Dans le même temps, les entreprises de l’agro-alimentaire font main basse sur les terres agricoles, les cheptels, etc.
Cette stratégie est mieux contenue en Russie depuis la restauration d’un régime fort qui a brisé les ailes de profiteurs locaux (mise en prison de certains oligarques, démantèlement d’empires industriels constitués par le pillage dans les années 90).
Décidément, nous avons beaucoup de choses à dire sur l’effondrement du Mur de Berlin !
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6 août 2014 3 06 /08 /août /2014 02:58

 

Ukraine: 6.200 personnes ont quitté leurs foyers en une semaine (Onu)

NEW YORK (Nations unies), 5 août - RIA Novosti

Lien

 

Plus de 6.200 Ukrainiens ont quitté leurs foyers en une semaine en raison des hostilités dans l'est du pays, a annoncé mardi le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Situation explosive dans l'est de l'Ukraine >>

"Plus de 6.200 personnes ont dû quitter leurs foyers en sept jours", lit-on dans une déclaration du HCR.

Le nombre des personnes déplacées des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk a augmenté de 2.600 début juin à 102.000 début août.

Les habitants de l'Ukraine de l'est représentent plus de 87% des personnes déplacées en Ukraine. Selon HCR, 15.200 personnes ont quitté la Crimée, qui a adhéré à la Fédération de Russie en mars dernier.

RIA Novosti730.000 Ukrainiens ont fui vers la Russie depuis janvier (HCR)730.000 Ukrainiens ont fui vers la Russie depuis janvier (HCR)

16:31 05/08/2014 Environ 730.000 personnes ont quitté l'Ukraine pour la Russie depuis le début de l'année en raison des combats qui font rage dans l'est du pays, rapportent les médias internationaux en référence à l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).>>

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 21:39

Ci-après voici un article de Annie Lacroix-Riz qui vient de paraître en allemand dans la revue allemande Polen und wir, « La Pologne dans la stratégie extérieure de la France (octobre 1938-août 1939) » (« Polen in der außenpolitischen Strategie Frankreichs (Oktober 1938-August 1939) », Polen und wir, n° 3, 2014, p. 11-17.

Lien

notre camarade nous transmet le message suivant:

« Vous observerez que la russophobie frénétique desAnnie-Lacroix-Riz-aux-origines-du-carcan-européendirigeants de la Pologne aujourd’hui et leur docilité envers les impérialismes dominants de l’heure sont fortement éclairées par le comportement de leurs prédécesseurs de l’entre-deux-guerres. Les hommes changent quand les circonstances changent, et l’impérialisme, si malade soit-il, règne toujours…

De cette russophobie aux conséquences régulièrement mortifères pour l’existence même de la Pologne, Etat slave dont les chefs ont toujours combattu et ou/voulu conquérir tous les Etats ou peuples slaves environnants, vous aurez une idée bientôt, en lisant enfin la version française (Les guerres de Staline)de l’ouvrage de Geoffrey Roberts (Stalin’s wars), dont je vous ai souvent parlé. Le dossier de Katyn y est abordé, naturellement.

L’ouvrage (dont j’ai assuré la préface)paraîtra à la rentrée chez Delga et sera disponible à la fête de l’Huma. »

Notre camarade Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine, nous communique également le lien d’une émission de la Deutsche Welle, Programme Afrique/francophone (équivalent de RFI), à laquelle elle a eu l’occasion de contribuer récemment (intervention vers la 7e minute) au sujet des origines de la première guerre mondiale : http://www.dw.de/aux-origines-de-la-premi%C3%A8re-guerre-mondiale/av-17826334.

ux La Pologne dans la stratégie extérieure de la France (octobre 1938-août 1939)
« La Pologne dans la stratégie extérieure de la France (octobre 1938-août 1939) », communication au colloque de Varsovie sur la campagne de Pologne, 16-17 octobre 2009, Actes non publiés, sur mon sitewww.historiographie.infoAnnie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine, université Paris 7

Paru en allemand, « Polen in der außenpolitischen Strategie Frankreichs (Oktober 1938-August 1939) »,Polen und wir, n° 3, 2014, p. 11-17

 

Dans l’année précédant la Deuxième Guerre mondiale, la France dirigeante, civile et militaire, dressa une fois de plus la Pologne en pivot d’une « alliance de revers » constituée depuis 1921 des petits États d’Europe orientale qui devaient tout ou partie de leurs frontières à sa victoire de 1918. Ce dispositif contre les tentations de revanche du Reich, complété d’une Petite Entente tchéco-roumano-yougoslave officiellement dressée contre l’ancien empire austro-hongrois, avait été fragilisé d’emblée par l’exclusion de la Russie, seul pays décisif dans une guerre sur deux fronts : « La France n’aurait pas eu la moindrechance de survie en 1914, s’il n’y avait pas eu de front oriental », rappela le sous-secrétaire d’État permanent du Foreign Office, Robert Vansittart, en mars 1939 [1]; la question se posait encore en ces termes, à l’heure où la quasi-totalité des obstacles à l’expansion allemande étaient tombés.

Le « front oriental » complet, incluant l’URSS, avait été esquissé en 1934 par Louis Barthou, que Varsovie détesta, pour ce motif, aussi cordialement que Berlin. Il fut enterré avec lui, le 9 octobre de la même année, malgré la fallacieuse signature par Laval, successeur de Barthou, du pacte franco-soviétique le 2 mai 1935. La France, dont le secrétaire général du Quai d’Orsay, Alexis Léger, avait rédigé ce « chef d’œuvre du galimatias », l’avait ensuite soigneusement laissé dans cet état [2]. Elle avait depuis « l’assassinat de Marseille » définitivement contraint la Petite Entente, déjà très mal en point avant 1933, à se taire sur tout ce qui fâchait, surtout les plans de conquête allemands à l’Ouest et à l’Est. Les États orientaux avaient définitivement compris le 7 mars 1936 à quel sort leur alliée française promettait leurs frontières en laissant tranquillement le Reich remilitariser la Rhénanie qui menaçait directement les siennes. L’« alliance » fut réduite en cendres par le démantèlement à la conférence de Munich, le 29 septembre 1938, de la Tchécoslovaquie (prélude à sa liquidation du 15 mars 1939) comme en prit aussitôt acte un des principaux artisans français de l’assassinat, André François-Poncet, ambassadeur à Berlin choisi (en septembre 1931) par le Comité des Forges : « La Tchécoslovaquie [,…] morte au point de vue militaire [,…] ne présente plus pour nous que la valeur d’un Luxembourg oriental qui risque de devenir un satellite allemand » [3].

De ces décombres les dirigeants français, militaires en tête, firent surgir, ad usum populi Gallici, la Pologne comme protectrice suprême contre un adversaire d’ailleurs peu alarmant puisqu’ils faisaient mine de croire à ses excellentes intentions à l’Ouest. Ils reprirent l’argument polonais, puissante arme tactique initiale contre le pacte franco-soviétique, quand ils s’employèrent, aux côtés de Londres, à ruiner les chances ultimes du renouvellement de la Triple Entente. Les rapports étayés du Deuxième Bureau établissaient l’extrême faiblesse, en tous domaines, militaire inclus, de la Pologne et son alignement définitif sur Berlin depuis l’automne 1933, mais le haut État-major ne tarissait pas d’éloges. Il n’avait depuis 1935, comme le colonel Gauché, chef du Deuxième Bureau, qui adorait transformer le sens des rapports de ses services en leur strict contraire, cessé de tirer de la comparaison entre deux appuis militaires éventuels cette « conclusion » : « pour la France, l’alliance polonaise est incompatible avec l’alliance russe, il faut choisir » [4].

Cette image publique flatteuse sera confrontée à la réalité de la politique extérieure polonaise et des rapports franco-polonais à la fin des années 1930. L’écran de fumée des « garanties » françaises (et anglaises) du territoire polonais sera opposé aux pratiques des Apaiseurs français entre la liquidation initiale de la Tchécoslovaquie et l’assaut allemand contre un État né de la victoire française.

I. Paris et l’orientation germanophile et slavophobe de Varsovie

La France avait minutieusement observé l’orientation germanophile, slavophobe et francophobe qu’incarnait le trio maître de Varsovie : le maréchal Pilsudski, que Paris n’avait érigé en immense héros qu’en raison de son rôle de champion du « cordon sanitaire », n’avait jamais « pardonn[é] à la France républicaine son alliance avec le Tsarisme » : « il n’a donc jamais aimé et il n’aime pas la France [5]; le « prince Janusch Radziwill, un des propriétaires fonciers les plus importants non seulement de Pologne, mais de l’Europe entière », organiquement lié au Reich par sa famille et ses intérêts agraires et industriels, soutien décisif du coup d’État de Pilsudski [6], « président de la Commission des affaires étrangères de la diète, est franchement francophobe et ne fait aucun effort pour le cacher »; Josef Beck, ministre des Affaires étrangères de Pilsudski depuis 1932, son âme damnée « depuis le coup d’État de mai 1926 », « encore plus francophobe que le maréchal » [7], était indéboulonnable, pour des raisons tant allemandes qu’intérieures. Déjà « à la solde de l’Allemagne » avant de succéder au « maréchal » décédé en mai 1935 (le Deuxième Bureau français l’accusait en mars d’avoir « amassé dans les banques suisses une fortune dépassant 2 millions de francs suisses ») [8], il servait d’auxiliaire à ses basses œuvres « orientales ». Son action au sein de la SDN, que le Reich avait quittée avec fracas en octobre 1933, était irremplaçable : Beck n’allait donc jamais aux sessions de Genève sans due mission puis compte rendu d’exécution de mandat, à l’étape berlinoise de son retour à Varsovie, habitude connue du Deuxième Bureau [9]. À l’intérieur, l’inamovible président Ignacy Moscicki, de l’avis du Quai d’Orsay « une nullité absolue, une marionnette choisie par Pilsudski [après le coup d’État de 1926] pour lui servir de paravent » [10], n’avait rien à lui refuser : Beck le « tenait » en prélevant sur « les fonds secrets du ministère des Affaires étrangères » de quoi régler les énormes « dettes de jeu » de son fils, ministre de Pologne à Tokyo [11]. Le trio infernal était représenté par deux germanophiles aussi notoires, Josef Lipski à Berlin depuis juin 1933 et Lukasiewicz à Paris depuis juin 1936 après avoir quitté Moscou, qu’il haïssait au moins autant que ses chefs [12].

Varsovie avait fait grand cas des deux prétextes à son tournant extérieur : 1° la déclaration Hitler-Lipski » du 15 novembre 1933, « instrument diplomatique dont les services de la Wilhelmstrasse [avaient] rédig[é] le projet » [13] : c’est « “une petite chose” […,] un simple communiqué relatant une conversation », avait, pour une fois sincère, clamé l’espion allemand Friedrich Sieburg, un de ses truchements, devant l’ambassadeur de France à Varsovie Jules Laroche [14]; 2° la « déclaration de non-agression et d’amitié », prétendu « traité germano-polonais » conclu le 26 janvier 1934 pour dix ans par Neurath et Lipski et renouvelable, œuvre de Friedrich Gaus, directeur du département juridique de l’Auswärtiges Amt, qui en avait soigneusement éliminé tout ce qui eût pu ressembler à « une renonciation de la révision de Versailles » [15]. Dotée d’un chiffon de papier sur lequel convergent toutes les archives diplomatiques et militaires, la Pologne, en toute connaissance de cause, se targua d’avoir gagné le statut d’alliée du Reich et de grande puissance que lui contestait (indubitablement) son « alliée » française.

Dès l’été 1933, Pilsudski glosa sur la non-priorité de « la révision des frontières de l’Est […] dans les préoccupations personnelles du Führer [16], avant de postuler l’indifférence au Drang nach Osten d’un Hitler plus autrichien que « prussien » [17]. Ce gros mensonge couvrait sa disposition à céder sur le corridor de Dantzig [18] et son ralliement à l’Anschluss, avéré dès 1932, quasi officiel en novembre 1933 [19] : soutien d’autant plus allègre que, les chancelleries le répétaient depuis les préparatifs des traités sanctionnant la défaite des empires centraux, le « rattachement » interdit aurait « inévitablement pour conséquence l’Anschluss des Allemands de Bohême » [20], première étape de la liquidation de la Tchécoslovaquie. Enfin, la Pologne s’associa au Reich dans l’action subversive quotidienne, dimension terroriste incluse, contre l’Ukraine soviétique que les deux pays avaient jusqu’alors conduite chacun pour soi. Cette collaboration n’empêcha pas Berlin de poursuivre en compagnie du Vatican ‑ naguère auxiliaire de Vienne dans cette mission ‑, via le clergé et les groupes séparatistes uniates, son œuvre anti-polonaise en Galicie orientale : c’est à dire dans la partie de l’Ukraine que la France avait en 1920 remise aux chefs polonais du « cordon sanitaire » [21].

Ainsi Varsovie avait-elle dû affecter, entre autres multiples épisodes du feuilleton de l’aveuglement volontaire, d’ignorer que Berlin avait armé et financé les terroristes ukrainiens qui, sous la houlette de Bandera et Lebed, chefs de l’OUN, avaient assassiné le 15 juin 1934 son ministre de l’intérieur Bronisław Pieracki [22] : provocation et test de grande envergure, l’événement s’étant produit deux jours après que le ministre eut accueilli avec faste Göbbels dans la capitale, où Barthou l’avait précédé sans être « salué par aucun ministre polonais » [23]. Paris, aussi informé de la maîtrise allemande de « l’assassinat de Marseille », auquel celui de juin avait servi de répétition ‑ avec la complicité respective de Laval et de Beck ‑, fit au moins aussi bien que Varsovie dans l’ignorance feinte [24].

La Pologne de Beck avait reçu du Reich, de l’avis de François-Poncet, symbole de la ligne française d’abdication baptisée Apaisement, l’ample mission de « disloquer, démembrer la Petite Entente, en exerçant une pesée principalement sur la Yougoslavie, arracher ces États à l’influence française, les écarter de la France, écarter par là même la France de l’Europe centrale, gagner enfin ceux-ci ou certains d’entre eux à l’idée qu’il f[allai]t dénoncer le principe de la sécurité collective et bouleverser la Société des Nations » [25]. Je ne retiendrai ici de cet ample programme, réalisé au-delà de toute espérance, que sa partie russe et tchécoslovaque, fort utile, malgré le mépris de Paris pour Varsovie, à une ligne française identique. La Pologne secondait d’autant mieux l’Allemagne que ses dirigeants haïssaient la Russie, à l’égard de laquelle « Pilsudski ne cachait jamais son aversion […], qu’elle fût rouge ou blanche, bolchevique ou tsariste » [26]. Cette haine à laquelle l’antibolchevisme avait donné de plaisants atours, non seulement ne gênait pas les dirigeants français, mais leur plaisait.

Ils avaient pour délégués à Varsovie des anticommunistes et antisoviétiques obsessionnels, détestant au surplus « les juifs de l’Est » toujours érigés en bolcheviques, Laroche et, depuis la fin mai 1935, Léon Noël, ancien directeur de la Sûreté générale de Laval et bientôt membre du conseil d’administration du Comité France-Allemagne [27]. Ils écoutaient donc avec complaisance les litanies antibolcheviques de leurs homologues polonais, des jeunes fascistes « à la section orientale du ministère des Affaires étrangères, […] très anti-russe », en passant par « la presse officieuse polonaise et […] la camarilla qui entour[ait] M. Beck ». Lequel « racont[ait] à qui [voulait] l’entendre que l’hitlérisme, constituant la meilleure barrière à opposer au potentiel révolutionnaire que constitu[ait] la Russie, [était] le meilleur garant de l’existence de la Pologne. » Léon Noël appréciait en 1936 le thème, riche en variations et appelé à resservir, des deux ennemis de la Pologne, l’allemand, plutôt salvateur, et le russe, le seul vrai : “L’Allemagne […] peut nous prendre une ou deux provinces, la Russie, elle, a le pouvoir de nous prendre tout, le territoire, les corps, les âmes.” » [28].

II. De l’« alliance polonaise » de Munich aux préparatifs du « second Munich »

En octobre 1938, l’icône de l’antibolchevisme parisien Lukasiewicz, hôte des salons pronazis flagorné par les principaux ministres, s’émerveilla devant un agent du Quai d’Orsay de l’opération munichoise, qui avait épargné au Reich la guerre qu’il n’avait pas encore le pouvoir d’engager et valu à son pays une (brève) gratification. Il cogna sur sa cible favorite, sans oublier Barthou, voué aux gémonies jusque dans la tombe. Jamais la Pologne n’aurait souffert de s’unir à « la Russie, qu’elle soit blanche ou rouge. […] ce n’est que la débâcle de la Russie qui nous a permis de conquérir notre indépendance. […] Avec les bolcheviks, nous avons dû mener une guerre, et les dirigeants de Moscou n’ont jamais abandonné le rêve d’instaurer chez nous les Soviets. Vous voyez d’ici la parution (sic) en Russie blanche, en Ukraine, en Galicie orientale et même dans certaines villes industrielles polonaises, comme Lodz, avec ses 200 000 juifs, des soldats rouges en qualité de nos alliés? Mais, le lendemain de leur arrivée, nous aurions eu des Soviets dans la moitié de la Pologne, et au lieu de combattre les Allemands, il nous aurait fallu combattre les bolcheviks, ou appeler les Allemands à notre aide. Pour la Pologne, les bolcheviks sont beaucoup plus dangereux que les Allemands, et Moscou que Berlin. Et quant à la valeur de l’armée rouge, nous l’apprécions mieux que les Français. Elle est bonne pour faire de la propagande ou aider un soulèvement communiste, mais au premier choc avec une armée européenne elle sera brisée comme verre. Alors, pourquoi voulait-on nous embarquer à tout prix dans la galère communiste? Si M. Barthou avait mieux connu l’histoire des relations polono-russes au cours des siècles et, en particulier, depuis le partage de la Pologne, il ne nous aurait jamais proposé de conclure un pacte d’assistance mutuelle avec les Soviets; de même, ses successeurs ne nous auraient jamais demandé de laisser passer les troupes bolcheviques à travers notre territoire. Aucun gouvernement polonais ne consentirait à se prêter à une telle expérience qui menacerait notre pays d’une révolution communiste » [29].

Lukasiewicz triomphait d’autant plus que Berlin venait rétrocéder à Varsovie le territoire de Teschen, morceau silésien du gros territoire sudète remis à la conférence de Munich aux Allemands par les Franco-Anglais, qui s’étaient pour ce faire passés de l’avis des « Soviets ». Sur l’échelle des haines polonaises, Prague, sans répit maudite pour avoir « volé » Teschen (sur les instances du sidérurgiste français Eugène Schneider [30]), avait en effet grimpé aussi haut que Moscou. En août 1934, le nonce apostolique à Vienne Enrico Sibilia certifia connaître « un accord secret laissant les mains libres à l’Allemagne, non seulement contre l’Autriche, mais aussi contre la Tchécoslovaquie; en échange de quoi l’Allemagne reconnaissait les revendications de la Pologne sur la Silésie tchécoslovaque et des parties de la Moravie septentrionale » [31]. Paris était, à l’été 1935, informé de l’« accord militaire […] en préparation entre l’Allemagne, la Pologne et la Hongrie » en vue d’« attaquer et se partager » la Tchécoslovaquie [32]. Depuis le printemps 1938, toutes les capitales, Paris, Londres et Berlin en tête, surenchérissaient dans le mépris, qualifiant Varsovie de « hyène » ou de « vautour attendant le morceau » [33].

La duplicité confinait au grandiose puisque, outre que ni Paris ni Londres n’avaient consulté Varsovie pour assassiner Prague, certains « Munichois » insistaient pour que « la hyène » tirât pourboire du forfait. L’attaché militaire français Félix Musse, aussi antirusse et anti-tchèque que Noël et l’équipe Beck, s’y employa le 21 septembre au motif de gagner la gratitude d’un pays si important : « après avoir tant cédé à l’Allemagne, nous refusons à la Pologne une satisfaction bien modeste »; on ne saurait s’opposer aux « revendications polonaises » alors que « la Pologne […] peut être demain, un élément des plus importants pour la reconstruction de notre politique européenne. C’est une carte que nous ne devons pas laisser échapper » [34]. L’un des « quatre charcutiers de Munich » [35], Daladier, masqua le 26 septembre devant l’ambassadeur américain Bullitt sa contribution au dépècement imminent en accablant Varsovie : « il espérait vivre assez pour faire payer à la Pologne son attitude de rapace en proposant à la Tchécoslovaquie un nouveau partage de la Pologne » [36] (ce n’est pas à Prague qu’il le proposerait bientôt mais à Berlin). Londres, dont la participation à la crucifixion de la victime avait été aussi éminente, stigmatisa juste après « une puissance que son passé devrait rendre moins ardente à goûter les partages, et qui parai[ssai]t rechercher les champs de bataille surtout pour y achever les blessés » [37].

Le sursis polonais n’attendit même pas la mort de la Tchécoslovaquie. Outre que la fugace saisie de Teschen allait aggraver la surproduction minière et métallurgique et le déficit abyssal du commerce extérieur polonais [38], le Reich reprit, les Sudètes à peine avalées, son expansion ukrainienne dans la Ruthénie subcarpathique proclamée « autonome » et ailleurs, menaçant directement les frontières orientales de l’alliée prétendue. L’apparente « détente polono-soviétique » qui s’ensuivit n’imprima aucun « revirement [à] la politique polonaise » [39]. Ce n’était, affirma Léon Noël, qu’une astuce tactique de Beck et le « présage […d’] une prochaine tentative de rapprochement du côté de Berlin » sur des « questions » à négocier : « frontière de la Russie subcarpathique, questions dantzicoises, transit à travers le Corridor, juifs polonais du Reich, questions économiques et minoritaires » [40].

Bien qu’il n’y eût plus rien à négocier après le 15 mars 1939, la Pologne en ligne de mire directe du Reich présenta encore durant quelques mois pour les dirigeants français le même intérêt tactique que naguère. Moscou, qui était vouée au néant diplomatique depuis Munich, demanda en effet au lendemain de l’invasion de la Bohême-Moravie qu’eût enfin lieu la concertation entre toutes les cibles du Reich, tant à l’Ouest qu’à l’Est. Paris relança donc le mythe public de la magnifique alliée militaire polonaise, si supérieure à l’armée rouge inepte, tout en se répandant en privé sur l’épave que la Wehrmacht balaierait en quelques jours. Représentatif de cette ligne inavouable, Pierre Taittinger, champion d’origine du « cordon sanitaire » (« un des promoteurs du groupe franco-polonais de la Chambre en 1920 »), ressortit le paravent. Le 20 avril, retour d’un séjour polonais (de mars), il déclara à un banquet parisien du « Cercle républicain national » : « l’appui de la Pologne, dont les avions peuvent atteindre Berlin en moins d’une heure, nous serait autrement précieux que celui de l’URSS en cas de conflit avec l’Allemagne » [41]. Le 6 septembre, Pologne déjà écrasée, offrant à Daladier ses services politiques, Taittinger lui rapporta que « le chef d’état-major de l’armée polonaise » [Waclaw Stachiewicz] lui avait en mars « déclaré qu’en dépit de la supériorité considérable de moyens de l’Allemagne, il pensait pouvoir tenir, le cas échéant, plus d’un mois. […] Les autorités françaises que j’ai consultées à l’époque, tant au ministère des Affaires étrangères à Paris (M. Bressy) que nos autorités diplomatiques à Varsovie, déclaraient que huit jours, ce serait déjà beau » [42].

La Pologne rejoignit donc à nouveau, de mars à août 1939, l’Angleterre comme leurre contre l’alliance de revers : l’alliance militaire anglaise, imaginaire, avait toujours été présentée à l’opinion publique comme le recours suprême, supérieur à tout autre, le soviétique surtout. Après avoir « garanti » en mars-avril 1939 les frontières de la Pologne, qui ne leur avait rien demandé, Français et Anglais admirent lors des préparatifs de la mission Drax-Doumenc des 11-24 août 1939 à Moscou ‑ exclusivement destinée à faire endosser aux « Russes » la responsabilité du fiasco ‑ qu’ils ne consentiraient à Varsovie aucun secours, ni militaire ni économique. Moscou, traitée en « valet de ferme », selon la formule de Jdanov dans La Pravdadu 29 juin [43], devrait, privée d’alliance défensive avec Paris et Londres, tout assurer aux Polonais : aide économique et militaire, avec maintien du veto contre l’entrée de son armée en terre polonaise, que les Occidentaux imputeraient aux seuls Polonais souverains.

Le rideau de l’alliance militaire anglo-polonaise fut déchiré le 17 août devant les hôtes soviétiques de haut rang des obscurs délégués militaires français (Doumenc) et anglais (Drax), Vorochilov, commissaire du Peuple à la Guerre, et Chapochnikov, chef d’état-major général. Le général Heywood avoua « des effectifs […] dérisoires » tout en les multipliant par trois : il annonça que les Anglais mettraient six divisions sur pied en France « dans les premiers mois de guerre » alors qu’ils n’en avaient jamais promis plus d’un maximum de deux depuis 1936. Après quoi, devant Vorochilov interloqué de cet aveu partiel, « Drax, après avoir longuement toussoté, finit par présenter un argument qu’il avait déjà soumis à la délégation française pendant la [longue] traversée et qu’on l’avait supplié de ne jamais utiliser : “N’oubliez pas, dit-il, que la Pologne, si elle est seule, peut être écrasée en deux semaines…” ». « Cela voulait dire, commenta l’honnête Doumenc, que la Russie ne pourrait jamais venir à temps à l’aide de la Pologne et qu’elle se trouverait seule en face d’une armée victorieuse. »

Londres et Paris non seulement se gardèrent de le raconter à leurs opinions respectives, mais se retranchèrent derrière le veto polonais renouvelé contre l’aide de l’armée rouge : Wehrmacht à ses portes, Varsovie entonnait à nouveau (ainsi, le 19 août) le grand refrain de Pilsudski « Avec les Allemands nous risquons de perdre notre liberté, avec les Russes, nous perdons notre âme ». Du veto de la Pologne, incontestable, ses nouveaux « alliés » se moquaient autant que, un an plus tôt, de l’avis de la Tchécoslovaquie sur son droit à l’existence, État-major français au premier chef. Quand celui-ci avait, au printemps 1935, fait semblant d’envisager une alliance avec l’URSS et esquissé en conséquence des plans de guerre (denrée disparue en 1939), il avait retenu trois hypothèses : Pologne 1° « alliée de la France contre l’Allemagne », 2° « neutre », 3° « alliée de l’Allemagne ». Seule, avait-il conclu, la troisième hypothèse avait valeur militaire, car c’est d’une Pologne ennemie, dont on n’aurait pas à requérir l’avis, qu’on utiliserait au mieux la totalité du territoire [44].

En août 1939, le trio Daladier-Bonnet-Alexis Léger, efficacement relayé à Varsovie par le tandem Léon Noël-Félix Musse, alla même dans le sabotage de « l’alliance de la dernière chance » (Michael Carley) plus loin que les Anglais. Quand le capitaine Beaufre, envoyé là-bas en (fausse) mission le 19 pour quérir l’adhésion polonaise à une demande d’aide de l’armée rouge, rappela à celui-ci que « les évaluations britanniques relatives à la résistance polonaise donnaient à celle-ci un délai de 15 jours au maximum avant l’effondrement complet », il provoqua l’indignation du « général Musse et [de] ses adjoints » : ceux-ci « s’élevèrent violemment contre cette appréciation portée sur la résistance polonaise, disant qu’il était absurde de sous-estimer une armée excellente, bien équipée, et dont les conceptions tactiques avaient fait de grands progrès ». La noirceur des intrigues, sur ce point et sur bien d’autres, de l’ambassadeur et de l’attaché militaire contre l’alliance tripartite ulcéra le général Doumenc, honteux du rôle que ses chefs civils et militaires lui avaient depuis juillet fait jouer à Paris puis à Moscou [45].

Le 23 août permit, comme prévu, d’imputer aux Soviets l’échec final, stigmate qui résiste à toutes les ouvertures d’archives et à la production scientifique consécutive [46]. Varsovie porta sa part d’un crime aussi franco-anglais que polonais, et Daladier, un de ses maîtres d’œuvre, mima devant Bullitt la fureur contre « les Polonais coupables de folie criminelle pour n’avoir pas répondu à la proposition des Russes d’une assistance active à la Pologne » [47]. Ce tapage couvrit une autre duperie de « l’opinion française dindonnée par les campagnes “idéologiques” » inépuisables de l’ère munichoise [48]. Les dirigeants français, au moment même où ils avaient ranimé la momie de l’« alliée » polonaise, avaient soutenu la tentative de « second Munich » : ils avaient en avril-mai 1939 brûlé d’enthousiasme pour la « conférence de la paix […] inspirée par Mussolini » et lancée par Pie XII via son nonce à Paris, Valerio Valeri, visant à arracher à Varsovie l’abandon de Dantzig et du corridor. L’affaire, marquée par le célèbre article de Marcel Déat Mourir pour Dantzig? dans L’Œuvre du 4 mai, s’était enlisée vu la réticence britannique à répéter l’opération de septembre 1938 [49].

Les hérauts français des mains libres du Reich à l’Est ne renoncèrent pas pour autant à obtenir de Varsovie, comme naguère de Prague, le consentement à son propre dépècement. Lukasiewicz, roi de la germanophilie mondaine, avait été brusquement détrôné par la nouvelle étape du Drang nach Osten: il fut pendant l’été abandonné de tous, notamment par le ministre des Affaires étrangères Georges Bonnet, qui le priva de ses visites quotidiennes [50]. Les mêmes « pacifistes » recommencèrent après le 23 août, avec le surcroît d’audace qu’autorisait un paravent antisoviétique et anticommuniste inoxydable. Bonnet prit avec son imposante cohorte « pacifiste » l’initiative de « négociations » avec l’Axe sur la Pologne dont le Reich n’avait plus aucun besoin : incapable d’attaquer avec succès la Tchécoslovaquie en 1938, l’armée allemande était au 1er septembre 1939 en mesure de conquérir la Pologne sans quitus des Apaiseurs. La méthode des tractations alors repoussée par Berlin serait en revanche pratiquée pour préparer une débâcle aussi rapide et spectaculaire que celle de la Pologne, « grand port paralysé […] en 48 heures » [51], celle de la France. Les dirigeants polonais avaient certes activement œuvré à la destruction de la Pologne; leurs anciens tuteurs, si méprisants qu’ils fussent pour « la camarilla » de Beck, feraient mieux encore au service de la Défaite française de mai (officiellement juin) 1940.

 

J’explicite toutes les allusions de cette communication dans Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, nouvelle édition 2010, De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3eRépublique, 1938-1940, même éditeur, 2008, et Le Vatican, l’Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide (1914-1955), même éditeur, édition 2007 (1996). Sauf exception, elles ne sont pas paginées, vu les contraintes éditoriales.

[1] Michael Carley, 1939, the alliance that never was and the coming of World War 2, Chicago, Ivan R. Dee, 1999, p. 4, souligné dans le texte.

[2] Citation, Jean-Baptiste Duroselle, Politique étrangère de la France, la décadence 1932-1939, Paris, Le Seuil, 1983, p. 142.

[3]. Renseignement cité, 12 avril, et « note sur l’évolution du problème tchécoslovaque », 10 octobre 1938, 7 N 3097, Service historique de l’armée de terre (SHAT).

[4] Renseignement EMA 2e Bureau (DB), 6 février 1936, 7 N 3186, SHAT.

[5] EMA DB Depas 177, H/19.1/8, 10 janvier 1934, 7 N 3024, SHAT.

[6] EMA DB, Depas 866, 17 juin 1935, 7 N 3024, SHAT.

[7] Note Europe, 8 mai 1935, URSS 1918-1940, 982, MAE et EMA Depas 177, H/19.1/8, 10 janvier 1934, 7 N 3024, SHAT.

[8] EMA Depas 282, 4 mars 1935, 7 N 3024, SHAT.

[9] Archives allemandes et françaises, Lacroix-Riz, Choix, p. 196-199, 225-227.

[10] Note Europe centrale de la sous-direction SDN, 30 novembre 1937, SDN 1918-1940, 2171, MAE.

[11] Les « nouvelles dettes de jeu » du fils Moscicki s’élevaient à « 200-250 000 zlotys », dépêche 12 de Léon Noël, Varsovie, 4 janvier 1936, SDN 1918-1940, 2168, MAE; EMA DB, P/a 23863, 18 février 1936, 7 N 3024, SHAT.

[12] Dépêche 32 de Laroche, Varsovie, 30 mai 1933, et télégramme 441-442 de Léon Noël, Varsovie, 8 juin 1936, SDN 1918-1940, 2163 et 2169, MAE.

[13] Télégramme François-Poncet 2063-2065, Berlin, 18 novembre 1933, SDN 1918-1940, 2164, MAE.

[14] Télégramme Laroche 728-36, Varsovie, 18 novembre 1933, SDN 1918-1940, 2164, MAE. Sur le « journaliste » Sieburg, index Choix et Munich.

[15] « Déclaration », 26 janvier, mémorandums Gaus, Berlin, 16 et 22 janvier 1934, Documents on German Foreign Policy (DGFP), C, II, p. 364-367, 394-395 et 421-422.

[16] Dépêche 252 de Laroche, Varsovie, 28 juin 1933, SDN 1918-1940, 2163, MAE.

[17] « Il n’est pas prussien. Il n’en a pas la raideur. Il sort du peuple. “Il veut l’alliance (sic) [(sic) dans le texte] avec l’Autriche” », déclara-t-il le 24 novembre 1933 au général d’Arbonneau, l’attaché militaire français, télégramme 750-755 Laroche, Varsovie, même date, SDN 1918-1940, 2164, MAE.

[18] SDN 1918-1940, à partir du vol. 2163, Pologne, dossier général, février-octobre 1933, MAE.

[19] Télégramme 927 François-Poncet, Berlin, 16 mai 1933, SDN 1918-1940, 2163, et depuis les télégrammes 2053 du même, 16 novembre, et 746 de Laroche, Varsovie, 23 novembre 1933, SDN 1918-1940, 2164, MAE.

[20] Dépêche Beaumarchais 397, Vienne, 25 novembre 1926, Autriche 1918-1940, 77, MAE.

[21] Lacroix-Riz, Vaticanpassim et index : Szepticky.

[22] Sources inépuisables depuis le télégramme Laroche 556-7, Varsovie, 16 juin 1934, SDN, 2166, MAE (tous volumes Pologne jusqu’à 2169, février-juillet 1936), et surtout lettre 575 Léon Noël à Laval, Varsovie, 13 novembre 1935, Yougoslavie 1918-1940, 138, assassinat d’Alexandre Ier, 1934-30 décembre 1935, 19 décembre 1936, MAE; EMA DB, renseignement Depas 882 « d’un informateur compétent et généralement bien renseigné », H/25.7/9, 23 juillet 1934, 7 N 3024, rapport des attachés militaires, 1928-1929, et 1933-1939, SHAT. Marian Wojciechowski, Die Polnisch-Deutschen Beziehungen 1933-1938, Leiden, Brill-Verlag, 1971, p. 241-242.

[23] Berliner Börsenzeitung du 14 juin, « Bulletin périodique de la presse allemande » n° 438 du Quai d’Orsay (4 juin-1er juillet), 6-7 juillet 1934, F 7 13433, Allemagne 1934, Archives nationales (AN).

[24] Laval, Choix, p. 207-208; Beck, EMA DB, Depas 116, 19 décembre 1934, 7 N 3024, SHAT.

[25] Dépêche 937 François-Poncet, Berlin, 4 juin 1936, SDN 1918-1940, 2169, MAE.

[26] Note Europe centrale de la sous-direction SDN, 30 novembre 1937, SDN 1918-1940, 2171, MAE.

[27] Rapport Legat sur le CFA, 2 mai 1945, PJ 42, Brinon, archives de la Préfecture de police (APP).

[28] Dépêche 179 de Léon Noël, Varsovie, 8 avril 1936, SDN 1918-1940, 2169, MAE.

[29] Rapport Nac, Paris, 11 octobre 1938, SDN 1918-1940, vol. 2174, MAE.

[30] Souhaitant l’unité du bassin charbonnier et métallurgique, le futur roi industriel et financier de la Tchécoslovaquie préférait le confier à Prague, plus sûre, Segal Paul H., The French State and French private investment in Czechoslovakia, 1918-1938 : a study of economic diplomacy, New York, Garland, 1987, p. 55-67.

[31] Rapport Z1.110/Pol. d’Hoffinger, 27 août 1934, souligné dans le texte, traduction, 7 N 3024, SHAT. Sibilia, Vatican, index.

[32] EMA DB, P/a, 22124, 22141, 8, 9 juillet, et Depas 1095, 29 septembre 1935, 7 N 3024, SHAT.

[33] DGFP, D, II, p. 770-771, 849-850, 861-863, 915-918, etc.

[34] Rapport Musse 98/S, 21 septembre 1938, 7 N 3107, SHAT.

[35] Hénaff, 25e Congrès confédéral CGT, novembre 1938, p. 274.

[36]. Tél. 1124 Bullitt, Paris, 26 septembre 1938, Foreign Relations of the United States (FRUS) 1938, I, p. 668-669.

[37] Dépêche 891 de l’ambassadeur Corbin, Londres, 10 octobre 1938, SDN 1918-1940, 2174, MAE.

[38] Dépêche 131 de Triat, consul de France à Poznan, 21 octobre 1938, SDN 1918-1940, 2174, MAE.

[39] Dépêche 942 d’Adrien Thierry, Bucarest, 7 décembre 1938, SDN 1918-1940, 2174, MAE.

[40] Télégramme 1282 de Léon Noël, Varsovie, 8 décembre 1938, SDN 1918-1940, 2174, MAE.

[41] RG, 17 mars, BA 1951, PRNS, 20 avril 1939, GA, T6, archives de la Préfecture de police (APP).

[42] Lettre confidentielle et personnelle à Daladier, Saint André de Mareuil sur Lay (Vendée), 6 septembre 1939, 5 N 581, SHAT.

[43] Dépêche 2309 de Palasse, Moscou, 5 juillet 1939, et article traduit, 7 N 3123, SHAT.

[44] « Note sur l’appui qui pourrait éventuellement être demandé à l’URSS » jointe à la lettre 485 2/RMA de Maurin à Laval, 8 avril 1935, URSS 1930-1940, 928, MAE.

[45] Rapport Doumenc (citations comprises), 7 N 3185, SHAT. Détails, Choix, p. 495-503, et Munich, p. 159-168 (archives françaises et britanniques).

[46] Geoffrey Roberts, The unholy alliance : Stalin’s pact with Hitler, Londres, Tauris, 1989; The Soviet Union and the origins of the Second World War. Russo-German relations and the road to war, 1933-1941, New York, Saint Martin’s Press, 1995; Michael Carley, 1939; Lacroix-Riz, Choix et Munich.

[47] Entretien avec Daladier et Léger, tél. 1543 Bullitt, Paris, 22 août, FRUS, 1939, I, p. 301-304.

[48] Note État-major, anonyme, 15 septembre 1938, N 579, SHAT.

[49] Tél. 897 Bullitt, Paris, 28 avril, FRUS, 1939, I, p. 179-182, depuis le 4 mai 1939, DBFP3,5, p. 411 sq.,Vatican, p. 382-384 (et Choix et Munich).

[50] Rapport Guariglia, Paris, 12 juillet 1939, Documenti Diplomatici italiani, 8e série, XII, p. 413-414.

[51] Stachiewicz à Musse, 2 ou 3 septembre 1939, cité au procès Pétain, 31 juillet 1945, F1 a 3310, AN.

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 14:31
Caroline Andréani

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ce que veut cacher le Mur de la propagande


5 novembre 2005

Pour tous ceux qui ne réussissent pas à échapper au déferlement idéologique anti-communiste qui prévaut depuis quelques semaines à l’occasion des 20 ans de la « chute du Mur de Berlin », il faut rappeler que l’effondrement des régimes communistes en URSS et en Europe de l’Est a eu de multiples conséquences désastreuses, pour ces pays et pour le monde entier. Il faut être bien aveugle pour se réjouir de la fin de cette expérience à nulle autre pareille dans le monde : il n’est que voir où le capitalisme triomphant mène la planète !

Les communistes non repentis ont tout intérêt à faire un état des lieux des conséquences immédiates et à moyen terme de cet effondrement. Cela suffirait à réfréner bien des ardeurs, si la posture des pseudo journalistes et de la kyrielle des experts n’était pas avant tout idéologique. Certes, avec l’effondrement des pays de l’Est, les communistes ont perdu une bataille idéologique. Mais la situation que vous vivons actuellement est la preuve que le capitalisme est système mortifère qu’il faut détruire.

*- l’effondrement des régimes d’Europe de l’Est et de l’URSS a permis au capitalisme de bénéficier une bouée d’oxygène, grâce au pillage de ces pays.* Ne nous y trompons pas : même si ils ont dénoncé l’arriération économique qui prévalait selon eux dans ces pays, les capitalistes ont fait main basse sur les matières premières, les terres agricoles, les entreprises industrielles, les cadres et techniciens, les chercheurs, les ouvriers, etc. Tout ce qui pouvait l’être a été démantelé, racheté à bas coût, spolié… Il y avait donc, contrairement à ce que l’on nous dit, des richesses dans ces pays.

A n’en pas douter, sans l’effondrement de l’URSS et des pays d’Europe de l’Est, la crise du système capitaliste que nous connaissons aujourd’hui aurait certainement eu lieu 15 ans plus tôt.

*- la première d’Irak (1990-1991) a éclaté dans ce contexte*, alors que Bush père ne connaissait plus aucune entrave à sa politique belliciste. Il s’agissait pour les États-Unis triomphants d’instaurer une nouvelle ère politique et militaire, basée sur la peur d’une intervention militaire unilatérale des États-Unis et de leurs alliés.

Au niveau international, l’équilibre entre les grandes puissances disparu, de nombreux conflits ont éclaté pour le plus grand malheur des peuples. La mondialisation, dans toutes ses dimensions d’exploitation sans frein, de guerre à outrance, d’écrasement des expériences progressistes à travers le monde, de régression sociale en Europe occidentale, est la conséquence directe de cet effondrement.

*-le dépeçage de la Yougoslavie, la guerre de Bosnie, la guerre du Kosovo sont également la conséquence de l’effondrement de l’URSS*. Cette agression impérialiste en plusieurs temps (reconnaissance de l’« indépendance » de la Slovénie et de Croatie unilatéralement par l’Allemagne en décembre 1991, puis guerre de Bosnie (à partir de 1992), puis agression de l’OTAN contre le Kosovo de 1999), visant à démanteler un État souverain, à le réduire à quelques entités régionales basées sur une conception étroitement ethnique, avait pour but d’ouvrir la Yougoslavie au capitalisme et de démontrer à la Russie qu’elle n’était plus qu’une puissance de 2e rang incapable d’empêcher la communauté internationale de déclencher une guerre à ses portes contre un de ses alliés.

*-sans parler du délitement social des pays de l’Est et de la Russie. *

— Première conséquence, *l’émergence et le renforcement de mafias extrêmement puissantes*, qui ont accompagné et tiré profit du passage d’une économie de type socialiste au capitalisme. Pour ne citer que les plus connues, la mafia russe et la mafia albanaise. Elles ont organisé les trafics en tous genres : trafics d’armes, trafics d’êtres humains (prostitution, trafics d’organes), trafic de drogues… et prospèrent toujours actuellement.

— Deuxième conséquence, *la mise en place d’un personnel politique corrompu, acquis à la nouvelle idéologie, et participant allègrement au dépeçage de leurs pays*. On peut citer au premier chef Eltsine, voyou alcoolique, qui reste un modèle de corruption. Le processus a été identique dans de nombreux autres pays, avec une attitude absolument écœurante du personnel politique du monde occidental, à la fois complice et profiteur de la situation.

— Troisième conséquence, pour les peuples : *le bouleversement de l’organisation sociale et la* *paupérisation extrême des plus précaires*. L’effondrement des pays de l’Est a eu pour conséquence un remodelage complet des sociétés de ces pays, qui s’est traduit par une régression énorme du niveau de vie général, par la perte dans les acquis sociaux généraux (travail pour tous, logement pratiquement gratuit, accès à la santé, à l’éducation, etc.), et par la précarisation extrême des plus fragiles. On peut citer le cas des retraités russes, obligés de mendier, de trouver de petits boulots pour survivre, et la situation est identique dans tous les pays d’Europe de l’Est.

On peut citer ces cadres russes et d’Europe de l’Est, prêts à n’importe quoi pour survivre, acceptant de se dévaloriser pour obtenir du travail. Mais aussi tous ces travailleurs migrants, qui bien que qualifiés, acceptent de travailler dans n’importe quelles conditions à l’ouest pour envoyer de l’argent à leurs familles.

On pourrait aussi citer les attaques frontales contre les droits de femmes : en Pologne, le droit à l’avortement a disparu. En Allemagne de l’Est, la disparition des crèches a pour conséquence directe la chute du taux de natalité, etc.

— Quatrième conséquence : *le retour des exclusions contre les peuples tsiganes et roms*. Si autant de tsiganes roumains, yougoslaves, tchèques, slovaques… viennent en France, c’est parce que ces peuples, protégés jusqu’à l’effondrement du Mur de Berlin, ont été chassés sans ménagement de leurs terres, des emplois qu’ils occupaient, des logements où ils vivaient, marginalisés, persécutés, et finalement contraints à l’exil.

— Cinquième conséquence : *l’ouverture de ces pays au capitalisme sans frein*. Depuis une quinzaine d’années, les entreprises d’Europe occidentale jouent à « saute-mouton » dans les divers pays d’Europe de l’Est et en Russie, créant une entreprise ici, la fermant dès que les salaires augmentent pour délocaliser ailleurs. Dans le même temps, les entreprises de l’agro-alimentaire font main basse sur les terres agricoles, les cheptels, etc.

Cette stratégie est mieux contenue en Russie depuis la restauration d’un régime fort qui a brisé les ailes de profiteurs locaux (mise en prison de certains oligarques, démantèlement d’empires industriels constitués par le pillage dans les années 90).

— Sixième conséquence : * le développement d’une idéologie anticommuniste viscérale*, *assimilant communisme et nazisme*. Cette idéologie se diffuse :

— -dans les anciens pays de l’Est : par exemple, dans les Etats baltes, les nazis ont été réhabilités ainsi que les collaborateurs qui ont participé sous l’uniforme SS aux massacres et à l’extermination de leurs peuples, des Russes et des Juifs. Dans les manuels scolaires, on réécrit l’histoire en faisant de ces collaborateurs des héros ! Quant aux symboles de la libération, ils ont été détruits (monuments commémorant la victoire de l’Armée rouge en 1945) ou déplacés (comme le mémorial de Tallinn commémorant la victoire de l’Armée rouge sur le nazisme, déplacé sur décision du gouvernement estonien en 2007)

— -au niveau de l’Union européenne, les parlementaires de droite et d’extrême droite mènent une offensive pour obtenir la criminalisation du communisme

— -dans de nombreux pays occidentaux, on participe de manière moins crue à cette réécriture. Par exemple en France, les thèses de l’historien de droite Ernst Nolte, qui assimile communisme et nazisme, sont largement diffusées comme une évidence, notamment par le biais de l’enseignement de l’histoire dans le secondaire.

Dans tout cela, il faudrait également caser l’indemnisation des aristocraties chassées par les régimes communistes dans les années 40, la récupération des châteaux, propriétés de famille, œuvres d’art de ces aristocraties, et même l’indemnisation des anciens nazis de retour au bercail.

Décidément, nous avons beaucoup de choses à dire sur l’effondrement du Mur de Berlin !

La liste est longue : n’hésitez pas à la compléter.

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 14:27

Barack Obama, président américain

Par Veronika Kracheninnikova, RIA Novosti

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Dans les années 1980 aux Etats-Unis, l'administration Ronald Reagan avait mis en œuvre un "Plan de destruction économique et financière de l'Union soviétique". Quel est aujourd'hui le projet de l'administration Obama, pour qui Reagan est un modèle?

J'ai étudié de près la stratégie de l'administration Reagan pour la destruction de l'Union soviétique. Pendant de longues interviews, j'ai appris de la part des membres de son administration, dont son directeur pour la politique économique, comment le Conseil de sécurité nationale des USA avait commencé à élaborer le "Plan de destruction économique et financière de l'Union soviétique", en 1981.

Hormis les éléments purement économiques, ce document incluait également des mesures militaires, ainsi qu'une guerre idéologique et psychologique. Au fur et à mesure de la réalisation du plan, Washington faisait impitoyablement pression sur les partenaires européens - il les brisait littéralement. Le plan de Reagan était si secret que seule une douzaine d'hommes de Washington étaient au courant de son contenu. Même le vice-président George Bush n'en faisait pas partie – ses intérêts pétroliers allaient à l'encontre de l'un des points du plan: un complot avec l'Arabie saoudite pour faire chuter les cours de l'or noir. Certains aspects de la stratégie de Reagan, notamment concernant les hydrocarbures, ont commencé à être évoqués à une réunion de la Communauté des experts mi-mai.

Après les événements auxquels nous avons assisté depuis le début de l'année 2014, il ne fait plus aucun doute que Washington a commencé à réaliser un plan visant à "mutiler" la Russie, voire à la "détruire". De toute évidence, ce plan inclut les outils les plus variés: des sanctions économiques au soutien des ultranationalistes en passant par le recours aux sectes religieuses. La cause du lancement de ce scénario ne réside pas uniquement dans la position de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine. Il y a deux semaines, Washington grinçait des dents en regardant les Brics annoncer la création d’institutionsinternationales alternatives – le risque le plus systémique pour les intérêts des Etats-Unis.

Et cela ressemble fortement au risque face auquel les USA tentent toujours de se prémunir: l'apparition d'un Etat ou d'un groupe de pays capables de lancer un défi à la domination mondiale de Washington. Ajoutez au sommet des Brics la tournée du président russe Vladimir Poutine en Amérique latine, qui a forcément été interprétée par Washington comme le "retour des Soviets": et tout devient plus clair.

La semaine prochaine, nous publierons des informations plus détaillées sur les actions de l'administration Reagan et sur ce qu'on peut attendre aujourd'hui de l'administration Obama. Un président qui, malgré son orientation politique différente, considère Ronald Reagan comme son idole.

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 20:43

En 1961, les communistes de Berlin-Est avaient construit un mur afin d’empêcher leurs concitoyens opprimés de s’évader vers Berlin-Ouest et la liberté. Pourquoi ? Parce que les rouges n’aiment pas que les gens soient libres, ni qu’ils sachent la « vérité ». Quelle autre raison y aurait-il eu ?

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D’ici quelques semaines, on peut s’attendre à ce que bien des médias occidentaux fassent tourner leurs moulins à propagande pour commémorer le 20e anniversaire de la démolition du mur de Berlin (9 novembre 1989). Ils vont nous ressortir toutes les resucées de la guerre froide sur le monde libre opposé à la tyrannie communiste et nous narreront une fois de plus l’histoire simpliste de la façon dont le mur a vu le jour.

Tout d’abord, avant le mur, des milliers d’Allemands de l’Est avaient fait quotidiennement la navette vers l’Ouest pour travailler et, le soir, ils retournaient à l’Est. Par conséquent, on ne les retenait aucunement à l’Est contre leur gré. Le mur fut construit avant tout pour deux raisons :

1. L’Occident diabolisait l’Est par le biais d’une vigoureuse campagne de recrutement d’hommes de métier et de travailleurs hautement qualifiés de l’Allemagne de l’Est, lesquels avaient été formés aux frais du gouvernement communiste. Cela se traduisit finalement à l’Est par une grave crise de main-d’œuvre et de production. En guise d’indication, le New York Times écrivait en 1963 : « À cause du mur, Berlin-Ouest a souffert économiquement de la perte d’environ 60.000 travailleurs qualifiés qui, chaque jour, quittaient leur domicile de Berlin-Est pour se rendre au travail à Berlin-Ouest. »[1]

2. Dans les années 1950, les hommes de la guerre froide en Allemagne de l’Ouest lancèrent une violente campagne de sabotage et de subversion contre l’Allemagne de l’Est en vue d’enrayer au maximum l’appareil économique et administratif de ce pays. La CIA et d’autres services de renseignement et de l’armée recrutèrent, équipèrent, entraînèrent et financèrent des groupes d’activistes et des individus de nationalité allemande, de l’Ouest comme de l’Est, pour qu’ils mènent des actions en tous genres, allant du terrorisme à la délinquance juvénile, en bref, tout ce qui pouvait rendre la vie pénible aux citoyens est-allemands et miner leur soutien au gouvernement ou donner la plus mauvaise image qui soit aux communistes.

Ce fut une remarquable entreprise. Les États-Unis et leurs agents recouraient aux explosifs, provoquaient des incendies, des courts-circuits et usaient d’autres méthodes encore pour endommager centrales électriques, chantiers navals, canaux, docks, bâtiments publics, gazomètres, transports en commun, ponts, etc. Ils faisaient dérailler des trains de marchandises, blessant gravement des travailleurs ; un jour, ils incendièrent douze wagons d’un autre train de marchandises. Ils détruisaient des stations d’air liquide ou autres ; se servaient d’acides pour endommager les machines vitales de certaines usines, jetaient du sable dans la turbine d’une autre, la forçant à l’arrêt. Ils mirent le feu à une tuilerie. Ils encourageaient le ralentissement des cadences dans des ateliers. Ils tuèrent par le poison 7.000 vaches d’une laiterie coopérative. Ils ajoutaient du savon au lait en poudre destiné aux écoles est-allemandes. Quand on les arrêta, ils étaient en possession d’une quantité importante de cantharidine, à l’aide de laquelle ils avaient l’intention d’empoisonner des cigarettes destinées à tuer des Allemands de premier plan. Ou encore ils déclenchaient des bombes puantes pour semer la pagaille dans des meetings politiques. Un jour, ils tentèrent de perturber le Festival mondial de la jeunesse à Berlin-Est en envoyant de fausses invitations, de fausses promesses de gratuité du gîte et du couvert, de faux avis d’annulation, etc. Ils agressèrent même des participants au festival à l’explosif, à la bombe incendiaire ou en recourant à des dispositifs pour crever les pneus de voitures. Ils fabriquaient et distribuaient de fausses cartes de ravitaillement en vue de créer la confusion, de provoquer des pénuries et ainsi le mécontentement de la population. Ils envoyaient de faux avis de taxation et autres directives et documents de l’État pour stimuler la désorganisation et la foire d’empoigne dans l’industrie et les syndicats… Et la liste est loin d’être terminée. [2]

Tout au long des années 1950, les Allemands de l’Est et l’Union soviétique introduisirent un nombre incalculable de plaintes auprès des anciens alliés occidentaux de l’URSS ainsi qu’auprès des Nations unies à propos d’actes spécifiques de sabotage et d’activités d’espionnage ; ils réclamèrent également la fermeture des bureaux en Allemagne de l’Ouest qu’ils tenaient pour responsables, en fournissant même des noms et des adresses. Toutes ces plaintes furent lettres mortes. Inévitablement, les Allemands de l’Est se mirent à resserrer de plus en plus les entrées dans le pays à partir de l’Ouest.

N’oublions pas que l’Europe de l’Est est devenue communiste parce que, avec l’approbation de l’Occident, Hitler l’utilisa comme une autoroute pour atteindre l’Union soviétique et balayer à jamais le bolchevisme. Après la guerre, les Soviétiques furent bien décidés à fermer cette autoroute.

En 1999, la revue américaine USA Today écrivait : « Quand le mur de Berlin s’est écroulé, les Allemands de l’Est ont imaginé une vie de liberté où les biens de consommation étaient abondants et où les épreuves allaient disparaître. Dix ans plus tard, chose remarquable, 51 % d’entre eux disent qu’ils étaient plus heureux sous le communisme. » [3]

C’est à peu près au même moment qu’un nouveau proverbe russe vit le jour : « Tout ce que les communistes ont dit du communisme était mensonger, mais tout ce qu’ils ont dit du capitalisme s’est avéré exact. »

Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig’Action

Source : Killing Hope

Notes

1- New York Times, June 27, 1963, p.12 2- See Killing Hope, p.400, note 8, for a list of sources for the details of the sabotage and subversion 3- USA Today, October 11, 1999, p.1 ↩1-

2 Messages de forum

 

  • 21 octobre 2009 09:15, par Lisa SION

    Je vous remercie pour ce rappel et j’ai pris soin d’en extraire un court passage ayant bien pris soin d’y inclure votre lien direct. C’est votre article qui a déclenché chez moi l’envie de me souvenir de ce court répit qui a fait naitre un début d’espoir entre le 9 novembre 89 et le 15 janvier 91, date de la première guerre du golfe qui devait, par un solide soutien médiatique être court et propre...

    Ca fait vingt ans que l’occident est enlisé dans cette fange et en plus, grâce à notre président casse toi pauv con, c’est reparti avec l’Iran...

    Beurk !

    • Pourquoi le Mur ?23 octobre 2009 17:09, par Joseph

      Berlin se trouve au milieu de la République démocratique allemande, à exactement 180 kilomètres à l’est de sa frontière occidentale. Une localisation tout à fait normale pour la capitale d’un Etat. Mais une chose n’est pas normale du tout : c’est qu’une politique hostile, subversive et des actes perturbateurs contre le territoire d’Etat entourant Berlin aient continué pendant des années à partir de la partie occidentale de cette ville.

      Mon texte complet à l’adresse suivante : http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/pages/LE_MUR_EXPLIQUE_PAR_LES_RESPONSABLES_DE_LA_RDA-1899144.html

      Voir en ligne : LE MUR EXPLIQUE PAR LES RESPONSABLES DE LA RDA

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 18:07
Par Iouri Gorodnenko, politologue ukrainien, pour RIA Novosti

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Probablement aucun pays européen n'a connu autant de scandales que l'Allemagne ces derniers temps - entre Snowden qui a dévoilé les écoutes américaines de masse en Allemagne (y compris de la chancelière), un espion américain arrêté et une sous-secrétaire d'État américaine se permettant d'envoyer l'Europe se faire balader au téléphone avec l'ambassadeur américain en Ukraine.

Aujourd'hui, le monde entier est horrifié d'apprendre comment la chirurgienne allemande Olga Wieber a passé commande auprès du député "populaire" ukrainien de la fraction Patrie, Sergueï Vlassenko, pour 17 cœurs, 50 reins, 35 foies, 30 pancréas et 5 poumons qui devaient être "prélevés" sur les corps des prisonniers du Donbass encore en vie.

Réunification de l'Allemagne: triomphe de la démocratie ou véritable Anschluss?

La chute du Mur de Berlin et la réunification de l'Allemagne est l'un des plus grands événements dans la construction de l'Europe contemporaine.

Toutefois, on oublie que même le dictateur Hitler qui avait annexé l'Autriche (Anschluss) en 1938, avait organisé un référendum (99,08%  avaient voté pour en Allemagne et 99,75% en Autriche). Alors que les politiciens démocrates d'Allemagne de l'Ouest ont oublié de demander leur avis aux Allemands quand la RDA et la RFA ont fusionné en 1990.

Le traité d'unification de l'Allemagne du 31 août 1990 a été ratifié par la Chambre du peuple de la RDA. Mais exprimait-elle à l'époque la volonté de tous les Allemands?

Laissons de côté le fait que les élections se soient déroulées à l'encontre de la législation de la RDA. Elles sont d'abord fixées en mai, mais à sept semaines de leur déroulement (28 janvier 1990) on change d'avis sous la pression de l'opposition et elles sont avancées au 18 mars 1990. Mais les Allemands ont, pour une raison qu'on ignore, oublié qu'un vote aussi fatidique devait avoir une base juridique minutieusement préparée – la législation électorale.

Les premières élections "démocratiques" se tiennent dans le contexte d'une discréditation sans précédent du successeur du Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED) – le Parti du socialisme démocratique (PDS). Néanmoins, il se place troisième avec 16,4% des voix.

Puis c'est au tour des sociaux-démocrates. Les sondages leur donnaient une victoire certaine mais, selon Washington, le parti était "coupable" d'être favorable au statut neutre de l'Allemagne – c'est-à-dire à sa sortie de l'Otan. Au final, à quelques jours des élections, la direction du parti a subi une puissante attaque médiatique et s'est vue accusée de liens avec la Stasi.

Résultat des courses, les partisans de l'euro-atlantisme – les chrétiens-démocrates – arrivent premiers avec 40,8% de votes. Les sociaux-démocrates d'Allemagne de l'Est ont tellement été discrédités qu'ils ont été contraints de soutenir l'adhésion de la RDA et de la RFA à l'Otan.

L'écrivain allemand Schneider a écrit un livre intitulé "Révolution avortée". Il dénonce les infractions des procédures électorales et l'ingérence directe du gouvernement de la RFA dans le déroulement du vote. Et les cas sont nombreux. L'URSS s'effondrait à l'époque et il était inutile de se gêner pour violer même ses propres règles. Tous les coups sont permis quand il s'agit du triomphe des "valeurs européennes".

Le règlement du problème de la RDA se distingue d'un autre cas de l'histoire européenne. Après la Première Guerre mondiale, la Sarre a été occupée pendant plusieurs années par les Français. Un État indépendant a été de facto créé sur son territoire – Saarland. Il a même participé aux JO sous son propre drapeau.

Les États-Unis et le Royaume-Uni prônaient l'annexion de la Sarre à la France (au sujet des "alliés" des Allemands, à la fin des années 1980 ces mêmes pays s'opposaient à l'unification et au renforcement de l'Allemagne). En 1955, la Sarre est forcée à organiser un référendum, mais 65% des habitants votent contre l'adhésion à la France. Un autre référendum a révélé que la majorité préférerait adhérer à la RFA.

Et seulement le 1er janvier 1957, après un débat public enflammé, la Sarre est rattachée à l'Allemagne de l'Ouest. De toute évidence, rien ne pressait. D'ailleurs, les Français n'y ont pas abandonné leurs biens, comme l'Union soviétique en RDA, et ont forcé les Allemands à signer une liste d'exigences allant jusqu'à l'engagement d'enseigner le français comme première langue vivante (c'est encore le cas aujourd'hui).

Qui est qui aujourd'hui en Allemagne

Lothar de Maizière, dernier premier ministre de la RDA, était en 1990 à la tête des chrétiens démocrates d'Allemagne de l'Est. Le Parti social-démocrate de la RDA était dirigé par Ibrahim Böhme. Ces individus ont, de fait, mis en œuvre la réunification des deux Allemagnes.

Mais les véritables auteurs de la "réunification" ne l'ont pas apprécié. En octobre 1990, peu de temps avant la disparition de la RDA, Joachim Gauck est nommé commissaire fédéral pour les archives de la Stasi. Les médias ont immédiatement commencé à diffuser des informations discréditant de Maizière, Böhme et d'autres sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates d'Allemagne de l'Est – soi-disant tous des anciens "agents de la RDA".

Cette manipulation a poussé Lothar de Maizière et Böhme à la démission. Le leader du Renouveau démocratique Wolfgang Schnur a suivi leur exemple. Au même moment, on a propulsé Angela Merkel - surnommée d'ailleurs "petite fille de Köhl" - qui a fait fusionner ce parti avec la CDU d'Allemagne de l'Ouest.

Plus tard, elle participera à l'évincement et à la discréditation du principal auteur de l'Allemagne unie. Aujourd'hui, elle est chancelière et alliée des USA.

La divulgation des informations compromettantes contre de Maizière, Böhme et Schnur n'aurait pas été possible sans que le ministre de l'Intérieur de la RFA Wolfgang Schäuble soit au courant. Aujourd'hui, il est ministre des Finances et a de l'influence sur la formation des budgets nationaux de tous les pays de l'UE. Gauck est président.

En entendant leurs déclarations russophobes, on commence à se demander s'ils n'ont pas pour mission de surveiller Merkel, qui n'est pas toujours prévisible. Auraient-ils aujourd'hui pour objectif de dévoiler des "informations compromettantes nécessaires" si Washington se mettait à douter de sa loyauté?

Cette Allemagne a été créée sous les slogans de l'unité de la nation allemande, le triomphe des "valeurs européennes" après la chute du Mur. Est-elle devenue plus libre, meilleure, plus belle? Les scandales qui bouleversent la société allemande ces derniers temps font douter de la réponse à cette question.

Pendant sa brillante intervention au Bundestag en juin 2014, la députée de Die Linke Sahra Wagenknecht a cité l'historien et sociologue Emmanuel Todd: "Inconsciemment les Allemands occupent à nouveau un trône qui mène à une catastrophe pour les autres Européens, et un jour pour eux-mêmes".

En commençant la construction d'une "société heureuse" sur la duperie de sa propre population et la fraude, tôt ou tard on se perd dans les labyrinthes de sa propre dualité - avant de tout perdre complètement.

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 15:46

8 mai - Hommage traditionnel de la Coordination Communiste aux soldats soviétiques du cimetière nordiste d’Haubourdin, à l’Armée Rouge et à l’URSS, principal contributeur de la victoire contre la barbarie nazie !

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Cher(e)s ami(e)s, Cher(e)s camarades,

Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage, d’une part aux martyrs soviétiques morts en France entre 1940 et 1945, et d’autre part aux soldats des troupes coloniales morts pour la libération de la France.

Plus largement, venir ici à Haubourdin le 8 mai, chaque année depuis une douzaine d’années, c’est notre façon à nous, Coordination Communiste pour la reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire, de célébrer le 8 mai 1945, date de la capitulation finale de l’Allemagne nazie, date de la victoire des peuples contre le nazisme. Et cet hommage, cette année, prend un relief particulier, non seulement parce qu’à l’heure du 70ème anniversaire du « débarquement de Normandie », nous allons entendre chanter les louanges des Etats-Unis d’Amérique…. et nos médias vont oublier le rôle décisif joué par l’URSS dans la victoire ; mais aussi bien sûr par rapport à l’actualité en Ukraine aujourd’hui où le fascisme relève la tête, avec l’appui des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union Européenne, interdisant même la commémoration de la Victoire de mai 1945.

A Haubourdin, dans ce cimetière militaire, sont rassemblés plus de 200 tombes de partisans soviétiques morts sur le sol français pour la défaite du nazisme et la libération de la France de l’occupation.

Qui étaient ces citoyens soviétiques ?

Pour l’essentiel, il s’agissait de prisonniers de guerre, militaires mais aussi civils, arrêtés par les Allemands sur le front de l’Est et transférés ici en France pour servir de main d’œuvre et participer à la construction du Mur de l’Atlantique ou à d’autres ouvrages défensifs. Il y avait aussi parmi eux des immigrés russes antifascistes, qui travaillaient notamment dans les mines de notre région et qui, dès mai 1941, participèrent à la grande grève des mineurs, acte massif de la résistance de la classe ouvrière.

Ils participèrent directement à la Résistance intérieure, organisés pour l’essentiel dans deux organismes : d’une part l’Union antifasciste des patriotes russes, centrée sur l’immigration russe en France ; d’autre part le Comité Central des Prisonniers de Guerre Soviétiques.

Il faut rappeler que les premières organisations clandestines des prisonniers de guerre soviétique furent créées au début d’octobre 1942 dans le camp de Beaumont-en-Artois dans le Pas-de-Calais. L’un des héros les plus connus dans notre région, c’est le lieutenant Vassyl Poryk, qui dirigera un groupe de partisans soviétiques FTP dans le Bassin Minier. L’activité pratique de ces résistants soviétiques consistait à organiser des actes de sabotages et de diversion dans les mines et à mener le travail de propagande et d’agitation parmi les prisonniers des camps en diffusant les communiqués et autres informations venant de l’Union Soviétique.

Rappelons qu’à la dernière étape de la libération de la France, jusque 10 000 Soviétiques formaient 55 détachements, sans compter les centaines de soviétiques intégrés dans des détachements soviéto-français ou internationaux. Dans le Nord-Pas-de-Calais, 10 détachements soviétiques ont combattu les occupants.

Ces héros ont contribué à notre libération. Ils ont été l’expression vivante de l’alliance libre des peuples libres qu’a signifiée l’alliance antifasciste contre le nazisme.

Chers amis, Chers camarades,

Rendre hommage à ces partisans soviétiques morts en France, c’est aussi, à travers eux, rendre hommage à l’URSS, qui a perdu 25 millions de ses enfants dans cette grande boucherie de la deuxième guerre mondiale.

En cette année du 70ème anniversaire du débarquement de Normandie, il nous faut rappeler ici quelques vérités montrant l’apport décisif de l’Armée Rouge dans la victoire contre le nazisme.

Au final, sur 783 divisions allemandes ayant participé aux différents fronts de la guerre, 670 ont été détruites par l’Armée Rouge. 75% des avions, des pièces d’artillerie, des blindés allemands ont été détruits par l’Armée Rouge. 80% des victimes allemands l’ont été sur le front germano-soviétique.

C’est l’Armée Rouge qui a brisé l’armée nazie et qui a fourni l’effort principal pour la libération de l’Europe.

Bien sûr le débarquement de Normandie a joué son rôle – il s’agissait de ce « second front » tant attendu par les Soviétiques pour les soulager un peu de l’effort principal qu’ils supportaient depuis 1941. Mais rappelons qu’encore en juillet 44, après donc le débarquement, l’Allemagne avait mobilisé 60 divisions à l’Ouest en France et en Italie, mais devait encore maintenir 235 divisions contre l’Armée Rouge.

En juin 45, le New York Herald Tribune devait reconnaître : « l’Armée Rouge a été de fait l’armée qui a libéré l’Europe et la moitié de notre planète en ce sens que sans elle, et sans les immenses sacrifices consentis par le peuple russe, la libération du joug cruel du nazisme aurait été tout simplement impossible ».

Nous ne devons pas oublier cette histoire, nous ne pouvons pas l’oublier.

Chers amis, chers camarades,

Nous ne pouvons oublier non plus la réalité de ce qu’a enduré l’Union Soviétique sur son sol, et la réalité des crimes fascistes. Et nous sommes ainsi d’autant plus choqués de voir la réhabilitation ouverte du fascisme en Ukraine aujourd’hui, qui interdit la commémoration du 8 mai (9 mai) et chassent les députés communistes du Parlement, et les crimes organisés par ces bandes, avec le soutien ou le silence complice des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union Européenne et de l’essentiel des forces politiques de la droite et de la gauche social-démocrate. Nous pensons en particulier aux victimes du massacre commis dans la Maison des Syndicats à Odessa le vendredi 2 mai dernier, qui a fait un nombre de victimes difficilement chiffrable (et ce d’autant plus que le Procureur en charge de l’enquête est membre de Svoboda le parti fasciste) mais les camarades sur place estiment à près de 300 le nombre de victimes dont plus de 40 morts. Pour eux, je vous demande 1 minute de silence.

Chers amis, chers camarades,

Je veux vous parler de l’Ukraine et des camarades qui poursuivent aujourd’hui le combat antifasciste de leurs aînés.

Svoboda, le parti fasciste ukrainien, dont le congrès en 2004 avait comme invité d’honneur J.M. Le Pen, est un parti qui réclame ouvertement l’adhésion à l’OTAN, qui réclamait l’abolition du statut de république autonome de la Crimée, un parti qui réclame la réintroduction de la mention ethnique et religieuse des citoyens dans les documents d’identité, l’octroi de la nationalité aux seuls « ethniquement ukrainiens », la restriction de l’accès aux universités des étudiants étrangers, l’intégration dans l’UE au nom de « l’Europe des nations ». Un programme raciste et fasciste qui est d’ailleurs labellisé « désoviétisation ».

Svoboda par la bouche de Levtchenko précise en visant les citoyens ukrainiens russophones : « nous défendons les valeurs de la famille, l’Europe des nations, contre le multiculturalisme, que je considère comme une politique visant à fondre entre elles différentes cultures, ce qui n’est pas possible…Il n’est pas logique de faire cohabiter dans une même ville des cultures différentes. Cela ne peut pas marcher » (Monde Diplomatique, mars 2014). Svoboda est bien un parti fasciste, dont le nom historique est d’ailleurs « Parti National Socialiste d’Ukraine », parti qui se réclame héritier de « l’Organisation des nationalistes ukrainiens » (OUN) des années 1930 dont une fraction créa la division Waffen SS « Galicie » commémorée tous les 28 avril. Récemment, ils organisaient une manifestation de 25.000 néonazis à la gloire du chef de guerre fasciste Stepan Bandera. Mais les médias européistes ne qualifient ce parti que de « nationalistes » et non de néonazis ! Ce travestissement a été rendu possible grâce au Parlement européen qui en 2009 condamnait « les 2 totalitarismes » (fascisme et socialisme), condamnation saluée par Svoboda comme une « victoire sur le communisme ». De plus Svoboda est la prolongation idéologique radicalisée de l’ancien président Ioutchenko. En effet, celui-ci initia la réhabilitation des ex-nazis ukrainiens. Notamment, il signa un décret en 2007 de réhabilitation officielle de Bandera.

Ce parti fasciste ukrainien, qui a été le fer de lance des contre-révolutionnaires séparatistes de la place Maïdan à Kiev, a tout comme le parti nazi hitlérien, ses sections d’assaut (SA) regroupées dans Praviy Sektor (Secteur droit), dont le principal dirigeant Tarasenko se définit comme « nationaliste défendant les valeurs de l’Europe blanche et chrétienne contre la perte de la nation et la ‘déreligionalisation’ » parce que le multiculturalisme est « responsable de la disparition des crucifix et de l’arrivée des filles en burqa dans nos écoles » (Monde Diplomatique, mars 2014). Tout comme leur mentor Bandera allié de Hitler dans sa guerre contre l’URSS, le pouvoir élu ukrainien était qualifié de « mafia judéo-moscovite ».

Voilà en réalité ce que sont les amis des « démocrates » Obama, Merkel, Cameron, Hollande, Peres, Ashton, etc... Les multiples visites de Mc Cain, ex-candidat à la présidentielle des USA, de J. Kerry chef du département des affaires étrangères US et d’officiels allemands aux manifestants fascistes ukrainiens qui occupaient Kiev en sont les preuves éclatantes. Ce sont ces gens-là qui sont aujourd’hui au pouvoir, après le coup d’état de février.

Profitant que l’Ukraine avait besoin d’une aide de 20 milliards d’euros, l’UE avec l’aval US, a voulu la contraindre à un accord prédateur digne des diktats libéraux et austéritaires imposés à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne, à l’Italie et à Chypre. Suite à l’exécution par les gouvernements successifs des recettes libérales imposées par le FMI, la Banque mondiale et l’UE entre 1991 et 2012, la production d’électricité en Ukraine indépendante a chuté de 35 %, celle de la sidérurgie de plus de moitié. En 2012, la production de tracteurs ne représentait qu’environ 5% de ce qu’elle était en 1990, dans un pays où un tiers de la population vit en milieu rural et détient 20% des sols de terre noire de la planète. L’Ukraine comptait 16 grandes usines de machines-outils qui produisaient 37 000 unités en 1990, seuls trois d’entre elles tentent, aujourd’hui, de fonctionner tant bien que mal, produisant à peine 40 machines par an. Les privatisations ont touché plus de 50 000 entreprises et 45% d’entre elles sont depuis fermées. Comme le dit l’économiste ukrainienne Natalia Vitrenko : « L’Ukraine était auparavant l’un des premiers pays en matière de PIB par habitant, nous étions 11% au-dessus du PIB mondial moyen par tête. Mais notre PIB a chuté d’un tiers et dès 2012 il n’était plus que de deux tiers de ce qu’il était en 1989. Nous sommes aujourd’hui 40% en dessous du PIB mondial moyen par tête, en dessous de la Namibie… Ce que l’Ukraine a gagné au cours de ces années, c’est de la dette extérieure. Nous avons maintenant une dette extérieure qui équivaut au double de nos réserves monétaires en or. Notre dette extérieure brute s’approche des 80 % du PIB. La pire des choses est que cet effondrement a appauvri la population. Le salaire minimum en Ukraine est de 118 euros par mois ; la retraite minimum est de 86 euros par mois ».

Le gouvernement élu ukrainien de Viktor Ianoukovitch, qui recherchait jusque-là l’équilibre entre l’UE et la Russie, a adopté en novembre 2013 une position en refusant l’accord avec la l’Union Européenne et en acceptant la proposition russe d’aide immédiate de 15 milliards et de baisse d’un tiers du prix du pétrole et du gaz. Ce fut le signal de la guerre pour son renversement et qui a abouti au coup d’état de février et à l’arrivée au pouvoir de la clique pro-américaine et pro-européiste avec 1/3 des membres qui sont des fascistes. L’UE et les USA mènent donc, par pions fascistes interposés, une lutte pour la « liberté » de piller, de mettre un peuple aux ordres dans le seul but de faire des profits et d’encercler la Russie qui contrarie objectivement leur rapacité impérialiste.

Chers amis, chers camarades,

Il faut rappeler que la collaboration avec les nazis des nationalistes ukrainiens, dont se réclament aujourd’hui Svoboda et les autres groupes fascistes ukrainiens, s’est déroulée des années trente jusqu’à la guerre totale pour « l’espace vital » des nazis contre l’URSS de 1941 à 1945. L’ouest du pays était alors administrée par la Pologne fasciste depuis 1920, après avoir été intégrée à l’Empire austro-hongrois jusqu’en 1918. Les membres de l’OUN (l’organisation des nationalistes ukrainiens) étaient formés par les Sections d’Assaut (SA) du parti Nazi de Htiler. En 1938, sont créés, par l’Abwehr, le service de renseignement de la Wehrmacht, des centres d’entraînement, en vue de la création d’une cinquième colonne en Pologne et en Union soviétique dans lesquels sont formés des groupes fascistes ukrainiens.

En 1940, avec l’aide de l’Abwehr, l’OUN organise des groupes de sabotage et d’intoxication pour manipuler les populations ukrainiennes. En 1941, l’OUN et son dirigeant, Stepan Bandera, participent à l’agression du Reich contre l’URSS. En uniforme de l’Armée rouge, ils commettent nombre d’assassinats ciblés contre les officiers du NKVD, cherchent à désorganiser la circulation et à dynamiter des objectifs stratégiques. En juin – juillet et août 1941 avant même l’arrivée des Allemands en Ukraine, en supplétifs des Einsatzgruppen, les fascistes de l’OUN massacrent les Juifs. Des milliers de fascistes de l’OUN serviront comme gardiens dans les camps d’Auschwitz, Treblinka et Belzec. L’OUN participe activement à l’exécution de prisonniers de guerre soviétiques et des communistes.

Stepan Bandera, leur chef, va reprendre du service en 1943 après Stalingrad. Il forme en mars 1943 la division SS « Galicie ». Elle comptera 26 000 hommes ! Les SS ukrainiens appuyèrent en 1944 la garde fasciste slovaque contre les partisans. A la fin de la guerre, l’OUN, dans laquelle seront reversés les effectifs rescapés de la SS « Galicie » continuèrent de semer la terreur, jusque dans les années cinquante à l’ouest du territoire de l’Ukraine soviétique. Bandera fut ensuite recruté par les Services secrets britanniques avant d’intégrer en 1956 les services de renseignements de RFA, la BND, alors dirigée par le général Reinhardt Gehlen, ancien chef des services de renseignement militaire nazi pour le front oriental pendant la Deuxième Guerre mondiale.

L’occident recycla ainsi les nazis et les fascistes des différents pays européens pour les mettre au service de son projet de restauration du capitalisme en URSS qui surviendra dans les années 1989 et 1990.

Nous sommes donc aujourd’hui loin du « plus jamais ça » déclamé bruyamment lors du procès de Nuremberg jugeant les auteurs fascistes de plus de 50 millions de morts entre 1939 et 1945 dont plus de 25 millions de Soviétiques. Ce que l’histoire officielle a caché, c’est qu’après Stalingrad en 1943, le chef de fil de l’occident capitaliste, les USA, a recruté les réseaux nazis et fascistes en débandade pour les mettre au service de la contre–révolution bourgeoise qui, finalement, triompha temporairement dans les années 90 avec la défaite de l’URSS. Et à la faveur de la crise du capitalisme, on assiste au relèvement des partis fascistes partout en Europe. Le combat de nos aînés n’est donc pas fini.

Cher(e)s ami(e)s, Cher(e)s camarades,

Pour continuer le combat contre le fascisme, la guerre et le capitalisme, nous ne pouvons pas être amnésiques. Nous devons nous inspirer du courage de ceux qui nous ont précédés. Nous sommes des nains assis sur des épaules de géants.

Nous nous inclinons aujourd’hui devant l’héroïsme de ces partisans soviétiques, morts loin de leur patrie socialiste pour la libération de l’humanité du joug nazi. Honneur aux combattants soviétiques ! Honneur aux martyrs !

»» http://cercles.communistes.free.fr/cc5962/publi.php++cs_INTERRO++idArticle=2014_05_...
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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 14:49

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Le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev (Wikimedia/CC Вени Марковски)

 

 

Le père de la Perestroïka et dernier dirigeant soviétique,Mikhaïl Gorbatchev, 81 ans, avoue regretter encore de ne pas avoir mené le bateau URSS "à bon port", dans un dernier livre publié à Moscou, où il confesse des erreurs mais critique aussi le rôle des Occidentaux. "Je regrette toujours de ne pas avoir réussi à mener le bateau, à la barre duquel j'avais été placé, à bon port", écrit M. Gorbatchev dans ce livre de souvenirs de 600 pages intitulé "En tête-à-tête avec soi-même".

"Je me sens coupable, parce que ma responsabilité était grande tant à l'égard de l'Union soviétique, que de la politique mondiale", ajoute le Prix Nobel de la Paix 1990, qui est apparu diminué au cours de ses dernières apparitions publiques, de plus en plus rares. "Il y a eu des erreurs de la direction (de l'URSS), qui opérait sous le feu croisé des conservateurs et des radicaux, nationalistes, qui en définitive formaient un front uni avec pour objectif d'abattre le pouvoir soviétique", ajoute celui qui lança la Perestroïka (réforme) et la Glasnost (transparence) après avoir accédé à la tête du Parti communiste en 1985.

"Nous n'avons pas su profiter pleinement du soutien total que nous accordait la population au début. (...) Nous avons petit à petit commencé à le perdre", poursuit-il.
"Nous n'avons pas réformé à temps l'Union (soviétique, ndlr). Nous n'avons pas transformé à temps le Parti communiste en un parti démocratique moderne. Ce sont les deux principales erreurs", ajoute Mikhaïl Gorbatchev. 

L'ancien dirigeant critique cependant aussi les Occidentaux, et en particulier les Etats-Unis, pour le soutien qu'ils accordèrent, selon lui, à son rival de la fin des années 1980, Boris Eltsine, qui, élu président de la Russie, porta le coup de grâce au régime soviétique après l'échec du coup d'Etat conservateur d'août 1991.

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