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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 15:15

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L'ancien chef du Pentagone Robert Gates

Ilia Kharlamov, La Voix de la Russie – RIA Novosti

C’est que Gates s'est écarté trop loin de la ligne générale qui est quelque chose de sacré pour les Américains, malgré la démocratie dont ils sont si fiers. Mais les doutes, et surtout les atteintes aux notions sacrées, ne sont pas appréciés.

L’ancien chef militaire écrit dans son livre :"La politique de l'élargissement précipité de l'OTAN vers l'Est après la désagrégation de l'URSS était une erreur, et plusieurs décisions des États-Unis de cette époque étaient des provocations irresponsables".

L'adjonction des anciens pays-satellites soviétiques – les pays Baltes, la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie - à l'alliance, était une erreur grave, de même que l'entraînement dans ce processus de la Géorgie et de l'Ukraine, considère Gates. Et ensuite, déjà dans le contexte des événements ukrainiens, il se pose la question : "Les Européens, sans parler des Américains, sont-ils prêts à envoyer leurs fils et leurs filles protéger la Géorgie ou l'Ukraine ?" Et il y répond :"C’est peu probable".

Bon gré, mal gré, Gates vient à l'idée que l'élargissement de l'OTAN – ce n’est pas une stratégie militaire soigneusement examinée, mais de l'aventurisme politique, qui sape les objectifs de l'alliance et ferme les yeux sur ce que les Russes considèrent comme leurs intérêts nationaux d’importance capitale. Et brusquement, comme un vrai "agent de Moscou", Gates prononce la phrase sur les intérêts de la Russie que Washington préfère ignorer ou violer grossièrement. En outre, il critique vivement le président Obama, son collègue Biden, Clinton, Bush-junior et plusieurs autres personnalités politiques pour leur position arrogante à l’égard de la Russie. Son attitude envers les politiques américains de la fin du 20e et du début du 21e siècle n’est pas très respectueuse. C'est vraiment inappréciable car Gates a travaillé avec quatre présidents.

 

En résumé, l'ex-chef du Pentagone a su faire de ses mémoires une vraie bombe informationnelle. Il l’a placée sous les fondements de la politique étrangère américaine. Nous pensions, qu'elle était compliquée et calculée au détail près, mais il s'avère que ses racines relèvent de la psychologie de la guerre froide et d'une mentalité en noir et blanc. Et les Américains sont évidemment blancs.

Les 600 pages du livre seront une révélation pour plus d'un. En premier lieu, parce que le livre était écrit non par un critique du régime ou autre hippie se prononçant pour la paix dans le monde entier, mais par "un poids lourd politique" et un militaire. Il se spécialisait d'ailleurs pendant longtemps sur l'Union Soviétique. Bref, comme le disait Shakespeare, il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark, ou, plus exactement, dans le "royaume" américain. Parce que d'habitude, les retraités comme Gates se taisent. Parler pour eux, c’est trop risqué.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

La Voix de la Russie

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 13:44

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Depuis plusieurs jours, tous les médias de grande diffusion de notre pays consacrent une place considérable à la commémoration du 70e anniversaire du débarquement anglo-américain en Normandie le 6 juin 2014. Cet événement n’est pas seulement l’occasion d’une intense activité diplomatique ; il est également utilisé comme une commémoration omniprésente et sans nuance à la gloire des Alliés, et plus spécialement des Américains.

Bien entendu, nul n’ignore que des milliers de soldats sont morts lors du débarquement de Normandie, essentiellement américains, anglais et canadiens, mais aussi, en plus petit nombre, quelques autres nationalités dont quelques dizaines de soldats français. Ils ont joué un rôle décisif dans la fin de l’Occupation allemande en France et ils méritent à ce titre toute notre gratitude et tout notre respect.

Mais il n’échappe à personne que cet éloge permanent des États-Unis revêt une dimension politique et géopolitique marquée. Affirmer à longueur d’antenne que les États-Unis ont « libéré la France » en 1944 ne peut avoir pour effet que d’assourdir, et même de faire taire, les critiques contre la politique actuelle de Washington. La commémoration avec un tel faste du débarquement du 6 juin 1944 ne peut inciter au contraire qu’à soutenir l’actuelle politique américaine tous azimuts, qu’il s’agisse par exemple des événements en Ukraine ou des négociations sur le Grand Marché Transatlantique.

C’est pourquoi cette opération à grand spectacle – dont les enjeux implicites en terme de propagande sont énormes – doit être examinée sans complaisance. Et nous avons d’autant plus de raisons d’être vigilants que, lorsque Charles de Gaulle était à l’Élysée, il ne fut jamais question de célébrer en grandes pompes cette date du 6 juin.

Le Chef de la France Libre avait même obstinément refusé de commémorer le 20e anniversaire du débarquement, le 6 juin 1964, ce qui avait contraint le président américain Johnson et le Premier ministre britannique Harold Wilson à renoncer à leur venue en France.

En fait, l’Homme du 18 juin refusa toujours de commémorer cette date, que ce fût son 5e, son 10e, son 15e ou son 20e anniversaire. Et s’il avait une position aussi intransigeante – ce qui est a prioriincompréhensible pour les jeunes générations – c’est qu’il avait de bien solides raisons pour cela.

Puisque personne, ni sur la scène politique ni dans les médias, n’explique cette attitude, c’est une raison supplémentaire pour que l’UPR le fasse.

Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

En réalité, nous savons très exactement les raisons pour lesquelles Charles de Gaulle refusait systématiquement de commémorer le débarquement de Normandie le 6 juin. Il s’en est longuement expliqué devant Alain Peyrefitte, en 1963 et en 1964, alors que celui-ci était son ministre de l’information et qu’il le voyait en tête-à-tête plusieurs fois par semaine.

Il suffit donc de relire les passages pertinents de l’ouvrage de Peyrefitte C’était de Gaulle, tome 2, paru en 1997.

 

—— EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE ——

———– – Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 ————-

  • 30 octobre 1963

En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 au Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

de gaulle Churchill france Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

 

  • « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

Salon doré

Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie).

Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

Winston Churchill choisir entre francaise et americain de gaulle Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

 « De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! »

(Winston Churchill)

  • « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

NOTE : AMGOT = « Allied military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés

billets americains france Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

billets americains france 2 Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

 Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.  

Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).

Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

  • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

charles de gaulle débarquement de Provence Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 : cf. extrait d’actualités disponible sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/video/CAF94058797

Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leurs rimes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !

« Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes !

Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »

Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement. »

NOTE : Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants et Ministre de la coopération en 1964.

  • 13 mai 1964

Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis, 10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.

  • « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal interprétée ?

Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ; ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non plus. Pourquoi irions-nous ?

(Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va pas.)

Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.

Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la télévision. »

Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.

  • 10 juin 1964

Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer encore son agacement : « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16 juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.

Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.

Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

  • « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »

Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.

Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »

Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

NOTE  : Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.

  • « Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »

Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.

« Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui aurait vaincu la France. »

— FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE –

————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 —————-

 

Ce que Roosevelt et les américains voulaient vraiment faire de la France en 1944

de gaulle ROOSEVELT Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

  •  « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

(Franklin Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)

Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt, et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de Guerre.

Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en avoir prévenu le chef de la France Libre. L’affaire a été un succès militaire éclatant puisque les troupes françaises (pétainistes) d’Afrique du nord se sont rendues au bout de 48 heures, après avoir fait seulement semblant de se battre.

En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt, a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord française !

Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du président Rososevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France d’après-guerre proprement scandaleuse. C’est ce célèbre passage des Mémoires de Guerre :

Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.

Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre « Tragédie »

Page 48 (édition Plon)

On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une France aussi domestiquée que celle qu’avait souhaitée Hitler. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les Américains et les Allemands, rien d’autre.

Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà légendaire.

Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici  :

—- EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —-

———————— Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

de gaulle roosevelt était un type qui voulait dominer univers Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

  • « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. »

Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien vrai.

Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible, il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.

Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »

Alain Peyrefitte : – Allen Dulles

Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][...]. Vous pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.

Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi, de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyé.

Roosevelt voulait imposer aux Français Pierre Laval et Édouard Herriot Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

Le gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous)   !

L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz… 

CIA Allen Dulles et lambassadeur dHitler à Paris Otto Abetz Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

Le Président Roosevelt refusa toujours de reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.

Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le dauphin de Pétain.

Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au 29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

Il était également le frère cadet de John Foster Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de 1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique latine.

Allen Dulles est un personnage des plus controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui travailla lui aussi pour ces grands groupes.

Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la mort. Il fut libéré en avril 1954.

Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.

Bohlen ambassadeur des États Unis en France Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

NOTE :Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968. Très hostile à de Gaulle, Charles E. Bohlen avait des liens de parenté proches avec Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, héritier des aciéries Krupp, l’un des principaux fabricants d’armes de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, criminel nazi reconnu coupable de pillage et de crime contre l’humanité le 31 juillet 1948, et condamné à douze ans d’emprisonnement et à la confiscation de ses biens.

Charles de Gaulle : « Roosevelt, c’était pareil, il ne traitait qu’avec des gens qui étaient mes ennemis. Il avait autour de lui, à Washington, des types comme Chautemps.

Alain Peyrefitte : – Et Saint John Perse.

Charles-de-Gaulle : – Oui, Léger qui avait été limogé par Paul Reynaud. Et d’autres du même tonneau, avec qui Roosevelt prenait le thé. Ils le montaient contre moi, en remâchant leurs échecs. Seulement, ça continue. Alors, Bohlen ne voit que nos adversaires, les Mitterrand et les Maurice Faure.

Camille Chautemps ministre dÉtat du Front populaire successeur de Léon Blum Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

 NOTE : Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire, successeur de Léon Blum de juin 1937 à mars 1938 à la tête du gouvernement, fut vice-président du Conseil des gouvernements Édouard Daladier, puis du gouvernement Paul Reynaud. Ardent partisan de l’Armistice et très hostile à de Gaulle, il fit partie du gouvernement de Philippe Pétain jusqu’au 12 juillet 1940. En novembre 1940, chargé d’une mission officieuse, il partit pour Washington, et choisit d’y demeurer jusqu’en 1944.

 

Alexis Léger secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940 Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

NOTE : Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940, artisan de la rencontre de Munich (et grand poète sous le pseudonyme de Saint-John-Perse) avait été mis en disponibilité par Paul Reynaud, Président du Conseil, le 20 mai 1940. Il s’était ensuite réfugié aux États-Unis.

Charles de Gaulle : « Churchill, lui non plus, n’admettait pas qu’on ne plie pas. Au lieu de trouver des gens de caractère qui lui auraient tenu tête, il s’entourait de gens qui étaient couchés par terre.

« Je me rappelle un soir, quand j’ai rencontré Roosevelt pour la première fois, au Maroc. Roosevelt voulait m’obliger à me soumettre à Giraud. J’ai envoyé Roosevelt faire foutre, poliment mais fermement. Alors, Churchill m’a fait une scène invraisemblable. Je l’ai mal pris, et je lui ai dit : « Qu’est-ce que ça veut dire :On ne vous comprend pas ? Vous n’êtes pas digne de votre charge ! » Je l’ai très mal traité.

Alors, le dernier jour, on s’est réuni autour de Roosevelt pour se dire adieu. Churchill, devant tout le monde, a commencé à me refaire une scène en me disant : « Vous n’avez pas suivi le Président. » Il piquait une lèche éhontée à Roosevelt, et c’est Roosevelt qui, à la fin, a trouvé que ça suffisait et lui a imposé silence. Il a dit : « Maintenant, il faut que ces deux généraux se serrent la main devant les photographes. »

« La politique de Roosevelt, c’était exactement celle qu’ont aujourd’hui les Américains dans le Sud-Est asiatique. Ils ne peuvent pas en imaginer d’autre. Des marionnettes, c’est ça qu’ils veulent en face d’eux. »

 

– FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE

————————–Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

Général Giraud promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

La marionnette nommée Général Giraud, promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle. 

Cette célèbre et hypocrite poignée de mains entre de Gaulle et le général Giraud, pétainiste passé au service des Américains, fut exigée par Roosevelt lors de l’entrevue des quatre hommes au Maroc en 1942. On distingue Roosevelt (à gauche) et Churchill (à droite) assis à l’arrière-plan, en train de contempler avec satisfaction cette scène de théâtre organisée devant les appareils photos des journalistes de la presse anglo-saxonne.

Le président américain voulait absolument promouvoir Giraud, personnage falot, peu intelligent et sans tempérament, pour empêcher Charles de Gaulle d’accéder au pouvoir. Car le patron de la Maison Blanche, qui était intelligent et sournois, avait parfaitement compris que de Gaulle était le seul homme d’État français, le seul capable de faire échec au projet des États-Unis de vassaliser la France après la fin de la guerre.

Conclusion

La commémoration du 6 juin 1944 en très grandes pompes, avec les plus hautes autorités de l’État, semble parfaitement légitime et nécessaire à nos compatriotes, tellement des pans entiers de l’Histoire réelle ont été occultés depuis 70 ans.

Il est donc plus que temps que les Français fassent pour de bon le « travail de mémoire » qu’on leur demande, à condition de le faire dans son intégralité, sans biais ni a priori, et sans passer sous silence les actions précises des Alliés, et tout spécialement des Américains à l’encontre de la souveraineté et de l’indépendance de la France.

S’il y a certes toutes les raisons pour s’incliner devant la mémoire des soldats anglais, canadiens et américains morts sur le sol de France, qui ont contribué de façon décisive à la fin de l’Occupation nazie, il n’y a en revanche aucune raison de permettre aux États-Unis d’Amérique de camoufler les objectifs politiques peu reluisants qui étaient ceux de leur gouvernement à l’époque des faits.

Il est important que les Français, et notamment les jeunes générations, sachent que Roosevelt avait décidé :

  • de placer la France « libérée » sous son occupation militaire américaine,
  • de lui imposer une « fausse monnaie » imprimée aux États-Unis,
  • et de maintenir Pierre Laval au pouvoir, figure hideuse et honnie de la Collaboration et de l’intelligence avec l’ennemi, et tout cela avec la complicité de l’ambassadeur d’Hitler en France.

Par la même occasion, il serait utile de rappeler le soutien financier considérable qu’apporta l’oligarchie industrielle et financière américaine à Adolf Hitler et à son régime pendant toute les années 30 ,et pendant encore une grande partie de la guerre. Les travaux d’Anthony Sutton, désormais de plus en plus connus, permettent notamment de jeter une lumière crue sur cette coopération secrète entre les États-Unis et l’Allemagne hitlérienne.

Tous ces rappels historiques permettraient à Washington de faire à son tour, et utilement, son « travail de mémoire » et sa « repentance ». Cela permettrait aussi d’inviter Washington à abandonner ses prétentions à l’hégémonie mondiale.

Au lieu de se plier servilement à l’opération de communication voulue par Washington afin de légitimer son hégémonie actuelle sur l’Europe et la France - par Union européenne et Otan interposées -, le président Hollande devrait ainsi garder à l’esprit que son rôle est d’enseigner la vérité historique aux jeunes générations et d’être « le garant de l’indépendance nationale », comme le lui en fait obligation l’article 5 de notre Constitution.

L’UPR demande au gouvernement d’organiser une grande commémoration digne de ce nom le 15 août 2014, à l’occasion des 70 ans du débarquement de Provence.

François ASSELINEAU

Site Internet : http://www.u-p-r.fr/
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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 20:38

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Le président américain Barack Obama

MOSCOU, 5 juin - RIA Novosti

De nouvelles sanctions du G7 contre la Russie peuvent être introduites déjà dans un mois, si Moscou ne change pas de politique à l'égard de l'Ukraine, a prévenu jeudi à Bruxelles le président américain Barack Obama.

"Nous allons voir comment le président russe Vladimir Poutine agira pendant deux, trois ou quatre semaines qui viennent. S'il persévère dans sa politique actuelle, nous devrons adopter certaines mesures, dont nous avons déjà parlé", a déclaré devant les journalistes le locataire de la Maison Blanche.

Auparavant, les dirigeants des pays du G7 ont affirmé être prêts à frapper la Russie de nouvelles sanctions en cas d'escalade ultérieure du conflit en Ukraine.

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 15:32

Le 29 mai, un hélicoptère de combat des forces gouvernementales était abattu par un missile portable Strela-2 à Slaviansk causant la mort de quatorze personnels ukrainiens. Au même moment trente cercueils traversaient la frontière pour rapatrier en terre russe des hommes tombés au combat sur le sol de la Novorossia. Entre le lundi 26 et le mardi 27 mai, ce sont au moins cinquante hommes des forces dissidentes qui sont tombés pour reprendre le contrôle de l’aéroport de Donetsk. Ville qui avec Lougansk est l’une deux nouvelles Républiques populaires du Donbass, à l’Est de l’Ukraine. Républiques autonomes dont l’indépendance a été proclamée le 11 mai à l’issue d’un référendum régional qui a formé le 24 mai l’Union des républiques populaires baptisée Novorossia [Nouvelle Russie] lors d’un congrès des partisans de la fédéralisation de l’Ukraine tenu à Donetsk.  De son côté, ce même 29 mai, le président Vladimir Poutine signait à Astana, avec la Biélorussie et le Kazakhstan, la création d’une Union économique eurasiatique, celle-ci devant entrer en vigueur le 1er janvier 2015.

Un bloc géopolitique concurrent de l’UE

Projet géopolitique pour l’heure sans portée politique stricto sensu. L’Union économique eurasiatique est encore, pour le présent, un « marché régional » qui à terme devrait quand même rassembler quelque 170 millions d’humains et disposer d’un cinquième des ressources mondiales en gaz et approximativement de 15% de réserves d’hydrocarbures. Cet espace géoéconomique a cependant vocation, pour répondre au vœu du président Poutine, à devenir un espace géopolitique. À ce titre il constitue a priori et potentiellement un pôle de puissance concurrentiel de l’Union européenne. C’est à cette aune que doit aussi s’évaluer et se comprendre la bataille de l’Ukraine qui se déroule en ce moment même pour l’indépendance de ses provinces orientales.

Car l’Ukraine, État de 45 millions d’âmes et titulaire d’importantes ressources naturelles, minières et agricoles, devrait à l’origine du projet d’Union eurasiatique s’y trouver associée. Projet dans lequel l’Arménie et la Kirghizie devraient très vite se fondre… d’ici quelques semaines pour Erevan. Initialement l’Arménie devait, à l’instar de l’Ukraine, passer un accord d’association avec l’Union européenne, mais en septembre 2013 elle a décidé ex abrupto de rejoindre l’Union douanière pilotée par Moscou. Bien lui en a pris puisque le pays a aussitôt bénéficié d’une exonération douanière de 30% sur ses achats de pétrole russe et de tarifs préférentiels pour ses approvisionnements en gaz naturel.

En Ukraine le tout nouveau président ukrainien, le milliardaire occidentaliste Petro Porochenko s’est lui fait élire le 25 mai avec l’intention bien arrêtée de faire entrer son pays dans l’Union euratlantiste. Au demeurant, dans la capitale kazakh le président biélorusse Alexandre Loukachenko s’est montré plus optimiste estimant que «  tôt ou tard Kiev devrait comprendre où se trouve son destin  »  ! Sans pour autant aliéner sa souveraineté parce qu’au terme du dit accord «  les trois États s’engagent à garantir la libre circulation des produits, services, capitaux et travailleurs, à mettre en œuvre une politique concertée dans les domaines clés de l’économie  : dans l’énergie, l’industrie, l’agriculture, les transports  ». Mais en aucun cas à créer une monnaie unique ou à se soumettre à une quelconque autorité politique supranationale. L’Asie des peuples et des nations en quelque sorte  !

Guerre froide… des feux mal éteints

La crie ukrainienne est à l’évidence la crise la plus grave que traverse l’occident depuis le blocus de Berlin en 1948, crise qui ouvre l’ère de la Guerre froide. Laquelle culminera avec la crise des missiles soviétiques de Cuba en octobre 1962. Or la crise actuelle est caractéristique d’un certain retour au statu quo ante de sourde belligérance, cette fois dans un monde non plus bipolaire mais devenu multipolaire. Un monde nouveau où de grandes puissances émergentes battent en brèche les velléités d’hégémonie planétaire des États-Unis, notamment celles qui visent à contrôler l’ensemble des régions déterminantes du point de vue des ressources en énergies fossiles ou au regard des espaces de transit. Inutile d’énumérer les régions stratégiques qui, de ce point de vue, jalonnent le continent eurasiatique. Régions dont toutes se situent sur le Rimland, ceinture géopolitique qui enserre la masse continentale intérieure depuis la Mer Noire jusqu’à l’Hindou Koush et au-delà.

Toujours est-il que la crise met en évidence les limites vite atteintes de la démocratie, de la souveraineté populaire en Occident et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes… puisque toutes les démarches collectives d’autodétermination qui ont été effectuées en Crimée et dans le Donbass sont réputées «  nulles et non avenues  » par des autorités morales incontestées à défaut d’être incontestables, telles le président Hollande ou la chancelière Merkel  ! On ne peut également que s’interroger – au regard de cette même question relative à la nature réelle de nos démocraties - sur la signification et les conséquences à terme de la russophobie et la poutinophobie qu’ont développé nos médias ces dix dernières années  !

En tout cas l’on en voit bien les résultats. Le terrain a été soigneusement labouré – mais avec un succès tout relatif si l’on considère la montée tendancielle des souverainisme en Europe – afin de dresser les opinions contre le monde slave orthodoxe en application pratique de la théorie du « Choc des cultures » de l’Américain Samuel Huntington. Reste que l’euroscepticisme se développant et se démocratisant comme l’a abondamment montré le sondage grandeur nature qu’ont constitué les dernières élection du Parlement européen, il est raisonnable d’avancer que cette stratégie de communication commence à faire long feu. Serions-nous en Occident à un moment charnière de notre histoire, moment comparable à celle qui précéda immédiatement la chute de l’Empire soviétique quand le pouvoir - la langue de bois n’étant plus opérante - mis en œuvre ses politiques de la glasnost et la perestroïka… pour tenter de sauver les meubles  ?

Reste qu’après 1991, non seulement l’Otan ne s’est pas dissoute à l’instar du Pacte de Varsovie, mais elle n’a cessé de s’étendre à l’Est. Or sauf à se faire seppuku [suicide rituel japonais] la Russie se doit désormais de défendre ses Limes pied à pied. Tout aussi bien en Ukraine en général et dans le Donbass plus particulièrement où sont implantées des industries d’armement indispensables aux forces russes, des unités de productions militaires qui n’offrent aucune autre alternative. Ainsi les moteurs des fameux hélicoptères Sikorski sont produits en Ukraine et ce n’est pas du jour au lendemain qu’il serait possible pour la Fédération d’ouvrir de nouvelles chaînes sur son sol.

Dans un tel contexte, la politique de sanctions à l’égard de la classe dirigeante russe ne peut pas rester et ne restera pas sans réponse. Les Russes sont réputés pour leurs aptitudes dans la défensive et de ce point de vue elle dispose de quelques atouts d’importance… Surtout dans un monde où l’interdépendance est forte. Ainsi existe-t-il «  une forte complémentarité entre les économies russes et européennes, en particulier au travers de la fourniture d’énergie. La Russie est le seul pays capable de fournir pendant plusieurs décennies le gaz dont l’Europe a besoin pour organiser sa transition aussi graduelle que souhaitable vers un nouveau système énergétique  » 1. On voit bien à ce propos, qu’en ce qui concerne les exportations gazières, la Russie possède à l’est une immense profondeur de champ géoéconomique avec de vastes débouchés dans les économies asiatiques. L’Inde mais aussi la Chine avec laquelle Moscou vient de conclure un accord gazier de 400 mds de $ pour la vente sur trente ans de 30 à 60 milliards de m3 l’an  ! Tout ceci sur fond de fortes tensions entre une Fédération de Russie proactive sur le front eurasiatique et le Bloc euratlantique liées aux crises dégénératives de Syrie et d’Ukraine, peut évidemment engendrer nombre d’incidences préjudiciables à un Occident arrogant et agissant à trop courte vue…

Déclin de l’Occident, renaissance russe

Notons que parmi les atouts majeurs de la Fédération de Russie, comparativement à l’Europe occidentale, se trouvent les « ressources humaines »… parce qu’il n’est de richesses que d’hommes  ! Force est de constater en effet que la Fédération possède un capital humain que nous devrions lui envier. Paradoxalement ce sont les années de concurrence acharnée entre l’Est et l’Ouest, celles de la course à la « Nouvelle frontière » imposée par l’Initiative de Défense stratégique du mandat Reagan, qui en est la cause profonde. Cette « Guerre des Étoiles » qui a indéniablement et largement contribué à l’affaiblissement de l’Empire soviétique, a en contrepartie produit en masse des hommes, ingénieurs, techniciens et scientifiques, qui font à présent la force de la nouvelle Russie.

Ce sont donc incidemment les É-U qui ont doté volens nolens la Fédération d’un inappréciable capital de savoir-faire et de compétences de très haut niveau. Potentiel qui lui confère les moyens d’un distingué retour sur la scène de la puissance. Cela au contraire de l’Occident qui, ayant fait de son système d’enseignement une vaste usine de formatage idéologique politiquement correct, connaît un corrélatif effondrement de son niveau culturel… a contrario de la Russie héritière du système soviétique et d’un niveau de formation intellectuelle inconnu de nos jours dans une Europe en plein déclin 2.

Fédération de Russie vs Bloc euratlantique

In fine, contenir le retour à la puissance de la Russie est, répétons-le, un enjeu de taille, une urgente nécessité pour Washington… d’où les risques inhérents à l’actuelle confrontation ukrainienne. Parce que Moscou ne veut ni ne peut céder du terrain, pas plus que les É-U qui ne voudront ni ne pourront renoncer à leur stratégie de contention [containment] d’un bloc eurasiatique concurrentiel en pleine édification, et pour ne pas dire en pleine expansion  ! Reste qu’à vouloir contrer maladroitement et à contretemps une menace pour l’instant encore informelle, il semble bien que l’Amérique par une politique de Gribouille, ne la suscite et ne la nourrisse de ses peurs anticipées.

Les déclarations de Mme Victoria Nuland, vice-Secrétaire d’État en charge des Affaires européennes et asiatiques et épouse au civil de Robert Kagan, l’un des néoconservateurs les plus virulents, sont à ce propos particulièrement éclairants, singulièrement pour ce qui concerne la présence et le rôle des É-U en Ukraine  : «  Nous avons investi 5 milliards de dollars pour donner à l’Ukraine l’avenir qu’elle mérite[sic]  » [ibid.]. Implication et investissements qui se traduisent par une forte présence de conseillers de l’ombre et vraisemblablement par le recours à des personnels appartenant aux grandes entreprises de mercenariat telles Academi – anciennement Blackwater - et à sa filiale Greystone. Discret dispositif d’intervention politique et d’actions de terrain, vraisemblablement coordonné par le Directeur de la CIA en personne qui à la mi-avril effectua le voyage de Kiev à cet effet. Plus spécifiquement, il s’agissait d’organiser l’offensive dite «  anti-terroriste  » en cours contre l’Est du pays avec le bilan que l’on sait 3[dedefensa.org27mai14].

Cependant la Russie se tient prudemment à l’écart des événements du Donbass… même si nuitamment des camions franchissent les frontières chargés d’armes et de munitions. En dépit de cela, ceux qui dénoncent habituellement les thèses conspirationnistes sont les premiers à imaginer la main de Moscou derrière chaque acte de sédition à l’égard de Kiev. Ces gens méconnaissent le caractère inflammable des foules, que ce soit sur le Maïdan ou dans l’Est et le Sud de l’Ukraine. Même si, au final, rien n’interdit de penser que tel ou tel accès de colère populaire puisse être ensuite dévoyé, récupéré, manipulé. En ce qui concerne les nouvelles républiques populaires de Donetsk et Slaviansk, une récente enquête du New York Times publiée fin avril a clairement établi que les « milices rebelles » n’étaient pas, comme cela avait été avancé, composées de soldats ou de mercenaires provenant de la Fédération de Russie 4 .

Le mécontentement populaire est une chose, son instrumentation au profit d’intérêts géopolitiques en est une autre. Au demeurant la seconde suit souvent de près la première. On l’a vue en Libye, puis en Syrie et aujourd’hui en Ukraine. Il est néanmoins incontestable que dans la ville de Donetsk, ce sont plusieurs milliers de mineurs qui se sont spontanément rassemblés contre la guerre. Or il ne s’agissait pas de milices mais de colère strictement populaire. Ces mineurs entendaient exiger de Kiev l’arrêt immédiat de l’actuelle opération punitive et des assassinats de civils [pcn-spo28mai14]. Tout indique cependant que l’escalade se poursuivra mettant à rude épreuve le sang froid des gens du Kremlin.

 

Notes

(1http://www.magazinedonna.it/verita-...

(2) magazinedonna.it12mai14

(3) Guerre des communiqués  ? Selon le maire de Slaviansk Vacheslav Ponomarev repris par l’AgenceRIA-Novosti, ce seraient 1 200 soldats ukrainiens qui auraient déjà trouvé la mort dans les opérations conduites autour de la capitale régionale, ainsi que huit hélicoptères et quinze blindés de des forces de Kiev [zerohedge.com29mai14]. Des chiffres qui paraissent énormes mais qui, s’ils étaient vérifiés, en montrant l’ampleur des affrontements, en dirait long sur la nature la guerre et l’intensité des combats actuels.

(4) « L’Ukraine et les Etats-Unis ont dévoilé des clichés qui attesteraient la présence de troupes russes dans l’est de l’Ukraine. Moscou évoque des photos truquées. Les troupes russes participent-elles activement au mouvement séparatiste de l’est ukrainien ? Début de semaine, des photos de prétendus séparatistes russes ont été transmises par Kiev aux Etats-Unis par le biais de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE]. Elles montrent une image prise en Géorgie en 2008 d’un militaire à la longue barbe rousse, portant l’insigne d’une unité des forces  spéciales russes » [7sur7.be25mai14]. Sans commentaire  !

 

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 01:28

 

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Grande commémoration sur-médiatisée en mémoire des milliers de morts durant le débarquement de Normandie, mais également grande fumisterie qui nous est imposée, car ce qui nous est montré, et cela depuis longue date, c’est que les États-Unis sont arrivés en France pour nous sauver et pour nous libérer.

Le souci, c’est qu’aucun média ni aucun politique ne va rappeler certains faits incontestables! Par exemple, si les États-Unis n’avaient pas provoqué la crise de 1929, elle ne se serait jamais étendue aux autres pays dont à l’Allemagne. Si Hitler n’avait pas reçu le soutient de gros financier américains dont celui de Ford, antisémite reconnu et récompensé par une très haute distinction allemande, tout comme James Mooney, haut dirigeant de General Motors, pour ne citer qu’eux, le IIIème Reich n’aurait peut-être pas pris le pouvoir. Il y a également la banque Chase, aujourd’hui fusionnée avec la JP Morgan, qui a fait pas mal de profits grâce à l’or confisqué des juifs, le tout directement négocié avec le régime nazi… Fait non rappelé non plus, le fait que nombre de « nos sauveurs » ont été condamnés pour avoir violé « des petites françaises », 10 000 GI’s deserteurs qui ont « semé la terreur » sur le territoire.

Respecter ceux tombés au front ne signifie pas pour autant oublier ces vérités que certains aimeraient bien voir enterrées, mais c’est vrai que généralement, l’histoire est écrite par les vainqueurs, et que ces mêmes vainqueurs aiment bien prendre des libertés avec ce qui doit nous être enseigné…

debarquement

« Si les ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie » chantait Michel Sardou en 1968.. Mais le temps passe, et les vérités sortent, même si elles ne sont pas et pour cause, largement relayées. On pourrait plutôt chanter maintenant, au vu de l’article ci-dessous, « si les ricains n’étaient pas là, Hitler n’aurait peut-être pas eu de tels succès militaires. »

« Oui, mais quand même les Américains nous ont ont libérés en 45 ! » Combien de fois, l’ai-je entendue celle-là ! Sur les bancs de l’école. Mais aussi lors de débats sur les guerres actuelles des USA.

40-45, la seule ‘bonne’ guerre US ?  Peut-être à nuancer. Quelques faits troublants sont documentés dans un excellent livre de l’historien Jacques Pauwels (1). Ses documents irréfutables prouvent qu’une grande partie des sociétés US ont carrément collaboré avec Hitler, et pas seulement au début de la guerre : Du Pont, Union Carbide, Westinghouse, General Electric, Goodrich, Singer, Kodak, ITT, JP Morgan…

Pire. La grande nouveauté stratégique d’Hitler, ce fut la « Blitzkrieg », la guerre-éclair : porter très vite ses troupes au cœur de l’adversaire. Pour cela, deux conditions indispensables : des camions et de l’essence. L’Allemagne n’ayant aucun des deux, c’est Esso qui a fourni l’essence, tandis que les camions provenaient des usines allemandes de Ford et General Motors.

« Que cette guerre dure le plus longtemps possible ! »

Pauwels montre que :

1. Une grande partie du patronat US était pro-Hitler dans les années 30 et 40.

2. Cela n’a changé qu’au moment où les ventes des firmes US furent mises en danger par l’agressivité commerciale allemande en Amérique latine et ailleurs. Et par les occupations japonaises qui confiquaient tout le commerce en Asie.

En fait, les Etats-Unis jouaient double jeu. Ils souhaitaient que la guerre dure longtemps. Pourquoi ?

D’un côté, les énormes profits que leurs sociétés réalisaient en Allemagne étaient en croissance. De l’autre côté, ils s’enrichissaient en prêtant à la Grande-Bretagne qui supportait tout le poids financier de la guerre.

Washington posait d’ailleurs comme condition que Londres abandonne ses colonies après la guerre. Ce qui fut fait. Les États-Unis ont réussi à profiter de la Deuxième Guerre mondiale pour affaiblir leurs rivaux et devenir la seule superpuissance capitaliste.

Henry Ford : « Ni les Alliés, ni l’Axe ne devraient gagner la guerre. Les USA devraient fournir aux deux camps les moyens de continuer à se battre jusqu’à ce que tous deux s’effondrent. »

Le futur président Harry Truman, 1941 : Si l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie et si la Russie gagne, nous devons aider l’Allemagne, afin qu’il en meure le maximum de chaque côté. »

Ce jeu cynique ne cessa que lorsque l’URSS vainquit Hitler. Alors seulement, les États-Unis se précipitèrent pour sauver leurs intérêts en Europe.

Demain 6 juin, on fera comme si la guerre avait été gagnée en Normandie et non à Stalingrad.

On ne dira pas qu’Hitler perdit 90% de ses soldats à l’Est. Que pour un soldat US tué, il y en eut 53 soviétiques. Les manuels scolaires sont parfois bizarres, non ?

Voilà, désolé de vous avoir ôté une de vos dernières illusions. Demain, 6 juin, vous pourrez penser à tout ça lorsque sur une plage normande, on fêtera George Bush alors que son grand-père a financé Hitler.

Dans quel monde vivons-nous ?

MICHEL COLLON

(1). Paru en néerlandais sous le titre « Le mythe de la bonne guerre (l’Amérique et la Deuxième Guerre mondiale) , EPO 2000. Il existe aussi la version française. A recommander, c’est aussi plein de révélations sur Roosevelt, Truman, la menace d’envahir l’URSS, la récupération des espions et criminels nazis, Churchill, De Gaulle, Yalta…

Source de l’article : Michelcollon.info via les Brindherbes

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 13:13
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[Annie Lacroix-Riz]
Juin - Aout 1944 opération Overlord à l'ouest, opération Bagration à l'Est Les forces en présence

Juin – Aout 1944 opération Overlord à l’ouest, opération Bagration à l’Est
Les forces en présence, sources wikipedia

Notre camarade Annie Lacroix-Riz, historienne professeur d’histoire contemporaine émérite de l’Université Paris VII Diderot, nous rappelle dans un article très documenté, fort opportunément, les dimensions véritables du 6 juin 1944.
La déferlante médiatique qui accompagne le 70e anniversaire de l’événement est à la hauteur du mensonge historique qui se met en place depuis des années sur la IIe guerre mondiale. (NDLR : Il suffit de voir la chape de plomb sur le 70e anniversaire de la bataille de Stalingrad l’année dernière totalement passée sous silence par les médias dominant, alors que la seule commémoration le 2 février 2013 à Paris de cette victoire décisive pour la libération de la France à l’initiative du PRCF a été totalement censurée.  Sur le sujet lire nos articles que vous pouvez retrouver par la fonction recherche avec le mot clé Stalingrad, notamment  :

La criminalisation du communisme, l’ignoble équation Staline=Hitler, le silence de plomb des médias et de l’historiographie anti-communiste sur la simple réalité politique, militaire, sur le bilan humain et matériel de la guerre, le négationnisme des mêmes sur la guerre d’extermination menée par le Reich hitlérien contre l’URSS, contre le « judéo-bolchevisme », la part congrue faite sur les sacrifices et les combats titanesques des peuples de l’Union Soviétique, tout cela ne vise en fait qu’à camoufler la vérité et ancrer dans la conscience de nos concitoyens une vison conforme aux intérêts actuels des forces sociales qui mènent de nouveau les peuples à de nouvelles catastrophes à savoir le grand capitalLe PRCF a déjà pu s’en faire l’écho encore récemment dans une déclaration lors du 8 mai dernier.
Lisez cet article, diffusez le, faites connaître la vérité non seulement pour rendre justice au passé mais pour préparer un avenir de paix

Le débarquement du 6 juin 1944 du mythe d’aujourd’hui à la réalité historique
Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris VII-Denis Diderot

Le triomphe du mythe de la libération américaine de l’Europe

En juin 2004, lors du 60e anniversaire (et premier décennal célébré au XXIe siècle) du « débarquement allié » en Normandie, à la question « Quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne » l’Ifop afficha une réponse strictement inverse de celle collectée en mai 1945 : soit respectivement pour les États-Unis, 58 et 20%, et pour l’URSS, 20 et 57%[1]. Du printemps à l’été 2004 avait été martelé que les soldats américains avaient, du 6 juin 1944 au 8 mai 1945, sillonné l’Europe « occidentale » pour lui rendre l’indépendance et la liberté que lui avait ravies l’occupant allemand et que menaçait l’avancée de l’armée rouge vers l’Ouest. Du rôle de l’URSS, victime de cette « très spectaculaire [inversion des pourcentages] avec le temps »[2], il ne fut pas question. Le (70e) cru 2014 promet pire sur la présentation respective des « Alliés » de Deuxième Guerre mondiale, sur fond d’invectives contre l’annexionnisme russe en Ukraine et ailleurs[3].

La légende a progressé avec l’expansion américaine sur le continent européen planifiée à Washington depuis1942 et mise en œuvre avec l’aide du Vatican, tuteur des zones catholiques et administrateur, avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale de la « sphère d’influence “occidentale” »[4]. Conduite en compagnie de et en concurrence avec la RFA (puis l’Allemagne réunifiée), cette poussée vers l’Est a pris un rythme effréné depuis la « chute du Mur de Berlin » (1989) : elle a pulvérisé les « buts de guerre » que Moscou avait revendiqués en juillet 1941 et atteints en 1944 (récupération du territoire de 1939-1940) et 1945 (acquisition d’une sphère d’influence recouvrant l’ancien « cordon sanitaire » d’Europe centrale et orientale, vieille voie germanique d’invasion de la Russie)[5]. Le projet américain avançait si vite qu’Armand Bérard, diplomate en poste à Vichy et, après la Libération, conseiller d’ambassade à Washington (décembre 1944) puis à Bonn (août 1949), prédit en février 1952 : « les collaborateurs du Chancelier [Adenauer] considèrent en général que le jour où l’Amérique sera en mesure de mettre en ligne une force supérieure, l’URSS se prêtera à un règlement dans lequel elle abandonnera les territoires d’Europe Centrale et Orientale qu’elle domine actuellement. »[6] Les prémonitions, alors effarantes, de Bérard-Cassandre, sont en mai-juin 2014 dépassées : l’ancienne URSS, réduite à la Russie depuis 1991, est menacée à sa porte ukrainienne.

L’hégémonie idéologique « occidentale » accompagnant ce Drang nach Osten a été secondée par le temps écoulé depuis la Deuxième Guerre mondiale. Avant la Débâcle, « l’opinion française » s’était fait « dindonn[er] par les campagnes “idéologiques” » transformant l’URSS en loup et le Reich en agneau. La grande presse, propriété du capital financier, l’avait persuadée que l’abandon de l’alliée tchécoslovaque lui vaudrait préservation durable de la paix. « Une telle annexion sera et ne peut être qu’une préface à une guerre qui deviendra inévitable, et au bout des horreurs de laquelle la France courra le plus grand risque de connaître la défaite, le démembrement et la vassalisation de ce qui subsistera du territoire national comme État en apparence indépendant », avait averti, deux semaines avant Munich, une autre Cassandre du haut État-major de l’armée[7]. Trompée et trahie par ses élites, « la France » connut le destin prévu mais ses ouvriers et employés, subissant 50% de baisse des salaires réels et perdant 10-12 kg entre 1940 et 1944, se laissèrent moins « dindonn[er] par les campagnes “idéologiques” ».

Ils perçurent certes les réalités militaires plus tard que « les milieux bien informés », mais, en nombre croissant au fil des mois, ils suivirent sur les atlas ou les cartes de la presse collaborationniste l’évolution du « front de l’Est ». Ils comprirent que l’URSS, qui réclamait en vain depuis juillet 1941 l’ouverture, à l’Ouest, d’un « second front » allégeant son martyre, portait seule le poids de la guerre. L’« enthousiasme » que suscita en eux la nouvelle du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942) était « éteint » au printemps suivant : « Aujourd’hui tous les espoirs sont tournés vers la Russie dont les succès remplissent de joie la population tout entière […] Toute propagande du parti communiste est devenue inutile […] la comparaison trop facile entre l’inaction inexplicable des uns et l’héroïque activité des autres prépare des jours pénibles à ceux qui s’inquiètent du péril bolchevique », trancha un rapport d’avril 1943 destiné au BCRA gaulliste[8].

Si duper les générations qui avaient conservé le souvenir du conflit était délicat, l’exercice est aujourd’hui devenu aisé. À la disparition progressive de ses témoins et acteurs s’est ajouté l’effondrement du mouvement ouvrier radical. Le PCF, « parti des fusillés », a longtemps informé largement, bien au-delà de ses rangs, sur lesréalités de cette guerre. Ce qui en demeure en traite moins volontiers dans sa presse, elle-même en voie de disparition, voire bat sa coulpe sur le passé « stalinien » contemporain de sa Résistance. L’idéologie dominante, débarrassée d’un sérieux obstacle, a conquis l’hégémonie sur ce terrain comme sur les autres. La sphère académique n’oppose plus rien (voire s’associe) à l’intoxication déchaînée dans la presse écrite et audiovisuelle ou le cinéma[9]. Or, les préparatifs et objectifs du 6 juin 1944 ne sont éclairés ni par le film « Il faut sauver le soldat Ryan » ni par le long documentaire « Apocalypse ».

La Pax Americana vue par Armand Bérard en juillet 1941

C’est bien avant le « tournant » de Stalingrad (janvier-février 1943) que les élites françaises saisirent les conséquences américaines de la situation militaire née de la « résistance […] farouche du soldat russe ». En témoigne le rapport daté de la mi-juillet 1941 que le général Paul Doyen, président de la délégation française à la Commission allemande d’armistice de Wiesbaden, fit rédiger par son collaborateur diplomatique Armand Bérard[10] :

1° Le Blitzkrieg était mort. « Le tour pris par les opérations » contredisait le pronostic des « dirigeants [du] IIIème Reich [qui…] n’avaient pas prévu une résistance aussi farouche du soldat russe, un fanatisme aussi passionné de la population, une guérilla aussi épuisante sur les arrières, des pertes aussi sérieuses, un vide aussi complet devant l’envahisseur, des difficultés aussi considérables de ravitaillement et de communications.

Les batailles gigantesques de tanks et d’avions, la nécessité, en l’absence de wagons à écartement convenable, d’assurer par des routes défoncées des transports de plusieurs centaines de kilomètres entraînent, pour l’Armée allemande, une usure de matériel et une dépense d’essence qui risquent de diminuer dangereusement ses stocks irremplaçables de carburants et de caoutchouc. Nous savons que l’État-Major allemand a constitué trois mois de réserves d’essence. II faut qu’une campagne de trois mois lui permette de réduire à merci le communisme soviétique, de rétablir l’ordre en Russie sous un régime nouveau, de remettre en exploitation toutes les richesses naturelles du pays et en particulier les gisements, du Caucase. Cependant, sans souci de sa nourriture de demain, le Russe incendie au lance-flamme ses récoltes, fait sauter ses villages, détruit son matériel roulant, sabote ses exploitations ».

2° Le risque d’une défaite allemande (longuement détaillé par Bérard) contraignait les maîtres de la France à rallier un autre protecteur que l’impérialisme « continental » choisi depuis la « Réconciliation » des années 1920. Un tel tournant s’avérant impossible « dans les mois à venir », on passerait avec doigté de l’hégémonie allemande à l’américaine, inéluctable. Car « déjà les États-Unis sont sortis seuls vainqueurs de la guerre de 1918 : ils en sortiront plus encore du conflit actuel. Leur puissance économique, leur haute civilisation, le chiffre de leur population, leur influence croissante sur tous les continents, l’affaiblissement des États européens qui pouvaient rivaliser avec eux font que, quoi qu’il arrive, le monde devra, dans les prochaines décades, se soumettre à la volonté des États-Unis. »[11] Bérard distinguait donc dès juillet 1941 le futur vainqueur militaire soviétique – que le Vatican identifia clairement peu après[12] ‑, que la guerre d’attrition allemande épuiserait, du « seul vainqueur », par « puissance économique », qui pratiquerait dans cette guerre comme dans la précédente la « stratégie périphérique ».

« stratégie périphérique » et Pax Americana contre l’URSS

Les États-Unis, n’ayant jamais souffert d’occupation étrangère ni d’aucune destruction depuis la soumission du Sud agricole (esclavagiste) au Nord industriel, avaient cantonné leur armée permanente à des missions aussi impitoyables qu’aisées, avant (et éventuellement depuis) l’ère impérialiste : liquidation des populations indigènes, soumission de voisins faibles (« l’arrière-cour » latino-américaine) et répression intérieure. Pour l’expansion impériale, la consigne du chantre de l’impérialisme Alfred Mahan ‑ développer indéfiniment la Marine ‑, s’était enrichie sous ses successeurs des mêmes prescriptions concernant l’aviation[13]. Mais la modestie de leurs forces armées terrestres dictait leur incapacité dans un conflit européen. Victoire une fois acquise par pays interposé, fournisseur de la « chair à canon » (« canon fodder »), des forces américaines tardivement déployées investiraient, comme à partir du printemps 1918, le territoire à contrôler : désormais, ce serait à partir de bases aéronavales étrangères, celles d’Afrique du Nord s’ajoutant depuis novembre 1942 aux britanniques[14].

L’Entente tripartite (France, Angleterre, Russie) s’était en 1914 partagé le rôle militaire, finalement dévolu, vu le retrait russe, à la France surtout. C’est l’URSS seule qui l’assumerait cette fois dans une guerre américaine qui, selon l’étude secrète de décembre 1942 du Comité des chefs d’États-majors interarmées (Joint Chiefs of Staff, JCS), se fixait pour norme d’« ignorer les considérations de souveraineté nationale » des pays étrangers. En 1942-1943, le JCS 1° tira du conflit en cours (et du précédent) la conclusion que la prochaine guerre aurait « pour épine dorsale les bombardiers stratégiques américains » et que, simple « instrument de la politique américaine, une armée internationale » chargée des tâches subalternes (terrestres) « internationaliserait et légitimerait la puissance américaine »; et 2° dressa l’interminable liste des bases d’après-guerre sillonnant l’univers, colonies des « alliés » comprises (JCS 570) : rien ne pourrait nous conduire à « tolérer des restrictions à notre capacité à faire stationner et opérer l’avion militaire dans et au-dessus de certains territoires sous souveraineté étrangère », trancha le général Henry Arnold, chef d’état-major de l’Air, en novembre 1943[15].

La « Guerre froide » transformant l’URSS en « ogre soviétique »[16] débriderait les aveux sur la tactique subordonnant l’usage de la « chair à canon » des alliés (momentanés) aux objectifs des « bombardements stratégiques américains ». En mai 1949, Pacte atlantique signé (le 4 avril), Clarence Cannon, président de la commission des Finances de la Chambre des Représentants (House Committee on Appropriations) glorifia les fort coûteux « bombardiers terrestres de grand raid capables de transporter la bombe atomique qui “en trois semaines auraient pulvérisé tous les centres militaires soviétiques” » et se félicita de la « contribution » qu’apporteraient nos « alliés […] en envoyant les jeunes gens nécessaires pour occuper le territoire ennemi après que nous l’aurons démoralisé et anéanti par nos attaques aériennes. […] Nous avons suivi un tel plan pendant la dernière guerre »[17].

Les historiens américains Michael Sherry et Martin Sherwin l’ont montré : c’est l’URSS, instrument militaire de la victoire, qui était la cible simultanée des futures guerres de conquête – et non le Reich, officiellement désigné comme ennemi « des Nations unies »[18]. On comprend pourquoi en lisant William Appleman Williams, un des fondateurs de « l’école révisionniste » (progressiste) américaine. Sa thèse sur « les relations américano-russes de 1781 à 1947 » (1952) a démontré que l’impérialisme américain ne supportait aucune limitation à sa sphère d’influence mondiale, que la « Guerre froide », née en 1917 et non en 1945-1947, avait des fondements non idéologiques mais économiques, et que la russophobie américaine datait de l’ère impérialiste[19]. « L’entente [russo-américaine] lâche et informelle […] s’était rompue sur les droits de passage des chemins de fer [russes] de Mandchourie méridionale et de l’Est chinois entre 1895 et 1912 ». Les Soviets eurent au surplus l’audace d’exploiter eux-mêmes leur caverne d’Ali Baba, soustrayant aux capitaux américains leur immense territoire (22 millions de km2). Voilà ce qui généra « la continuité, de Theodore Roosevelt et John Hay à Franklin Roosevelt en passant par Wilson, Hugues et Hoover, de la politique américaine en Extrême-Orient »[20] ‑ mais aussi en Afrique et en Europe, autres champs privilégiés « d’un partage et d’un repartage du monde »[21] américains renouvelés sans répit depuis 1880-1890.

Washington prétendait opérer ce « partage-repartage » à son bénéfice exclusif, raison fondamentale pour laquelle Roosevelt mit son veto à toute discussion en temps de guerre avec Staline et Churchill sur la répartition des « zones d’influence ». L’arrêt des armes lui assurerait la victoire militaire à coût nul, vu l’état pitoyable de son grand rival russe, ravagé par l’assaut allemand[22]. En février-mars 1944, le milliardaire Harriman, ambassadeur à Moscou depuis 1943, s’accordait avec deux rapports des services « russes » du Département d’État (« Certains aspects de la politique soviétique actuelle » et « La Russie et l’Europe orientale ») pour penser que l’URSS, « appauvrie par la guerre et à l’affût de notre assistance économique […,] un de nos principaux leviers pour orienter une action politique compatible avec nos principes », n’aurait même pas la force d’empiéter sur l’Est de l’Europe bientôt américaine. Elle se contenterait pour l’après-guerre d’une promesse d’aide américaine, ce qui nous permettrait « d’éviter le développement d’une sphère d’influence de l’Union Soviétique sur l’Europe orientale et les Balkans »[23]. Pronostic manifestant un optimisme excessif, l’URSS n’ayant pas renoncé à s’en ménager une.

La Pax Americana dans le tronçon français de la zone d’influence

Les plans de paix synarchique…

Ce « levier » financier était, tant à l’Ouest qu’à l’Est, « une des armes les plus efficaces à notre disposition pour influer sur les événements politiques européens dans la direction que nous désirons »[24].

En vue de cette Pax Americana, la haute finance synarchique, cœur de l’impérialisme français particulièrement représenté outre-mer – Lemaigre-Dubreuil, chef des huiles Lesieur (et de sociétés pétrolières), le président de la banque d’Indochine Paul Baudouin, dernier ministre des Affaires étrangères de Reynaud et premier de Pétain, etc. –, négocia, plus activement depuis le second semestre 1941, avec le financier Robert Murphy, délégué spécial de Roosevelt en Afrique du Nord. Futur premier conseiller du gouverneur militaire de la zone d’occupation américaine en Allemagne et un des chefs des services de renseignements, de l’Office of Strategic Services (OSS) de guerre à la Central Intelligence Agency de 1947, il s’était installé à Alger en décembre 1940. Ce catholique intégriste y préparait le débarquement des États-Unis en Afrique du Nord, tremplin vers l’occupation de l’Europe qui commencerait par le territoire français quand l’URSS s’apprêterait à franchir ses frontières de 1940-1941 pour libérer les pays occupés[25]. Ces pourparlers secrets furent tenus en zone non occupée, dans « l’empire », via les « neutres », des pro-hitlériens Salazar et Franco, sensibles aux sirènes américaines, aux Suisses et aux Suédois, et via le Vatican, aussi soucieux qu’en 1917-1918 d’assurer une paix douce au Reich vaincu. Prolongés jusqu’à la fin de la guerre, ils inclurent dès 1942 des plans de « retournement des fronts », contre l’URSS, qui percèrent avant la capitulation allemande[26] mais n’eurent plein effet qu’après les 8-9 mai 1945.

Traitant d’affaires économiques immédiates (en Afrique du Nord) et futures (métropolitaines et coloniales pour l’après-Libération) avec les grands synarques, Washington comptait aussi sur eux pour évincer de Gaulle, également haï des deux parties. En aucun cas parce qu’il était une sorte de dictateur militaire insupportable, conformément à une durable légende, au grand démocrate Roosevelt. De Gaulle déplaisait seulement parce que, si réactionnaire qu’il eût été ou fût, il tirait sa popularité et sa force de la Résistance intérieure (surtout communiste) : c’est à ce titre qu’il entraverait la mainmise totale des États-Unis, alors qu’un « Vichy sans Vichy » offrirait des partenaires honnis du peuple, donc aussi dociles « perinde ac cadaver » aux injonctions américaines qu’ils l’étaient aux ordres allemands. Cette formule américaine, finalement vouée à l’échec vu le rapport de forces général et français, eut donc pour héros successifs, de 1941 à 1943, les cagoulards vichystes Weygand, Darlan puis Giraud, champions avérés de dictature militaire[27], si représentatifs du goût de Washington pour les étrangers acquis à la liberté de ses capitaux et à l’installation de ses bases aéronavales[28].

On ne s’efforçait pas d’esquiver de Gaulle pour subir les Soviets : épouvantés par l’issue de la bataille de Stalingrad, les mêmes financiers français dépêchèrent aussitôt à Rome leur tout dévoué Emmanuel Suhard, instrument depuis 1926 de leurs plans de liquidation de la République. Le cardinal-archevêque (de Reims) avait été, la Cagoule ayant opportunément en avril 1940 liquidé son prédécesseur Verdier, nommé à Paris en mai juste après l’invasion allemande (du 10 mai) : ses mandants et Paul Reynaud, complice du putsch Pétain-Laval imminent, l’envoyèrent amorcer à Madrid le 15 mai, via Franco, les tractations de « Paix » (capitulation) avec le Reich[29]. Suhard fut donc à nouveau chargé de préparer, en vue de la Pax Americana, les pourparlers avec le nouveau tuteur : il devait demander à Pie XII de poser « à Washington », viaMyron Taylor, ancien président de l’US Steelet depuis l’été 1939 « représentant personnel » de Roosevelt « auprès du pape », « la question suivante : “Si les troupes américaines sont amenées à pénétrer en France, le gouvernement de Washington s’engage-t-il à ce que l’occupation américaine soit aussi totale que l’occupation allemande ?” », à l’exclusion de toute « autre occupation étrangère (soviétique). Washington a répondu que les États-Unis se désintéresseraient de la forme future du gouvernement de la France et qu’ils s’engageaient à ne pas laisser le communisme s’installer dans le pays »[30]. La bourgeoisie, nota un informateur du BCRA fin juillet 1943, « ne croyant plus à la victoire allemande, compte […] sur l’Amérique pour lui éviter le bolchevisme. Elle attend le débarquement anglo-américain avec impatience, tout retard lui apparaissant comme une sorte de trahison ». Ce refrain fut chanté jusqu’à la mise en œuvre de l’opération « Overlord »[31].

… contre les espérances populaires

Au « bourgeois français [qui avait] toujours considéré le soldat américain ou britannique comme devant être naturellement à son service au cas d’une victoire bolchevique », les RG opposaient depuis février 1943 « le prolétariat », qui exultait: « les craintes de voir “sa” victoire escamotée par la haute finance internationale s’estompent avec la chute de Stalingrad et l’avance générale des soviets »[32]. De ce côté, à la rancœur contre l’inaction militaire des Anglo-Saxons contre l’Axe s’ajouta la colère provoquée par leur guerre aérienne contre les civils, ceux des « Nations unies » compris. Les « bombardements stratégiques américains », ininterrompus depuis 1942, frappaient les populations mais épargnaient les Konzerne partenaires, IG Farben en tête comme le rapporta en novembre « un très important industriel suédois en relations étroites avec [le géant chimique], retour d’un voyage d’affaires en Allemagne » : à Francfort, « les usines n’ont pas souffert », à Ludwigshafen, « les dégâts sont insignifiants », à Leverkusen, « les usines de l’IG Farben […] n’ont pas été bombardées »[33].

Rien ne changea jusqu’en 1944, où un long rapport de mars sur « les bombardements de l’aviation anglo-américaine et les réactions de la population française » exposa les effets de « ces raids meurtriers et inopérants » : l’indignation enflait tant depuis 1943 qu’elle ébranlait l’assise du contrôle américain imminent du territoire. Depuis septembre 1943 s’étaient intensifiées les attaques contre la banlieue de Paris, où les bombes étaient comme « jetées au hasard, sans but précis, et sans le moindre souci d’épargner des vies humaines ». Nantes avait suivi, Strasbourg, La Bocca, Annecy, puis Toulon, qui avait « mis le comble à la colère des ouvriers contre les Anglo-Saxons » : toujours les mêmes morts ouvriers et peu ou pas d’objectifs industriels touchés. Les opérations préservaient toujours l’économie de guerre allemande, comme si les Anglo-Saxons « craignaient de voir finir la guerre trop vite ». Ainsi trônaient intacts les hauts-fourneaux, dont la « destruction paralyserait immédiatement les industries de transformation, qui cesseraient de fonctionner faute de matières premières ». Se répandait « une opinion très dangereuse […] dans certaines parties de la population ouvrière qui a été durement frappée par les raids. C’est que les capitalistes anglo-saxons ne sont pas mécontents d’éliminer des concurrents commerciaux, et en même temps de décimer la classe ouvrière, de la plonger dans un état de détresse et de misère qui lui rendra plus difficile après la guerre la présentation de ses revendications sociales. Il serait vain de dissimuler que l’opinion française est, depuis quelque temps, considérablement refroidie à l’égard des Anglo-Américains », qui reculent toujours devant « le débarquement promis […]. La France souffre indiciblement […] Les forces vives du pays s’épuisent à une cadence qui s’accélère de jour en jour, et la confiance dans les alliés prend une courbe descendante. […] Instruits par la cruelle réalité des faits, la plupart des ouvriers portent désormais tous leurs espoirs vers la Russie, dont l’armée est, à leur avis, la seule qui puisse venir à bout dans un délai prochain de la résistance des Allemands »[34].

C’est donc dans une atmosphère de rancœur contre ces « alliés » aussi bienveillants pour le Reich qu’avant et après 1918 qu’eut lieu leur débarquement du 6 juin 1944. Colère et soviétophilie populaires persistèrent, donnant au PCF un écho qui inquiétait l’État gaulliste imminent : « le débarquement a enlevé à sa propagande une part de sa force de pénétration », mais « le temps assez long qu’ont mis les armées anglo-américaines à débarquer sur le sol français a été exploité pour démontrer que seule l’armée russe était en mesure de lutter efficacement contre les nazis. Les morts provoquées par les bombardements et les douleurs qu’elles suscitent servent également d’éléments favorables à une propagande qui prétend que les Russes se battent suivant les méthodes traditionnelles et ne s’en prennent point à la population civile »[35].

Le déficit de sympathie enregistré dans ce morceau initial de la sphère d’influence américaine se maintint entre la Libération de Paris et la fin de la guerre en Europe, comme l’attestent les sondages de l’Ifop d’après-Libération, parisien (« du 28 août au 2 septembre 1944 ») et de mai 1945, national (déjà cité)[36]. Il fut après-guerre, on l’a dit, d’abord progressivement, puis brutalement comblé. Il n’est donc plus grand monde pour rappeler qu’après la bataille des Ardennes (décembre 1944-janvier 1945), seuls combats importants livrés par les Anglo-Saxons contre des troupes allemandes (9 000 morts américains)[37], le haut-commandement de la Wehrmacht négocia fébrilement sa reddition « aux armées anglo-américaines et le report des forces à l’Est »;

que, fin mars 1945, « 26 divisions allemandes demeuraient sur le front occidental », à seule fin d’évacuation « vers l’Ouest » par les ports du Nord, « contre 170 divisions sur le front de l’Est », qui combattirent farouchement jusqu’au 9 mai (date de la libération de Prague)[38];

que le libérateur américain, qui avait doublé à la faveur de la guerre son revenu national, avait sur les fronts du Pacifique et d’Europe perdu 290 000 soldats de décembre 1941 à août 1945[39] : soit l’effectif soviétique tombé dans les dernières semaines de la chute de Berlin, et 1% du total des morts soviétiques de la « Grande guerre patriotique », près de 30 millions sur 50.

Du 6 juin 1944 au 9 mai 1945, Washington acheva de mettre en place tout ou presque pour rétablir le « cordon sanitaire » que les rivaux impérialistes anglais et français avaient édifié en 1919 ; et pour transformer en bête noire le pays le plus chéri des peuples d’Europe (français inclus). La légende de la « Guerre froide » mériterait les mêmes correctifs que celle de l’exclusive libération américaine de l’Europe[40].

[1] Frédéric Dabi, « 1938-1944 : Des accords de Munich à la libération de Paris ou l’aube des sondages d’opinion en France », février 2012, http://www.revuepolitique.fr/1938-1944-laube-des-sondages-dopinion-en-france/, chiffres extraits du tableau, p. 5. Total inférieur à 100 : 3 autres données : Angleterre; 3 pays; sans avis.

[2] Ibid., p. 4.

[3] Campagne si délirante qu’un journal électronique lié aux États-Unis a le 2 mai 2014 a prôné quelque pudeur sur l’équation CIA-démocratie http://www.huffingtonpost.fr/charles-grandjean/liberte-democratie-armes-desinformation-massive-ukraine_b_5252155.html

[4] Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l’Europe et le Reich 1914-1944, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition), passim.

[5] Lynn E. Davis, The Cold War begins […] 1941-1945, Princeton, Princeton UP, 1974; Lloyd Gardner, Spheres of influence […], 1938-1945, Chicago, Ivan R. Dee, 1993; Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars: From World War to Cold War, 1939-1953. New Haven & London: Yale University Press, 2006, traduction chez Delga, septembre 2014.

[6] Tél. 1450-1467 de Bérard, Bonn, 18 février 1952, Europe généralités 1949-1955, 22, CED, archives du ministère des Affaires étrangères (MAE).

[7] Note État-major, anonyme, 15 septembre 1938 (modèle et papier des notes Gamelin), N 579, Service historique de l’armée de terre (SHAT).

[8] Moral de la région parisienne, note reçue le 22 avril 1943, F1a, 3743, Archives nationales (AN).

[9] Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises,2012.

[10] Revendication de paternité, t. 1 de ses mémoires, Un ambassadeur se souvient. Au temps du danger allemand, Paris, Plon, 1976, p. 458, vraisemblable, vu sa correspondance du MAE.

[11] Rapport 556/EM/S au général Koeltz, Wiesbaden, 16 juillet 1941, W3, 210 (Laval), AN.

[12] Les difficultés « des Allemands » nous menacent, se lamenta fin août Tardini, troisième personnage de la secrétairerie d’État du Vatican, d’une issue « telle que Staline serait appelé à organiser la paix de concert avec Churchill et Roosevelt », entretien avec Léon Bérard, lettre Bérard, Rome-Saint-Siège, 4 septembre 1941, Vichy-Europe, 551, archives du ministère des Affaires étrangères (MAE).

[13] Michael Sherry, Preparation for the next war, American Plans for postwar defense, 1941-1945, New Haven, Yale University Press, 1977, chap. 1, dont p. 39.

[14] Exemples français et scandinave (naguère fief britannique), Lacroix-Riz, « Le Maghreb: allusions et silences de la chronologie Chauvel », La Revue d’Histoire Maghrébine, Tunis, février 2007, p. 39-48; Les Protectorats d’Afrique du Nord entre la France et Washington du débarquement à l’indépendance 1942-1956, Paris, L’Harmattan, 1988, chap. 1; « L’entrée de la Scandinavie dans le Pacte atlantique (1943-1949): une indispensable “révision déchirante” », guerres mondiales et conflits contemporains (gmcc), 5 articles, 1988-1994, liste, http://www.historiographie.info/cv.html.

[15] Sherry, Preparation, p. 39-47 (citations éparses).

[16] Sarcasme de l’ambassadeur américain H. Freeman Matthews, ancien directeur du bureau des Affaires européennes, dépêche de Dampierre n° 1068, Stockholm, 23 novembre 1948, Europe Généralités 1944-1949, 43, MAE.

[17] Tél. Bonnet n° 944-1947, Washington, 10 mai 1949, Europe généralités 1944-1949, 27, MAE, voir Lacroix-Riz, « L’entrée de la Scandinavie », gmcc, n° 173, 1994, p. 150-151 (150-168).

[18] Martin Sherwin, A world destroyed. The atomic bomb and the Grand Alliance, Alfred a Knopf, New York, 1975; Sherry Michael, PreparationThe rise of American Air Power: the creation of Armageddon, New Haven, Yale University Press, 1987; In the shadow of war : the US since the 1930’s, New Haven, Yale University Press, 1995.

[19] Williams, Ph.D., American Russian Relations1781-1947, New York, Rinehart & Co., 1952, et The Tragedy of American Diplomacy, Dell Publishing C°, New York, 1972 (2e éd).

[20]Richard W. Van Alstyne, recension d’American Russian RelationsThe Journal of Asian Studies, vol. 12, n° 3, 1953, p. 311.

[21]Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalismeEssai de vulgarisation, Paris, Le Temps des cerises, 2001 (1e édition, 1917), p. 172. Souligné dans le texte.

[22] Élément clé de l’analyse révisionniste, dont Gardner, Spheres of influence, essentiel.

[23] Tél. 861.01/2320 de Harriman, Moscou, 13 mars 1944, Foreign Relations of the United States 1944IV, Europe, p 951 (en ligne).

[24] Ibid.

[25] Lacroix-Riz, « Politique et intérêts ultra-marins de la synarchie entre Blitzkrieg et Pax Americana, 1939-1944 », in Hubert Bonin et al.Les entreprises et l’outre-mer français pendant la Seconde Guerre mondiale, Pessac, MSHA, 2010, p. 59-77; « Le Maghreb: allusions et silences de la chronologie Chauvel », La Revue d’Histoire Maghrébine, Tunis, février 2007, p. 39-48.

[26] Dont la capitulation de l’armée Kesselring d’Italie, opération Sunrise négociée en mars-avril 1945 par Allen Dulles, chef de l’OSS-Europe en poste à Berne, avec Karl Wolff, « chef de l’état-major personnel de Himmler » responsable de « l’assassinat de 300 000 juifs », qui ulcéra Moscou. Lacroix-Riz, Le Vatican, chap. 10, dont p. 562-563, et Industriels et banquiers français sous l’Occupation,Paris, Armand Colin, 2013, chap. 9.

[27] Jean-Baptiste Duroselle, L’Abîme 1939-1945, Paris, Imprimerie nationale, 1982, passim; Lacroix-Riz, « Quand les Américains voulaient gouverner la France », Le Monde diplomatique, mai 2003, p. 19; Industriels, chap. 9.

[28]David F Schmitz, Thank God, they’re on our side. The US and right wing dictatorships, 1921-1965, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999.

[29] Index Suhard Lacroix-Riz, Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition) et 2008.

[30] LIBE/9/14, 5 février 1943 (visite récente), F1a, 3784, AN. Taylor, Vatican, chap. 9-11 et index.

[31] Information d’octobre, reçue le 26 décembre 1943, F1a, 3958, AN, et Industriels, chap. 9.

[32] Lettre n° 740 du commissaire des RG au préfet de Melun, 13 février 1943, F7, 14904, AN.

[33] Renseignement 3271, arrivé le 17 février 1943, Alger-Londres, 278, MAE.

[34] Informations du 15 mai, diffusées les 5 et 9 juin 1944, F1a, 3864 et 3846, AN.

[35] Information du 13 juin, diffusée le 20 juillet 1944, « le PC à Grenoble », F1a, 3889, AN.

[36] M. Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop, phare de l’ignorance régnant en 2012 sur l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, déplore le résultat de 1944 : « une très nette majorité (61%) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national [fin août 1944??], ne recueillent respectivement que 29,3% et 11,5% », « 1938-1944 », p. 4, souligné par moi.

[37] Jacques Mordal, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Larousse, 1979, t. 1, p. 109-114.

[38] Gabriel Kolko, The Politics of War. The World and the United States Foreign Policy, 1943-1945, New York, Random House, 1969, chap. 13-14.

[39] Pertes « militaires uniquement », Pieter Lagrou, « Les guerres, la mort et le deuil : bilan chiffré de la Seconde Guerre mondiale », in Stéphane Audoin-Rouzeau et al., dir., La violence de guerre 1914-1945, Bruxelles, Complexe, 2002, p. 322 (313-327).

[40] Bibliographie, Jacques Pauwels,Le Mythe de la bonne guerre : les USA et la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, Éditions Aden, 2012, 2e édition; Lacroix-Riz, Aux origines du carcan européen, 1900-1960. La France sous influence allemande et américaine, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2014.

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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 13:13

Dans un monde avec tant de richesse. Avec des villes modernes, pleines de ressources. Comment peut-il y avoir une telle pauvreté ?... Où tant de gens doivent vivre avec moins de un dollar par jour. Où des familles entières vivent dans une seule pièce. Loin des villes et de leur modernité. Dans des ghettos, des bidonvilles. Entassés comme des bêtes de sommes.

Chaque jour, vingt cinq mille personnes meurent de faim ou d'une cause due à la faim. Cela est de l'entière responsabilité du système que nous avons créé. On peut avancer sans aucun doute que ce système est un échec total. D'un point de vu économique le plus rationnel et objectif possible, ce système est un échec.

Les Etats-Unis abritent moins de 5% de la population mondiale. Ils consomment environ 25% des ressources mondiales et génèrent à peu près 30% de la pollution mondiale. Voilà un déséquilibre. Voilà un échec.

Il y a une date clé : " 1492 "...A partir de cette année là, les européens interviennent de manière tout à fait brutale dans l'histoire des peuples de ce qu'on appelle aujourd'hui les Amériques. A partir de ce moment là, on peut parler de globalisation. De mondialisation. Parce qu'à peu près l'ensemble des continents de la planète sont connectés les uns aux autres de façon soudaine et brutale, tout au long du seizième siècle.

Le système capitaliste et les temps modernes ont donc commencés là. Par la colonisation de ces nouveaux mondes. La captation de leur richesses. De leur exploitation et de leur expropriation. En Amérique des hommes qui devaient être connus sous le noms de conquistadors, de colons, vinrent d'Espagne, du Portugal et plus tard du royaume uni et de la Hollande. Ils pillèrent les richesses des Incas et des Mayas. L'or et l'argent. Les objets de culte et d'ornement. C'est ensuite qu'ils se mirent à confisquer les terres. Ce qui détruisit leurs économies naturelles. Cette pratique débuta en europe bien avant, lorsque la noblesse confisqua les terres communales, privant ainsi les plus pauvres de leur mode de subsistance. C'est par la captation des terres, par au fond quelques familles, que la pression de la pauvreté s'exerça dans le monde entier. A des degrés divers certes, mais par extension, c'est bel et bien la captation des terres qui est à l'origine de la pauvreté ici et dans le reste du monde. L'état et le maintien de cet état de pauvreté, notamment en Afrique, découle directement des ces 500 ans d'appropriation des terres. (Et de la monoculture imposée bien sûr, mais cela fera l'objet d'un autre article.). Aujourd'hui, dans cette Afrique meurtrie et malgré l'indépendence de leur pays, les pauvres gens n'ont toujours pas récupéré leurs terres, qui appartiennent toujours aux grands propriétaires ou à des groupes financiers. Au Kenya, à la fin de l'époque coloniale, les 1% de blancs possédaient environ 50% des terres cultivables...

Dans ce contexte historique, il faut bien commencer par les conditions nécessaires au capitalisme : Le capitalisme ne peut fonctionner sans main d'oeuvre gratuite. La main d'oeuvre est un facteur clé des coûts de production. Donc, dans la mesure où ce dont on parle est un capitalisme expansionniste, il recherche toujours ce genre de circonstance. Les empires européens ont été construit sur les richesses volées à leur colonies et donc sur ce facteur essentiel de cette richesse, du capitalisme : la main d'oeuvre gratuite... L'esclavage. C'est entièrement grace à cette exploitation de leurs colonies, que les empires européens pûrent réunir les capitaux nécessaires à leur révolution industrielle.

Jusqu'au milieu du 17 ème siècle, seize millions de kgs d'argent fûrent ramenés en Espagne. Cela représentait 3 fois le montant total des réserves européennes. Seulement l'Espagne s'était tellement endettée dans ses guerres, que cet argent bénéficia surtout à ses créanciers Anglais. C'est en grande partie grace à cet argent et au rendement de leurs propres colonies, que l'Angletterre fût à la pointe de la révolution industrielle et donc la première puissance du monde.

Il se met alors en place, dans la seconde moitié du 19ème siècle, une espèce de triade : Europe occidentale-Amérique du nord-Japon, qui commence à dicter au reste de la planète, les règles du jeu et impose donc un modèl économique directement issu de ces richesses coloniales accumulées : Le capitalisme.

Ayant obtenu des ressources naturelles et la main d'oeuvre gratuite, les européens eurent besoin d'ouvrir de nouveaux marchés pour leurs produits. Ils séparèrent l'agriculture de l'industrie. Empêchant les fermiers de fabriquer leurs outils, leurs vêtements, leurs ustensils. Les transformant ainsi, en acheteurs de marchandises. Toutes les industries existantes fûrent détruites. Et les colonies fûrent forcées d'acheter des produits manufacturés et autres équipements, aux puissances coloniales. Les hollandais ont par exemple détruit l'industrie textile indonésienne, pour s'approprier un savoir faire indéniable, qui fît la fortune de leur propre industrie. Au 18ème siècle, l'industrie textile indienne était nettement supérieur en qualité à ce qui se faisait en angleterre. Les britaniques ont donc détruit l'industrie textile indienne, pour s'accaparer son savoir faire, lui substituer et lui imposer une production 100% londonienne. C'était une oeuvre d'exploitation, de spoliation et de destruction de ce qui existait déjà sur place. En Inde, chronologiquement, on peut vérifier que l'apparition de la famine correspond avec la destruction des structures artisanales, de la propriété paysanne, des réformes agraires et foncières imposées par les anglais.

Un des héritages du colonialisme, est que les pauvres pays du tiers-monde continuent d'exporter des matières premières, alors que nous produisons et exportons des produits finis. C'est une vieille pratique qui avait et qui a toujours comme intention, que les pays du tiers-monde restent en retard, dépendant, et incapable de se développer. Depuis 1960, le prix des exportations agricoles du tiers-monde a chuté de 70% par rapport aux importations de produits manufacturés. Les européens ont substitué à l'état d'esprit communautaire de ces peuples, le concept d'intérêt individuel...La propriété privée. Ce qui destabilisa et mit dans une situation de dépendance et d'infériorité, des civilisations entières.

Les ressources du sud sont fondamentales au développement du nord. La manière d'accéder à ces ressources et de les contrôler, devient cruciale pour le nord. C'est là que le combat s'est toujours déroulé et ce durant des siècles, et encore aujourd'hui évidemment.

A partir de la fin de la seconde guerre mondiale, on a commencé a mettre fin aux empires. Les USA qui avaient peu de colonies, regardaient avidement celles des anglais, des français et des japonais. Ils étaient donc pour le démantèlement. S'imaginant pouvoir les contrôler par d'autres moyens. C'est ce qui arriva. Les pays du sud sont formellement politiquement indépendant. Ils ont leurs propres gouvernements. Mais ils sont dans un ensemble institutionnel qui réintroduit une forme de néo-colonialisme. Puisque toute une série de politiques économiques qui sont appliquée, ou plutôt imposée aux pays du sud endettés, sont dictée à partir de Washington. Du siège de la banque mondiale ou du FMI. Un organisme comme la banque mondiale n'a jamais eu pour mission la réduction de la pauvreté. Elle a, dès le début oeuvré pour que les pays du sud deviennent économico-compatibles, de façon a laisser le champs libre aux investisseurs et spéculateurs des pays riches.

Une chose essentielle a savoir pour comprendre comment les pays du nord ont réduit les pays du sud au rang de marionettes économiques. La dette contractée par les puissances coloniales pour s'emparer de ces pays, de leurs territoires, de leurs richesses, bref, le coût de la colonisation, fût transféré aux pays du sud lorsqu'ils devinrent indépendants !!...En contradiction totale avec le droit internationnal. Cette dette énorme qui pressure ces pays et surtout leur citoyens, est totalement illégale !.

De fait, la banque mondiale et le fmi par ses aménagements structurels, ont beau jeu ensuite d'exiger de ces pays des politiques économiques odieuses, sur la seule base de cette dette illégale. En Afrique, ils exigent l'augmentation des impôts indirects. L'impôts le plus injuste. Ils veulent que les pauvres paient pour l'éducation et la santé. Amenant de fait une privatisation des services publiques sur un continent qui en manque déjà cruellement et imposant une pression économique telle, qu'encore aujourd'hui, il est pratiquement impossible pour une majorité de pauvres gens, de se cultiver et de se soigner. L'Afrique noire donc, qui est la partie la plus pauvre du monde, paie 25 000 dollars chaque minute à ses créanciers du nord ! Imaginons que cette dette disparaisse...

En toute probabilité et même en suivant la fourchette basse, c'est autour de 15000 milliards de dollars qui dormiraient dans des comptes off-shore. Si nous taxons cet argent raisonnablement, disons à 30%, tout en épongeant l'ignoble dette des pays du sud, nous aurions largement les moyens d'en finir avec la pauvreté la plus élémentaire... La plus insupportable. Les solutions et particulièrement les solutions économiques existent. Il ne manque plus que la volonté politique...

Les 1% les plus riches de la planète, possèdent plus de 30% des richesses mondiales...

Mais nous voyons bien qu'il en est des abus de la finance mondiale, comme du maintien des pays du sud dans une pauvreté chronique : le système est intouchable !. Parce qu'en fait, et c'est là aussi d'un odieux cynisme....Dans les échanges entre le nord et le sud, le nord est excédentaire à hauteur de 200 milliards de dollars par an !!...C'est à dire qu'au fond, le sud continue comme au temps des colonies, de financer le nord à hauteur de 200 milliards par an !! Les pays riches ne sont pas prêt a lâcher cette manne.

Pour 1 dollar de don reçu par le continent africain... Il paie 13 dollars !...Ce n'est donc pas l'occident et les pays du nord qui apportent et ce de manière très condescendante, une bouffée d'oxigène financière aux pays africains. C'est le contraire !. Sans cet argent du sud, les pays du nord touchés par la crise de 2008, seraient aujourd'hui en état de faillite. Probablement aussi l'Allemagne, qui par exemple ne produit pas un grain de café sur son sol, mais en est pourtant l'un des plus grands exportateurs... Entre la dette et l'exploitation de leurs ressources par des firmes étrangères, il est absolument impossible aux pays du sud de financer leur développement.

Il ne faut donc pas s'étonner de voir débarquer sur nos côtes des milliers de pauvres gens en quête d'une vie meilleur. En tous les cas avec un minimum de perspectives impossibles à trouver chez eux. Bientôt, ils seront des million. Parce que au train ou vont les choses et si rien ne change, le fossé entre eux et nous va encore s'accentuer. Et lorsqu'il sera béant, nous entrerons alors dans une phase de mouvement migratoire de masse, qu'il sera impossible de contenir. Un avenir sans gagnants. Ni eux...Ni nous.

Il faut doc au plus vite, que les pays du nord annulent la dette des pays du sud. C'est le seul moyen. Un moyen juste et loyal de rendre le quotidient de ces pays un peu moins pénible et surtout de réparer une terrible injustice. Je ne suis pas particulièrement optimiste quant à ce voeu pieux. Car en plus de voir les pays riches freiner des quatres fers quand à cette perspective, il faut bien avouer que le niveau de compromission des gouvernements des pays pauvres est tel, qu'il n'y a rien à attendre non plus de ce côté-là. La parole revient une fois de plus aux peuples. Bientôt une pétiton mondiale circulera. Le moment venu... Signez-la.

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 13:42
LA LIGNE ROUGE AMÉRICAINE EST FERMEMENT PLACÉE AUX FRONTIÈRES AVEC LA RUSSIE… ET L’ANNEXION DE LA CRIMÉE L’A FRANCHIE.

Le 3 mai 2014

La crise Ukrainienne actuelle est grave et menaçante, à tel point que certains commentateurs la comparent même à la crise des missiles de Cuba en 1962.

Le chroniqueur Thanassis Cambanis résume la question centrale succinctement dans The Boston Globe [NdT : grand quotidien édité par le même groupe de presse que le New York Times] : « L’annexion par [le président Vladimir] Poutine de la Crimée est une rupture de l’ordre sur lequel l’Amérique et ses alliés s’appuyaient depuis la fin de la guerre froide, à savoir, celui dans lequel les grandes puissances ne pourraient intervenir militairement que lorsqu’elles auraient un consensus international de leur côté, ou à défaut, quand elles ne franchiraient pas les lignes rouges d’une puissance rivale.»

Le crime international le plus extrême de cette époque; l’invasion par les États-Unis/Grande Bretagne de l’Irak, n’était donc pas une rupture dans l’ordre mondial – car, après avoir échoué à obtenir un soutien international, les agresseurs n’ont pas franchi les lignes rouges russes ou chinoises.
En revanche, la prise de contrôle par Poutine de la Crimée et ses ambitions en Ukraine ont  traversé les lignes rouges américaines.

Par conséquent, «Obama s’emploie à isoler la Russie de Poutine en coupant ses liens économiques et politiques avec le monde extérieur, limitant ses ambitions expansionnistes dans son propre voisinage et en fait de manière efficace un Etat paria», rapporte Peter Baker dans le New York Times.

Les lignes rouges américaines, en clair, sont fermement placées aux frontières de la Russie. Par conséquent les ambitions russes «dans leur propre quartier » violent l’ordre mondial et créent des crises.

L’affaire se généralise. D’autres pays sont parfois autorisés à avoir des lignes rouges à leurs frontières (où sont également situées les lignes rouges des États-Unis). Mais pas l’Irak, par exemple. Ni l’Iran, que les États-Unis menacent sans cesse d’attaques [militaires] (« aucune option n’a été retirée de la table »).

De telles menaces violent non seulement la Charte des Nations Unies, mais aussi la résolution de l’Assemblée générale condamnant la Russie que les États-Unis viennent de signer. La résolution débute en soulignant l’interdiction dans la Charte des Nations Unies de « la menace ou l’emploi de la force » dans les affaires internationales [1].

La crise des missiles de Cuba a aussi révélé les lignes rouges des grandes puissances. Le monde a été dangereusement proche de la guerre nucléaire, lorsque le président Kennedy a rejeté l’offre de M. Khrouchtchev de mettre fin à la crise par retrait simultané et public des missiles soviétiques de Cuba et des missiles américains de Turquie. (Les missiles américains avaient déjà été prévus pour être remplacés par des missiles sous-marins Polaris [NdT: l’UGM27-Polaris est un missile nucléaire tactique mer-sol], qui constituaient une partie de l’énorme système de menace visant à la destruction de la Russie).

Dans ce cas aussi, les lignes rouges des États-Unis étaient aux frontières de la Russie, et cela a été accepté par tout le monde.

L’invasion américaine de l’Indochine, comme l’invasion de l’Irak, n’a pas traversé de ligne rouge, comme de nombreux autres agissements dommageables des États-Unis à travers le monde. Pour revenir sur le point crucial : les adversaires sont parfois autorisés à avoir des lignes rouges; mais à leurs frontières; où sont également situées les lignes rouges de l’Amérique. Si un adversaire a des « ambitions expansionnistes dans son propre quartier »,  traversant les lignes rouges des États-Unis, le monde fait alors face à une crise.

Dans le numéro actuel de la revue Harvard-MIT « Sécurité Internationale », le professeur à l’Université d’Oxford Yuen Foong Khong explique qu’il y a « une longue tradition dans la pensée stratégique américaine : les administrations successives ont souligné que l’intérêt vital des États-Unis est d’empêcher une force hégémonique hostile de dominer une des principales régions du monde» [2].

En outre, il est généralement admis que les États-Unis doivent « maintenir leur prédominance », parce que « c’est l’hégémonie américaine qui a maintenu la paix et la stabilité régionale », ce dernier terme technique se référant à la subordination aux exigences américaines.

Il se trouve que la plupart des pays pensent différemment et considèrent les États-Unis comme un « État voyou » et « la plus grande menace pour la paix mondiale », sans aucun concurrent, même proche dans les sondages. Mais qu’est-ce que le monde en sait ?

L’article de Khong concerne la crise en Asie, provoquée par l’émergence de la Chine, qui devient la « puissance économique principale en Asie » et qui, comme la Russie, a des « ambitions expansionnistes dans son propre quartier », traversant ainsi des lignes rouges américaines.

Le but du récent voyage en Asie du président Obama était de rappeler la « longue tradition », en langage diplomatique.

La condamnation occidentale quasi-unanime de Poutine comprend le « discours émouvant » dans lequel il se plaignait amèrement de ce que les États-Unis et ses alliés « nous avaient trompés encore et encore, pris des décisions dans notre dos, nous amenant devant le fait accompli de l’élargissement de l’OTAN à l’Est, avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières. Ils nous ont toujours dit la même chose : « Eh bien, cela ne vous regarde pas».»

Les plaintes de Poutine sont factuellement exactes. Lorsque le président Gorbatchev a accepté l’unification de l’Allemagne dans le cadre de l’OTAN – une concession surprenante à la lumière de l’histoire, il y avait un quiproquo. Washington donna son accord pour que l’OTAN ne s’étende pas « d’un pouce vers l’Est », en référence à l’Allemagne de l’Est.

La promesse a été immédiatement rompue, et quand Gorbatchev s’est plaint, il a été informé que ce n’était qu’une promesse verbale, sans aucune valeur.

Le président Clinton a procédé à l’élargissement de l’OTAN beaucoup plus loin à l’Est, aux frontières de la Russie. Aujourd’hui, il y a même des appels à étendre l’OTAN à l’Ukraine, au plus profond du « quartier » historique Russe. Mais cela « ne concerne pas » les Russes, car la responsabilité de « maintenir la paix et la stabilité » exige que des lignes rouges américaines soient aux frontières de la Russie.

L’annexion par la Russie de la Crimée aurait été un acte illégal, en violation du droit international et des traités concernés. Il n’est pas facile de trouver quelque chose de comparable au cours des dernières années – l’invasion de l’Irak était un crime bien plus grand.

Mais un exemple comparable vient à l’esprit : le contrôle américain de la baie de Guantanamo, au sud-est de Cuba. Guantanamo a été arrachée à Cuba par la force des armes en 1903 et n’a pas été dessaisie malgré les demandes de Cuba depuis l’obtention de son indépendance en 1959.

Pour en être sûr, la Russie a un dossier beaucoup plus solide. Même en dehors du soutien interne fort en faveur de l’annexion, la Crimée est historiquement russe; elle contient le seul port en eau chaude [NdT: port dont l’eau ne gèle pas en Hiver] de la Russie, l’hébergement de la flotte Russe, et a une énorme importance stratégique. Les États-Unis n’ont aucun droit à Guantanamo, autre que son monopole de la force.

Une raison pour laquelle les États-Unis refusent de rendre Guantanamo à Cuba, sans doute, est que c’est un port important et que le contrôle américain de la région entrave gravement le développement de Cuba. C’est un objectif politique majeur des États-Unis depuis 50 ans, y compris en usant du terrorisme à grande échelle et de la guerre économique [3].

Les États-Unis prétendent qu’ils sont indignés par les violations des droits de l’Homme à Cuba, passant sous silence que les pires de ces violations ont lieu à Guantanamo ; que les charges valables contre Cuba ne sont pas à comparer avec les pratiques habituelles des clients latino-américains de Washington [4] ; et que Cuba a été sous une sévère et implacable attaque américaine depuis son indépendance.

Mais rien de tout cela ne franchit les lignes rouges de qui que ce soit et ne provoque de crise. Cela tombe simplement dans la catégorie des invasions américaines de l’Indochine et de l’Irak, du renversement de régimes parlementaires légitimes et leur remplacement par les pires dictateurs, et finalement cela vient un peu plus grossir notre ignoble dossier d’autres exercices de «maintien de la paix et de la stabilité ». 

© 2014 Noam Chomsky distribué par The New York Times Syndicate 

Traduction Surya pour le blog www.les-crises.fr

[1] http://www.un.org/News/Press/docs/2014/ga11493.doc.htm

[2] Voir la doctrine Wolfowitz en note de bas de page du billet http://www.les-crises.fr/traduction-exclusive-washington-cherche-la-mise-a-mort-de-la-russie-par-paul-craig-roberts/   ou http://en.wikipedia.org/wiki/Wolfowitz_Doctrine  ainsi que Le Grand Echiquier de Zbigniew Brzezinski sur le rôle de l’Eurasie dans la lutte pour la domination mondiale

[3] http://www.chomsky.info/books/hegemony02.htm

[4] Voir les nombreuses intervention américaines de déstabilisation en Amérique du Sud entre les années 50 et la fin des années 80 au Guatemala, Nicaragua, Equateur, Brésil, Chili, Uruguay, Salvador, Honduras (liste non exhaustive)

 

Source : Les-crises.fr

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : EN DIRECT. Ukraine : près de 89% de « oui » à l'indépendance à Donetsk...

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 12:24

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Bien caché derrière cette campagne européenne calamiteuse, on commence à entendre en sourdine une inquiétante mélodie… des acronymes obscures : TAFTA. GMT. TTIP. PTCI. APT. J’ai décidé de retenir le nom de TAFTA qui signifie Transatlantic Free Trade Area pour vous expliquer le plus simplement possible ce qui se cache derrière le Grand Traité Transatlantique. Âmes sensibles s'abstenir !

Le TAFTA, kézako ?

Derrière le TAFTA, on retrouve l’idée tenace de mettre en place une zone de libre échange transatlantique. Déjà après la chute du mur de Berlin, la poussière n’était pas encore retombée que les États-Unis et les États européens signaient déjà une première « résolution transatlantique ». Mais le TAFTA irait bien plus loin, puisqu’il prévoit une véritable zone de libre échange total pour le commerce et les investissements entre les USA et l’UE. En gros, on veut demander aux États de se plier aux normes créées par et pour les multinationales, de l’ultra-libéralisme total.

Cela nous concerne-t-il tous ?

Ce Traité ne concerne pas uniquement les politiciens et les chefs d'entreprise. Aujourd’hui, l’économie réunit tous les domaines de la société et cetaccord mettrait dans la balance notre sécurité alimentaire, notre politique concernant l’écologie, l’énergie, la santé, la culture, l’emploi et la sécurité sociale, le secteur public en général, la liberté du web etc. Pour faire bref, il pourrait transformer le modèle « social » français en celui des États-Unis, vous savez, ce pays modèle dans lequel plus de 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté…

stop-tafta.jpg

Faut-il dire NON au TAFTA ?

TAFTA veut harmoniser les normes existant aux États-Unis et en Europe. A priori, dans un monde honnête et juste, rien d'alarmant... Par exemple, pour notre sécurité alimentaire, l’UE interdit certains produits car les OGM qu’ils contiennent ne respectent pas certaines normes. TAFTA pourrait permettre d'harmoniser cette décision partout dans le respect des consommateurs citoyens. Mais non, c'est l'inverse qui risque de se produire.

On le saurait si les accords commerciaux se préoccupaient de notre santé. C’est bien le commerce qui doit être favorisé par le Traité.

Accepter ce Traité, c’est ouvrir les portes à un cheval de Troie dépossédant les « élus » de leurs capacités à poser des garde-fous aux désirs cupides des multinationales. Et donc de voir les OGM débarquer dans nos assiettes en toute légalité et sans aucun recours citoyen possible !

Les « élus » pourront-ils freiner le TAFTA ?

Cet accord garantit des conditions de commerce optimales dans toute la zone du monde dit « occidental ». Qui dit conditions de commerce optimales dit que tout État qui tentera de s’élever contre une décision d’une multinationale devra répondre de ses actes devant un Tribunal international indépendant.Qui dit indépendant des États dit non démocratique. Ces tribunaux, au nom du sacro-saint commerce, donneront donc naturellement raison aux multinationales et à leurs velléités face au désir des États de protéger leurs citoyens. Nos élus ne pourront pas freiner le TAFTA une fois celui-ci mis en place.

Les entreprises porteront plainte dès qu’elles jugeront qu’un État, par ses lois et règles, porte atteinte à ses profits réels ou espérés.

tribunal tafta

S’il y a de quoi s’indignerce genre de pratiques existe déjà : le cigarettier Phillip Morris a attaqué l’Uruguay et l’Australie à cause de leur législation anti tabac, une société américaine a attaqué le Canada parce que le pays refuse l’extraction du gaz de Schiste, plusieurs pays européens ont attaqué l’Égypte parce que le pays à augmenté le salaire minimum… (vive la mondialisation économique !)

Demain avec le TAFTA, l’Europe dira bonjour aux médicaments testés on ne sait comment aux États-Unis, aux OGM, à l’exploitation du gaz de Schiste, au poulet chloré, au bœuf aux hormones, au porc à la ractopamine etc. En revanche, elle pourra dire adieu au salaire minimum, à la neutralité du net, à la sécurité sociale, à l’exception culturelle etc.

Le TAFTA retirerait le peu de souveraineté politique qui restait au peuple. Cette souveraineté ira toute entière aux plus gros groupes économiques du monde. Le rêve !

Pourquoi vouloir du TAFTA ? L’arnaque du CEPR

Après avoir lu tout cela, vous devez vous demander pourquoi nos chers élus veulent de ce Traité puisqu’il a l’air si mauvais ? Voilà pourquoi.

Selon un rapport du CERP, le Traité provoquera un essor économique en Europe et permettra à tous les ménages de gagner la bagatelle de 500€/an en plus à partir de 2029 ! Mais comme je sais que vous êtes intelligents vous devez vous dire : Oui, mais d’ici 15 ans avec l’augmentation du coût de la vie, ces 500€ ne vaudront plus grand chose ! Et puis attendre 15 ans, pour ça, la belle affaire ! Et vous avez raison.

L’arnaque va beaucoup plus loin, car savez-vous qui a dirigé l’étude du CERP (Center of Economic Research Policy) ? C’est Guillermo de la Dehesa, un conseiller de la magnifique banque Goldman Sachs, entouré entre autres d’un conseiller d’un laboratoire pharmaceutique et d’un ancien dirigeant de Coca-Cola. D’autres puissantes multinationales poussent en faveur de la validation du TAFTA : Walt Disney, Michelin, Nestlé, Unilever, la Warner, Microsoft etc.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, on retrouve aussi dans les ardents défenseurs du TAFTA Michael Taylor, ex vice-président de la multinationale à boycotter, Monsanto. Il s’exprime désormais au nom de la FDA, Food and Drug Association.

Ce monde tourne à l’envers non et j’ai mal à la tête, pas vous ?

Voyez au grand jour le visage de ce que l’on appelle la « démocratie occidentale » : un traité opaque dont les médias ne parlent pas sciemment et dont les citoyens n’ont pas connaissance, soutenu par les plus grosses entreprises du monde, pourrait venir supplanter les souverainetés étatiques afin de porter l’ultra-libéralisme à son paroxysme. Injustice total(itair)e !

Conclusion

Le TAFTA sera LE moyen LEGAL pour les lobbies et autres groupes d’influence de faire valider en Europe toutes les « saletés » qu’ils ont cherché à faire passer sans succès depuis une quinzaine d’années. Il est encore temps d’empêcher ce désastre et cette future tyrannie des multinationales sur les États et les peuples.

Soyez-en sûrs, une fois mis en action d'ici fin 2015 ce Traité sera indestructible. Alors il faut agir, et maintenant ! Faites tourner le message !

 

NB : Voici les différents noms utilisés pour faire référence au Traité transatlantique (pour mieux tromper l'ennemi - le peuple -, la meilleure technique est de lui faire ignorer jusqu'au nom de ce qu'il veut combattre !

TAFTA - Transatlantic Free Trade Area 
TTIP - Transatlantic Trade and Investment Partnership
GMT - Grand Marché Transatlantique
APT - Accord de Partenariat Transatlantique
PTCI - Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement.

 

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 02:46
En Allemagne, un projet de bataillon pour combattre Kiev

Par La Voix de la Russie | La colère monte en Allemagne autour de la situation en Ukraine. Les pacifistes allemands de tous les bords politiques se retrouvent dans des villes tous les lundis pour manifester.

La population, des personnalités des médias et des activistes politiques, suivent le modèle des manifestations « wir sind das Volk » (nous sommes le peuple), qui ont fait tomber la RDA, pour prendre le micro et dénoncer l'OTAN et le gouvernement de Berlin qui soutiennent le gouvernement anti-russe. Contrairement à la France les Allemands, par la situation géographique de leur pays et leur histoire, se sentent davantage concernés par le conflit ukrainien. « Les manifestations du lundi », Montagsdemos, ont réussi à réveiller une population qui était encore tenue en laisse par les médias officiels. Avec ces « manifestations du lundi », l'idée de fonder un bataillon international vient aussi d'être lancée autour de vétérans russes et de la ex-RDA pour aller en Ukraine et défendre la population ukrainienne et russe contre ce qu'ils nomment les fascistes de Kiev. La révélation du projet de ce bataillon attire des Allemands, mais aussi des personnes d'autres nationalités, qui militent pour la Russie.

Les manifestations du lundi. Elles sont nées avec les événements en Ukraine, par des rassemblements, dans les villes, de la population qui ne veulent pas de guerre et qui dénonce l'intervention de Berlin avec l'OTAN en Ukraine (Le parti UDAR du boxeur est financé par Berlin. Les soldats ukrainiens reçoivent des uniformes allemands). Les pacifistes allemands, qui rassemblent des personnes de toutes les tendances, mais qui sont boudés par les chefs des Verts et des Linke, se rassemblent de manière inédite dans ces manifestations. Plusieurs éclats ont eu lieu avec les médias officiels, ZDF, ARD, qui ont du mal à cacher la vérité des faits sur l'Ukraine. Contrairement à la France, les Allemands sont beaucoup plus sensibles aux bruits de bottes et aux signaux annonçant une guerre. Eux savent que la situation politique n'est jamais réellement acquise. La fin de la RDA et la réunification ont marqué le peuple et montré que des États peuvent disparaître.

Bataillon allemand. «Les manifestations du lundi » et l'interdiction du parti communiste avec les actes de violences en Ukraine, la non reconnaissance du référendum en Crimée, ont poussé les anti-fascistes allemands, des Russes allemands (trois millions en Allemagne, dont 500 000 Russes venus en Allemagne à la chute de l'URSS) à former le bataillon Thälmann pour l'Ukraine. C'est un journaliste du journal Kultura de Moscou qui le rapporte, dans un article ce 21 mai, après avoir rencontré ces 400 militants qui se sont constitués autour de vétérans russes et allemands dans un défilé en soutien à la Crimée, à Berlin. « C'est en l'honneur du bataillon Thälmann qui fut constitué pour la guerre d'Espagne que nous avons eu l'idée de le fonder pour l'Ukraine. En Allemagne la colère monte chez les anciens citoyens de l'Union Soviétique. Ils condamnent le soutien au gouvernement de transition, la non reconnaissance de la Crimée et veulent des élections pro-russes pour l'autonomie », dit Alexander Kifel vétéran des troupes spéciales de l'ex-RDA. Ernst Thälmann était le chef du parti communiste allemand qui, fidèle au stalinisme, mena la résistance contre le nazisme en Allemagne. Condamnant la mascarade d'élections pseudo-démocratiques en Ukraine organisées par le gouvernement de transition, le nouveau bataillon Thälmann lance aussi un appel international pour intervenir en Ukraine et porter main forte aux populations des nouveaux territoires, la Nouvelle Russie (Novorossia), qui s'est constituée par référendum. Hier, Wilfried, un contact allemand, qui ne cesse de soutenir la Russie et dénoncer la politique de son pays, a exprimé sa joie à la prise de connaissance de ce bataillon : « C'est réellement super. J'attends leur réponse et si ça marche, j'y vais. Il faut bien mourir un jour », dit Wilfried quand on lui rappelle qu'il peut y laisser sa vie. N

 
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_05_27/En-Allemagne-un-projet-de-bataillon-pour-combattre-Kiev-0789/

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